Selon le baromètre MetraData, porté par l’Essec Business School et ses partenaires, seulement la moitié des dirigeants prennent conscience de l’aspect stratégique de la gestion des données, malgré l’ampleur de la vague IA.
“C’est trop peu”, réagit Laurent Chata, partner data & IA (intelligence artificielle) stratégie chez Devoteam. En effet, selon le Baromètre MetraData de l’Essec Business School, en partenariat avec Devoteam, Thales, Covéa, Nicomatic et Decathlon, sur 122 organisations et entreprises françaises, seulement 47 % des dirigeants perçoivent la gouvernance des données comme un outil stratégique. “C’est en progression, mais c’est un sujet qui n’est pas encore au cœur des discussions des conseils d’administration”, indique Laurent Chata, qui observe que ces derniers se concentrent encore sur les cas d’usage de l’IA avant de réfléchir à la gouvernance des données. En effet, plus de 48 % des répondants identifient une prise de conscience accrue de ces sujets grâce à l’IA, et particulièrement à l’IA générative.
Selon lui, c’est une question culturelle. “Toutes les entreprises n’ont pas encore fait la bascule de la transformation, mais cela va s’accélérer”, projette-t-il. Dans certaines entreprises plus matures, cela devient un sujet business. “On observe un renversement”, selon Laurent Chata. Les équipes tech poussaient auparavant des cas d’usage, alors qu’aujourd’hui, ce sont les équipes business qui les trouvent. “Les directions tech et data vont ensuite mettre en œuvre ces cas d’usage et alerter sur l’importance de la maîtrise des données.” Selon le baromètre MetraData, près de deux tiers des répondants rapportent une amélioration des processus métiers grâce à l’exploitation des données, avec une optimisation des tâches dans la moitié des cas.
Ce renversement, qui force à une réflexion sur la gouvernance des données, est en marche, particulièrement chez les grandes entreprises. Selon le baromètre MetraData, près de 80 % des interrogés souhaitent maximiser la valeur de leurs données. “Cela montre que la maturité globale des entreprises sur ce sujet augmente”, se réjouit Guillaume Haller, chief data officer pour le fabricant de connecteurs électroniques Nicomatic. “Cela signifie que les entreprises entrent dans une phase de réelle exploitation et d’industrialisation des données.”
Les grandes entreprises, figures de proue
Cette prise de conscience de la nécessité d’une meilleure gouvernance des données pour accueillir des modèles d’IA n’est pas la même entre les petites et grandes entreprises. Ces dernières, souvent dotées de laboratoires internes, ont un historique plus important sur ces sujets. “Les grandes structures s’étaient déjà forgé une conviction sur ce sujet”, explique Laurent Chata. Il met également en évidence le lien entre ces entreprises et les Gafam, ces géants de la tech américaine qui investissent massivement dans les sujets d’IA, de data et de cloud, aidant ainsi les multinationales à s’emparer de ces thématiques.
“D’autres se demandent encore s’il faut attendre que le marché se stabilise”, observe-t-il, ciblant les plus petites structures, qui craignent de prendre du retard. Selon lui, il n’y a plus de doute : “Il faut y aller !” Mais pas n’importe comment. “Il faut répondre aux exigences réglementaires et à l’éthique de l’entreprise pour comprendre l’usage qui sera fait des données”, rapporte Laurent Chata. En effet, la réglementation peut également permettre aux décideurs de s’approprier ces thèmes. Selon le baromètre, la mise en place du RGPD a été un déclencheur majeur pour plus de la moitié des entreprises interrogées dans cette réflexion autour de la gouvernance des données.