Hervé Sortais, directeur général de Wipro France, ESN partenaire du Prix Alliancy 2016, revient sur la dynamique partenariale entre grands groupes et start-up qui n’a jamais été aussi importante qu’aujourd’hui.
Alliancy, le mag. Wipro France soutient l’édition 2016 du Prix Alliancy. Pourquoi cet intérêt pour les « alliances » ?
Hervé Sortais. La raison d’être du Prix Alliancy est plus que justifiée : c’est un moyen de récompenser l’intelligence collective, qui est la nouvelle façon de travailler, de produire et de s’organiser face aux évolutions majeures de notre économie. C’est en mettant en lumière des réalisations concrètes, comme la capacité à conquérir ensemble de nouveaux marchés, que l’on peut inspirer les entreprises à avoir des ambitions qui dépassent ce qu’elles auraient été capables de faire en solo. Les partenariats amènent avec eux le vecteur de transformation dont ont besoin de nombreuses entreprises aujourd’hui, entre besoins d’innovation et changement culturel. Elles favorisent aussi la remise en question et repoussent les limites de ce qu’il est possible de faire.
Avez-vous constaté chez vos clients des évolutions dans la façon d’appréhender ces sujets ?
Nous y avons été d’autant plus attentifs que cela nous a toujours passionnés. Les partenariats efficaces sont un credo pour nous, société indienne, multinationale et multiculturelle. En tant qu’ESN, nous opérons régulièrement dans des dynamiques d’open innovation, au-delà des améliorations produit, et vers des nouveaux usages parfois en rupture, avec comme constante la sensibilité de l’expérience utilisateur. Un des enjeux majeurs est dans l’exécution et la capacité à piloter ensemble les nouvelles compétences, les technologies, et le changement culturel induit. Et là, nous nous retrouvons souvent à devoir intégrer de façon harmonieuse les nombreux paradoxes qui accompagnent un partenariat : les dynamiques individuelles d’innovation face à l’équilibre du groupe ; l’urgence du changement, face à la patience nécessaire pour pérenniser les projets ; le poids et l’efficacité procédurale des structures qui ont fait leurs preuves chacune de leur côté, face à la nécessité de libérer la créativité en commun…
Les leviers d’amélioration sont-ils plutôt organisationnels ou technologiques ?
Une alliance est l’occasion rêvée d’avancer à grands pas sur des sujets complexes comme le focus client et l’expérience utilisateur. Pour y parvenir, il est nécessaire de sélectionner puis d’intégrer les bonnes composantes technologiques : analytique, big data, intelligence artificielle, IoT… De surcroît, il est impératif de rassembler les bonnes compétences au sein d’un écosystème élargi et diversifié, intégrant éditeurs de logiciels, institutions académiques, communautés open source ou encore start-up. Cependant, le facteur clé de succès réside principalement dans la maîtrise des enjeux organisationnels et dans l’agilité de la prise de décision. Pendant des décennies, nos organisations ont été hiérarchisées dans des logiques d’exclusion des alternatives : il fallait faire un choix, A ou B. Or, dans un monde complexe, nous devons être capables d’envisager A et B en parallèle, et de construire une troisième voie. C’est là que réside souvent le génie, le sens à donner à l’innovation et aux partenariats.
A quoi reconnaît-on qu’un partenariat est réussi ?
Les entreprises doivent partager des objectifs semblables, des valeurs communes et savoir s’entendre sur un fonctionnement opérationnel quotidien. Général Electric, par exemple, a su construire de nombreuses coopérations réussies avec des start-up dans les domaines de l’advanced manufacturing avec GrabCAD, dans les transports avec Kaggle, ou bien avec Quirky pour le smart home. Côté Wipro, nous avons souhaité démontrer notre engagement en créant un fond d’investissement dédié à l’accompagnement des start-up early stage porteuses d’innovation dans notre domaine d’activité. Quel que soit l’objectif de la coopération et sa forme contractuelle, la définition du mode opératoire est clé. Les entreprises doivent tout mettre sur la table pour avancer : leurs objectifs, leurs cibles clients, leurs modes de résolutions des problèmes. C’est très différent d’une relation client-fournisseur où les objectifs peuvent différer et la notion de « meilleur prix » entrer en compte. Une alliance réussie, c’est avant tout une création de valeur équitablement partagée.
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