Le Corporate citizenship Senior Vice-President de Schneider Electric anime la commission Numérique et Environnement de l’association Entreprises pour l’Environnement. Il revient sur le contexte de la création de cette commission et ses objectifs.
Alliancy. Dans quel contexte la commission Numérique et Environnement que vous animez au sein de l’association Entreprises pour l’Environnement est-elle née ?
Gilles Vermot Desroches. La commission Numérique et Environnement est née dans le contexte de la crise sanitaire liée au Covid. Lors de cette crise, le digital a joué un rôle essentiel, afin que chacun ne soit pas perdu dans sa vie professionnelle et personnelle. Systèmes de production et d’organisation, télétravail…
Imaginez comment cette crise se serait passée il y a 10 ou 20 ans ! L’immense changement qui s’est opéré, ce sont la place et le rôle du digital. Ce qu’il y a de nouveau, c’est la simplification qu’il apporte et sa centralité dans les relations humaines et les processus de production, de transport, de communication, de loisirs…
Le deuxième point que nous avons tous en tête est que nous allons devoir changer nos modes de consommation, pour aller vers plus de local et de circulaire. Et qui dit « plus de circulaire », dit aussi « plus d’économie de la fonctionnalité ». Or, rien n’existe dans l’économie de la fonctionnalité, ni dans le local, sans digital. Quand des consommateurs se mettent en réseau pour acheter les produits d’une AMAP, le digital joue un rôle clé, dans une logique de sobriété, de santé et de raccourcissement des chaînes d’approvisionnement alimentaire. Autre exemple : les vélos partagés, dans une ville, ne fonctionnent que grâce à des systèmes digitaux sophistiqués.
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Le digital joue donc dans notre société un rôle clé. Mais il est souvent contesté parce que ses émissions de gaz à effet de serre sont croissantes et parce son empreinte carbone pourrait passer de 2 à 7 % de l’empreinte carbone nationale d’ici 2040. Dans le même temps, plus de 65 % de l’économie est aujourd’hui digitalisée et, en 2030, 10 % du PIB mondial viendra des solutions de la tech.
[bctt tweet= »« Quand on parle de digital, on parle à la fois de tous les loisirs qui sont en train d’exploser, notamment chez les jeunes, mais aussi de l’IoT qui ne représente que très peu en proportion… » » username= »Alliancy_lemag »]Quels sont les objectifs de cette commission ?
Gilles Vermot Desroches. Dans le contexte que je viens de décrire, le premier objectif de la commission Numérique et Environnement est tout d’abord de faire en sorte que toutes les entreprises participantes puissent partager leurs bonnes pratiques, mais aussi qu’elles échangent, se sensibilisent et se forment aux référentiels et aux labels techniques afin d’identifier les plus pertinents. Le deuxième objectif de cette commission est d’évaluer l’opportunité du digital dans l’entreprise – c’est le côté « IT for green » –, depuis la R&D jusqu’au marketing, en passant par l’innovation.
Le troisième objectif est de trouver des modes de réconciliation de tous les chiffres pour éclairer le débat. Aujourd’hui, on sait dire ce que représente en émissions de CO2 une web conférence impliquant 15 personnes basées dans 15 pays différents pendant trois heures. Il y a dix ans, ces mêmes personnes se seraient rencontrées quelque part dans le monde, ce qui aurait eu des conséquences sociales (déplacements, vie familiale, bien-être au travail…) et généré des émissions de CO2. On peut donc reprocher au digital un certain nombre d’émissions de CO2 mais il faut les objectiver par rapport à son « goodwill ».
A l’intérieur de ce troisième objectif, qui est d’éclairer le débat, il y a un sujet qui n’est pas simple mais qu’il faut quand même traiter. Il consiste à qualifier d’où viennent les émissions du digital. Il existe par exemple des datacenters, de plus en plus importants, qui stockent des données qui ne seront plus jamais utilisées… Il existe aussi des pratiques de loisir, notamment la vidéo en streaming, qui font appel à des solutions qui ne sont pas toujours optimisées… Quand on parle de digital, on parle à la fois de tous ces loisirs qui sont en train d’exploser, notamment chez les jeunes, mais aussi de l’IoT qui ne représente que très peu en proportion…
Quels sont les profils qui participent à votre commission ?
Gilles Vermot Desroches. On retrouve presque systématiquement trois profils. Le ou la responsable de la partie RSE / ESG, la personne en charge de tous les enjeux IT de l’entreprise, et celle ou celui qui s’occupe de la cybersécurité, cela rend le groupe très dynamique.
Au sein des groupes de travail EPE, nous nous donnons du temps, notamment pour interroger chaque entreprise participante afin qu’elle puisse dire quelle est l’importance du digital en son sein et comment elle travaille à ce que toute cette dimension IT – qui regroupe les données, les datacenters, les logiciels utilisés dans la relation client / fournisseur mais aussi l’ensemble des ordinateurs et des téléphones – soit la plus sobre possible. Le deuxième sujet est que, pour un certain nombre d’entreprises, l’IT constitue leur métier. Ces organisations apportent une vision différente de celle des autres. Quand Microsoft et la SNCF interviennent, elles ne mettent bien évidemment pas les mêmes éléments en avant.
Le troisième point, c’est la question de l’IT for Green dont je parlais précédemment. Les entreprises de cette commission travaillent à mettre en valeur le « goodwill » de l’IT. Ce qu’on ne sait pas dire avec l’IT, c’est tout ce qu’il empêche comme émissions. On a su dire depuis deux ans tout ce que cela permettait comme force de continuité affective, amicale, organisationnelle et aussi de travail. Aujourd’hui, par exemple, grâce à l’outil digital, on peut massifier le nombre de personnes qui suivent un cours à distance, en le rendant disponible à des personnes sur tous les continents. Enfin, le dernier point, c’est la cybersécurité. Cela peut paraître surprenant mais dans un monde où le numérique prend de plus en plus d’importance, la cybersécurité est un thème stratégique.
Comme vous le constatez, la commission adopte une approche « multiple » autour des sujets liés au numérique et à l’environnement : discuter de la limite de l’impact de l’IT, saisir les opportunités – dans notre fonctionnement mais aussi dans nos offres – que nous propose l’IT, éclairer le débat grâce aux chiffres et progresser tous ensemble
L’association Entreprises pour l’Environnement regroupe une soixantaine de grandes entreprises françaises et internationales issues de tous les secteurs de l’économie. Un des rôles de l’association est de contribuer efficacement à améliorer la connaissance par ses membres des enjeux, paradigmes et solutions liés à l’environnement. Entreprises pour l’Environnement s’est fixé deux axes de travail complémentaires :
- Analyser et anticiper les enjeux liés à l’environnement, avec un positionnement de cercle de réflexion (think tank)
- Contribuer à une meilleure mobilisation des entreprises par l’échange des connaissances et des meilleures pratiques en matière environnementale