Google se fend de 32 milliards de dollars pour s’offrir Wiz 

 

Google prévoit d’acquérir la start-up Wiz, spécialisée en cybersécurité, pour 32 milliards de dollars. Ce rachat, qui double une offre précédente rejetée d’environ 23 milliards, marque une avancée significative dans le secteur du cloud et renforce ses capacités en matière de sécurité informatique. Le tout, dans un contexte judiciaire tendu pour l’entreprise américaine. 

 

Google met le turbo en termes de cybersécurité et va racheter la start-up Wiz, israélo-américaine, spécialisée dans le domaine, pour 32 milliards de dollars. La prise de contrôle s’établira en numéraire selon un communiqué publié ce mardi 18 mars et devrait être finalisé en 2026. Ce rachat intervient un an après une première tentative d’approche de la part de Google, qui avait vu son offre, estimée à 23 milliards de dollars, refusée par le conseil d’administration. Assaf Rappaport, directeur général et co-fondateur de Wiz avait indiqué dans un message interne aux employés que le groupe préférait se préparer à une introduction en bourse. Après cet échec, Google a retenté sa chance en remontant sensiblement son offre et en mettant sur la table le double de la valorisation qu’affichait Wiz, lors d’une récente vente d’actions, fin 2024. Ce rachat permet une réelle accélération de l’entreprise américaine dans le cloud et de se renforcer dans la sécurité informatique. Il s’agit de la plus grosse acquisition du groupe, dépassant ainsi celle de 2012 avec la reprise de Motorla Mobility pour 5,4 miliards de dollars. Concernant la cybersécurité, en 2022 Google avait racheté Mandiant, un autre acteur américain de ce domaine.  

 

La montée progressive en puissance de Google dans le cloud 

 

Selon Sundar Pichai, le patron de Google « L’intelligence artificielle présente de nouveaux risques, mais aussi de nouvelles opportunités. Ainsi, l’intégration de Wiz permet au géant technologique d’' »accélérer la capacité des entreprises à renforcer leur sécurité, tout en abaissant leurs coûts, et favoriser l’adoption de l’informatique à distance”, a-t-il ajouté lors d’une conférence téléphonique. En effet, l’utilisation croissante du cloud augmente les risques d’attaques informatiques, les entreprises recourant à des infrastructures situées sur des sites différents. De plus, la montée en puissance de l’IA nécessite des capacités de traitement et de stockage assurées par les centres de données (data centers), rendant le cloud encore plus incontournable. Il y a encore dix ans, Google était encore un petit acteur du cloud mais l’entreprise américaine est progressivement montée en puissance, au point d’atteindre 43 milliards de dollars de chiffre d’affaires dans cette activité l’an dernier (+30% sur un an). Concernant Wiz, la start-up s’est démarquée en concevant un modèle de sécurité informatique axé sur l’utilisation du cloud. Elle équipe aujourd’hui la moitié des 500 plus grandes entreprises américaines. « Notre mission est d’aider toutes les sociétés à sécuriser tout ce qu’ils réalisent et font tourner dans le cloud, quel que soit ce cloud », a déclaré Assaf Rappaport. « La migration vers le cloud a transformé la façon dont les logiciels sont conçus », a-t-il ajouté. « Wiz est une entreprise unique en son genre, positionnée à l’intersection puissante de trois tendances de transformation majeures : l’IA, le cloud et la cybersécurité », a souligné Shardul Shah, qui représente la société de capital-risque Index Ventures au conseil d’administration de Wiz, dont elle est le premier actionnaire.  

 

Un environnement réglementaire incertain 

 

Pour rappel, Google fait actuellement l’objet de plusieurs procédures judiciaires aux Etats-Unis et a notamment été reconnu coupable, en août, de pratiques anticoncurrentielles dans la gestion de son moteur de recherche. « Le feu vert (des régulateurs) à ce rachat est tout sauf acquis », a insisté Evelyn Mitchell-Wolf, tout en relevant tout de même que le gouvernement Trump entend abaisser la pression réglementaire sur les entreprises américaines. De plus, Wiz a été lancé par quatre Israéliens, dont Assaf Rappaport, ancien du service de renseignement informatique de l’armée israélienne. Auparavant, les co-fondateurs avaient déjà créé une première société, Adallom, dédiée à la sécurisation informatique des logiciels à distance (SaaS), des programmes utilisés par les entreprises via le cloud. En 2015, ils avaient revendu Adallom pour 320 millions de dollars à Microsoft. Ce dernier poussait, tout comme Google, les feux dans le cloud et entendait muscler son dispositif de cybersécurité. L’action Alphabet, maison-mère de Google, a perdu 2,60% mardi à Wall Street, dans un contexte boursier défavorable aux valeurs technologiques.