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GreenTech Forum 2024 : le numérique responsable monte en puissance

La quatrième édition de l’événement organisé au Palais des Congrès de Paris par Numeum témoigne, s’il en était besoin, de l’importance croissante prise par les enjeux de durabilité au sein de l’industrie numérique.

Les chiffres clés du GreenTech Forum montrent que la thématique du numérique responsable est de plus en plus présente dans les esprits et que les entreprises et administrations françaises s’en saisissent sérieusement. Avec plus de 90 exposants proposant des solutions et outils permettant de réduire l’empreinte environnementale du numérique, 180 intervenants, 70 conférences et ateliers, une radio, 2 400 visiteurs (+17% par rapport à 2023) sur un étage entier du Palais des congrès de Paris, la quatrième édition de l’événement a été un franc succès. Lors de son inauguration, Gilles Mezari, Administrateur et Président de la commission environnement de Numeum, a prononcé un mot d’accueil, suivi de la keynote de Laure de La Raudière, Présidente de l’Arcep. « Cet événement est important pour valoriser les pratiques, expériences, innovateurs qui mettent le numérique au cœur des solutions pour l’environnement, et pour répondre au plus grand défi auquel nous sommes collectivement confrontés : le réchauffement climatique (…). Si rien n’est fait, l’empreinte carbone du numérique en France pourrait tripler entre 2020 et 2050. Rappelons que 10 % de la consommation électrique sont déjà liés aux services numériques », a-t-elle déclaré.

Sylvain Waserman, Président de l’Ademe, lui a emboité le pas en insistant sur le caractère extrêmement différenciant d’une stratégie Green IT digne de ce nom pour les entreprises : « En avril dernier, j’ai appelé à des travaux avec des acteurs français et européens de l’IA. L’enjeu était de dire : ‘Si vous inventez des IA génératives responsables, qui sont conscientes de leur impact en ressources, et qui sont conscientes que dès leur conception, elles doivent intégrer ces sujets, et si vous arrivez à différencier votre IA par rapport à celles des GAFAM qui risquent de toutes les façons de tout écraser, sans ouvrir le capot afin que l’on puisse vérifier la crédibilité de leurs affirmations en termes de consommation de ressources, alors nous ferons du Green IT un différentiateur de notre industrie numérique’ », a-t-il lancé.

Trois grandes convictions pour Numeum

Véronique Torner, Présidente de Numeum, a quant à elle rappelé les trois grandes convictions qui l’animent et qu’elle porte au sein de l’association professionnelle. La première est de dire que le numérique est hautement stratégique pour la France et l’Europe. « Sans numérique, pas de souveraineté, ni de compétitivité et encore moins de réindustrialisation, de simplification de l’État et de transition environnementale », a-t-elle précisé. La deuxième est que le numérique doit être résolument responsable. « Il doit s’inscrire dans une trajectoire d’impact positif sur le plan économique, mais aussi social, sociétal et environnemental. Nous devons développer une vision holistique du progrès, et cela nous impose de nous préoccuper de l’environnement qui nous entoure, de participer aux grands débats de notre époque, d’apprécier avec lucidité nos impacts, tant positifs que négatifs, pour in fine donner du sens à nos actions », a-t-elle noté. La troisième grande conviction, c’est le jeu collectif. « C’est par lui que nous pouvons relever les défis qui nous font face. Cela consiste notamment à rassembler la communauté des sachants en valorisant sa diversité et sa complémentarité. Jouer collectif, c’est aussi éclairer ceux qui ne sont pas experts, mais utilisateurs. Enfin, c’est aussi jouer partout en France et en Europe. Ces trois convictions nourrissent le projet Numeum et c’est dans cet esprit que nous avons lancé Planet Tech Care il y a 4 ans pour ensemble relever le défi d’un numérique innovant au service de l’environnement », a-t-elle conclu.

L’IA au cœur de toutes les discussions, ou presque

Lors des tables rondes organisées pendant le salon, l’IA et ses impacts environnementaux ont été, sans grande surprise, au centre de très nombreuses discussions. « Concernant l’usage de l’IA, nous avons avec nos clients une approche au cas par cas qui consiste à se dire : ‘Cela vaut-il la peine d’en mettre ici ? Et là ?’ Nous leur proposons aussi, quand ils ont envie d’explorer ce que l’IA pourrait leur apporter en termes de fonctionnalités, d’étudier chacune d’entre elles, une par une, afin de voir, vu l’usage actuel, ce que cela changerait. Parmi les critères à prendre en compte, il y a la motivation environnementale, mais aussi les coûts liés au cloud », analyse Clémence Knaebel, Directrice conseil innovation et développement durable de Publicis Sapient. Florent Martin, Chef du bureau « Innovation data/IA » au Commissariat Général au Développement Durable (CGDD), a de son côté rappelé la publication, en juin 2024, du premier référentiel général pour l’IA frugale. Dans le cadre de la Stratégie nationale pour l’IA, une centaine de contributeurs issus des entreprises, de la recherche, des associations et des administrations ont été mobilisés dès le mois de janvier 2024 au sein d’un groupe de travail piloté par l’Ecolab du CGDD, en partenariat avec l’Afnor. Six mois plus tard, ils ont produit cette « AFNOR Spec » qui débouchera certainement, par la suite, sur une norme en tant que telle.

Quant à Thomas Jacobsen, porte-parole du fournisseur de solutions cloud Infomaniak, basé à Genève, en Suisse, il a énuméré les nombreuses initiatives que son entreprise prend pour limiter l’impact environnemental de ses datacenters. Il a notamment rappelé que ses centres de données utilisent exclusivement de l’énergie renouvelable et qu’ils sont refroidis avec de l’air extérieur naturel (donc sans climatisation). Depuis la fin de l’été 2024, un nouveau datacenter – appelé D4 – a été implanté à Genève. 100 % de la consommation électrique de l’infrastructure est valorisée une deuxième fois en énergie calorifique pour chauffer jusqu’à 6 000 ménages à l’année. En plus de son double usage (stockage de données / calculs et production de chaleur), ce centre de données ne produit aucune nuisance et n’a aucun impact sur le paysage puisqu’il est enterré sous le parc d’un écoquartier.

De nombreuses études et présentations

Le GreenTech Forum a également été l’occasion de nombreuses présentations. Le « Baromètre ETI Future Ready – Edition 2024 », réalisée par EY en partenariat avec Numeum et Verlingue, avec le soutien du METI – Mouvement des Entreprises de Taille Intermédiaire, a permis de mettre en avant la volonté des dirigeants d’ETI d’intégrer la durabilité dans une réflexion sur la performance à long terme. Convaincus du bien-fondé de cette transition, les chefs d’entreprise cherchent cependant le moyen de traduire concrètement ces principes dans leur modèle d’affaires. Quant au baromètre de l’écoconception digitale, publié par Razorfish France (Publicis France) et Green IT, il mesure et note les sites web les plus représentatifs de l’économie française (CAC40 et TOP40 e-commerce) en fonction de leur performance environnementale. La troisième édition de cette étude a intégré cette année une nouveauté : l’impact environnemental des IA génératives les plus utilisées (ChatGPT, Dall-E, Mistral ou Midjourney). Il a été suivi d’une table ronde sur la perception et l’impact environnemental du numérique dans notre société, avec Charlotte Dollot, Directrice générale de Razorfish France, Frédéric Bordage (Collectif GreenIT), Lise Breteau, avocate en droits des technologies et Adélaïde Vinay, sociologue et anthropologue.

Enfin, lors de l’atelier intitulé « Comment réduire concrètement l’empreinte carbone des datacenters », Jiliti a présenté des stratégies pratiques pour rendre les infrastructures IT plus durables. Face à l’augmentation des coûts des nouveaux matériels, Jiliti encourage ainsi les entreprises à maintenir leurs équipements au-delà des garanties classiques de 3 à 5 ans. Avec un service de maintenance couvrant les infrastructures multiconstructeurs et multitechnologies, le spécialiste revendique des économies parfois supérieures à 60 %.

Le mot de la fin revient à Véronique Torner : « La prise de conscience des entreprises en matière de numérique responsable augmente. Par ailleurs, la réglementation dope ce marché qui, sur l’année 2024, est en croissance de 38%. Enfin, de plus en plus d’entreprises intègrent les critères du numérique responsable dans leurs appels d’offres. C’est donc un marché qui se structure, avec un écosystème composé de start-ups et de grandes sociétés », déclare-t-elle.

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