Guillaume Gellé, président de l’université de Reims Champagne-Ardenne, préside la commission formation et insertion professionnelle de la conférence des présidents d’université (CPU). Il représente également la CPU auprès du GENCI (Grand Équipement National de Calcul Intensif). Il partage sa vision de l’évolution des partenariats entre les universités et les acteurs du numérique français.
Alliancy. Estimez-vous qu’un changement de donne a eu lieu en matière de formation professionnelle ces derniers mois, grâce aux évolutions réglementaires ?
Guillaume Gellé. Pour le moment encore, rien n’a complètement changé, même si les déclarations d’intention sont bien là. Nous allons surtout voir ce que ces évolutions réglementaires donnent dans la durée. Dans l’univers de la formation professionnelle, il faut cependant noter que les universités tiennent une place spécifique : elles proposent des formations spécialisées et adossées très fortement à la Recherche, ce qui les distinguent de nombreuses autres organismes de formation. Les universités disposent aussi d’outils et d’équipements scientifique de pointe qui les différencient, comme les mesocentres de calcul pour tout ce qui relève de l’algorithmie avancée.
N’importe quel acteur du numérique peut travailler avec une université ?
Guillaume Gellé. Oui. D’ailleurs les PME viennent régulièrement taper à la porte pour recruter. Les universités disposent d’énormément de ressources à disposition et entrer en relation avec l’une d’entre elle permet en fait d’accéder à un écosystème de qui va de 10 000 à 90 000 personnes. C’est donc potentiellement tout un monde qui s’ouvre à ces entreprises et cela dépasse le simple fait de recruter de jeunes talents.
Quelle est votre opinion sur les CFA d’entreprises ?
Guillaume Gellé. Nous les voyons se développer et sont tout à fait complémentaires avec ce que nous proposons. La valeur ajoutée des universités porte essentiellement sur la qualité de leurs infrastructures pédagogiques ou scientifiques et sur les savoirs des enseignants-chercheurs toujours actualisés par la recherche. Cela est essentiel pour un grand nombre de formations qu’il est alors difficile de dispenser dans le périmètre des CFA d’entreprises. Sur beaucoup de sujets, si l’on regarde l’équation coûts/résultats, une entreprise aura d’ailleurs tout intérêt à se poser la question de monter un partenariat avec une université plutôt que d’investir seule dans un CFA. C’est d’autant plus vrai qu’aujourd’hui, la nature des partenariats change. |
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De plus en plus, l’université a vocation à accompagner les acteurs du numérique sur le long terme à travers des partenariats multiformes. Par le passé, le cloisonnement était important : il y avait des partenariats de recrutement d’un côté, des partenariats de recherche de l’autre, le mécénat à part… Aujourd’hui, nous tendons vers de vrais partenariats globaux entre deux institutions. En effet, la Loi Pénicaud fait en sorte que la taxe d’apprentissage soit fléchée sur des institutions et non des diplômes, cela ouvre donc les possibles et demande de réfléchir différemment. Dans cette configuration, une défaillance sur un partenariat pour un diplôme peut très bien avoir des conséquences sur un partenariat de recherche. Il faut donc développer une vision harmonisée, transversale, entre les deux organisations qui se mettent à travailler main dans la main. Dans les faits, une université partenaire peut être activée à de nombreux niveaux et peut proposer des prestations très spécialisées. Mais un partenariat de formation peut dorénavant rapidement conduire à un partenariat global structurant qui va offrir de nouvelles opportunités à une entreprise, quelle que soit sa taille.