L’IA Générative n’a pas ringardisé le Data Mesh et ses piliers, fondamentaux d’une stratégie de valorisation des données. L’ambition reste inchangée : tirer profit du patrimoine de données en le rendant accessible à des métiers plus autonomes et même owners.
Le Grand dîner, organisé dans le prolongement de l’atelier et du carnet d’expérience Data Mesh, est une confirmation supplémentaire de cet objectif commun – mais aussi des obstacles qui se dressent pour l’ancrer dans la réalité des organisations.
Pas de Big Bang, mais des petits pas assurés
La transformation Data ne connaîtra pas de grand soir, mais une construction au long cours et itérative par essence. C’est ce dont ont pu témoigner les participants du débat. Chez Suez par exemple, la philosophie Data Mesh s’inscrit dans le prolongement de l’installation de fondations, tant au niveau de l’organisation, de la gouvernance que de la culture.
La Chief Data Officer Claire Mathieu s’appuie sur ces bases, encore en phase de montée en maturité, mais néanmoins indispensables, pour déployer sa stratégie Data Mesh. Celle-ci s’engage au travers de cas d’usage, en commençant par un métier du tri des déchets.
Pour ces utilisateurs business, cela se traduit par l’accès à de nouvelles données et le développement de produits de données dont ils sont les artisans.
Le Data Mesh est synonyme de décentralisation. Cela s’applique notamment aux compétences expertes. La CDO a su convaincre un premier métier de recruter des profils dédiés, intégrés donc directement à ses équipes et ainsi au plus près de ses besoins.
“Il faut réunir d’autres fondamentaux. Les programmes d’acculturation sont aussi un préalable. Sans personnes sensibilisées et conscientes des enjeux de la Data dans les métiers, leur faire recruter des experts des données ne fonctionnera pas”, insiste Claire Mathieu.
Cloud ou on-prem : la Data Platform est un produit
Au sein du groupe bancaire BPCE, la plateforme constitue également un pilier de la stratégie Data mise en place. Et dans ce domaine aussi, les évolutions fonctionnelles et organisationnelles qui accompagnent la construction de la plateforme se mènent en mode itératif, comme l’explique Florian Caringi, Manager Big Data & Data Architecture.
Pour ses activités retail et corporate finance, BPCE a fait des choix distincts. Sur le retail, l’entreprise développe une plateforme Data en mode cloud public. Pour CIB, elle développe depuis 2016 une infrastructure Big Data on-premise.
Mais en on-prem comme en cloud public, la philosophie demeure finalement la même. L’objectif est en effet de concevoir une plateforme agile et évolutive permettant de traiter l’ensemble du cycle de vie de la donnée.
Nicolas Sekkaki, General Manager Data & AI de Kyndryl, rappellera d’ailleurs que les capacités de la plateforme priment sur sa nature elle-même, on-premise ou cloud. Elle est un composant essentiel dont les contours ne sont pas figés. Ce constat vaut également pour l’organisation avec des modèles très variables d’une entreprise à l’autre.
Une gouvernance IT complétée par son pendant métier
Chez BPCE, le patrimoine de données est réparti entre domaines IT métiers et les fonctions de la plateforme sont définies sur la base d’une concertation autour des besoins. Le but est d’unifier stockage et consommation, adéquation aux attentes, et de prévenir shadow data et silos.
Comme le précise Florian Caringi, à la gouvernance IT initiale, BPCE s’efforce désormais d’ajouter un volet de gouvernance des données métiers. Cette volonté d’impliquer le business dans les projets et la gouvernance est largement partagée par les panélistes du dîner se revendiquant du Data Mesh.
Mais l’ambition d’un plus grand ownership par le métier concerne un cercle plus large de praticiens de la Data, notamment parmi des acteurs plutôt matures comme les banques. Un invité précise ainsi la cible de son organisation : passer d’une approche défensive, c’est-à-dire pilotée principalement par la conformité, à une approche plus offensive dans laquelle les métiers s’emparent des usages.
Le Chief Data Officer est sans conteste le principal évangéliste des usages et du potentiel des données, comme de l’intelligence artificielle. Et même si la maturité progresse, le CDO est amené à conserver son bâton de pèlerin pour encore quelques années.