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Hybridation métier/Data : un enjeu pour les écoles de la Data et de l’IA

La concurrence est féroce entre les entreprises pour attirer les talents de la Data et de l’IA. Mais pour réussir leur transformation, les organisations ont aussi besoin de profils métier avec une forte appétence sur la Data. Les écoles se positionnent pour former ces compétences.

“On ne peut pas être dans un monde où la data est omniprésente, sans former, sans expliquer, sans faire que le consommateur final, que le collaborateur en entreprise comprenne bien les enjeux. C’est un sujet majeur”, déclarait Yves Tyrode en début d’année.

Le directeur général Innovation, Data, Digital de BPCE soulignait ainsi la nécessité de démocratiser et d’acculturer. Data et intelligence artificielle ne peuvent se cantonner aux cercles des experts. Pour progresser, les entreprises ont également besoin de s’appuyer sur des professionnels métier dotés de compétences avancées sur ces domaines.

Un mixte business, maths et Data pour Albert School

Albert School, une toute nouvelle école, fonde sa raison d’être sur ce constat. En septembre, elle accueillera sa première promotion. Elle se composera d’une soixantaine d’étudiants qu’elle formera à des niveaux Bac+3 et Bac+5. Le campus de Paris doit par la suite accueillir 160 élèves par promotion.

En fonction de la demande des étudiants et des employeurs, Albert School prévoit d’ouvrir d’autres campus, indique à Alliancy son fondateur, Grégoire Genest. Le facteur différenciant de cette nouvelle école, c’est donc de former des futurs collaborateurs disposant d’une double compétence data et métier.

Les futurs diplômés sont des étudiants “avec une appétence pour la technique et les mathématiques, mais témoignant également d’un intérêt pour le monde des affaires”. Au programme d’Albert School, 30% de mathématiques, 30% de Data (via de la formation au code notamment), 30% de cours de business (marketing, finance, économie…) et enfin 10% consacrés aux spécificités des différents secteurs.

Pour développer cette immersion et cette compréhension des enjeux business des entreprises, les étudiants participeront au cours de l’année à des “deep dive”, huit au total. Ces cycles de trois semaines associent une entreprise partenaire, Carrefour pour le premier deep dive de la promotion 2022-2023.

Les sujets abordés, par groupes, lors de ces sessions seront multiples. “C’est cross sujets”, insiste Grégoire Genest. “Ils traiteront avec Carrefour de sa vision marketing, Data, logistique, financière, produit… Au terme du deep dive, les élèves ressortiront avec une vision 360° de l’organisation et de ses modes de création de valeur”, poursuit-il.

Des cycles longs et professionnalisants pour l’Epita

L’enjeu est aussi de créer de l’appétence pour l’entreprise partenaire et de permettre à celle-ci de recruter ses futurs collaborateurs. “La meilleure façon de développer des compétences recherchées par les employeurs, c’est de les mettre dans le contexte de l’entreprise. Pour cela, l’objectif est de reproduire un environnement professionnel dans l’école”, décrit le fondateur d’Albert School.

A noter que l’établissement entend également, dès l’année prochaine, proposer une offre de formation professionnelle, en complément de ses cursus de formation initiale. Cette ambition répond plus particulièrement aux besoins des PME et ETI dont les ressources permettent plus difficilement de créer leurs propres programmes de formation.

Pour les écoles d’ingénieurs, cette nouvelle offre de formation vient-elle rebattre les cartes et remettre en cause leur modèle pédagogique ? Ce n’est pas le sentiment de Philippe Dewost, directeur général de l’Epita, et aussi auteur d’un ouvrage intitulé “De mémoire vive, une histoire de l’aventure numérique.

“Depuis sa création, l’Epita s’est toujours attachée à former des professionnels immédiatement opérationnels en entreprise”, souligne-t-il. Dès la première année, à Bac+3 donc, les étudiants traitent de cas pratiques, en plus des cours théoriques. Par ailleurs, cette année se clôture sur un stage en entreprise.

“Notre tronc commun est nettement plus intense que la prépa”, déclare encore Philippe Dewost. Cette densité vise donc à préparer les ingénieurs à exercer dès leur entrée dans le monde professionnel, en leur apprenant notamment à collaborer et à comprendre “les enjeux business des organisations”.

L’Epita revendique ainsi former des experts techniques, mais dotés aussi d’une compréhension métier et des soft skills nécessaires. “Le management et le business sont indissociables de ce que nous apprenons à nos étudiants”. Et ces compétences peuvent encore être “poussées” lors de la spécialisation via les Majeures, comme celles consacrées à l’innovation ou à l’entreprenariat.

Le temps du cloisonnement business et digital est révolu

Les formations d’ingénieurs, dont le diplôme est reconnu au niveau européen, ne se heurtent pas nécessairement à celles proposées par des établissements tels qu’Albert School, ouvertes après le BAC. En matière d’intelligence artificielle, l’Epita se prépare néanmoins à accueillir les prochains diplômés du baccalauréat. En septembre, débutera la première promotion de l’IA Institut.

La nouvelle école formera pendant trois ans les étudiants (25 à 30 étudiants pour la promotion 2022). Elle vise à fournir des bases solides et avancées sur l’IA et la Data, la technique ainsi que les composantes business de ces technologies. Le cursus abordera par exemple le cadre juridique de l’IA ou le sujet de l’éthique. Bachelor en poche, les diplômés pourront alors suivre, au choix, des cursus plus axés technique ou business auprès de l’ISG ou de l’Epita.

Plutôt ingénieurs ou managers, la formation “répond à des attentes très fortes des jeunes élèves”, mais également des employeurs. “Nous sommes convaincus que pour former des profils suffisamment complets et opérationnels pour les entreprises qui les recruteront, ce parcours en trois ans plus trois ans est indispensable”, considère Philippe Dewost.

Le directeur de l’Epita et son homologue d’Albert School s’accordent cependant sur la nécessaire hybridation des compétences Data et business. “Je suis totalement en phase avec l’analyse des fondateurs d’Albert School sur le besoin – et cela ne date pas d’hier d’ailleurs. Le temps du cloisonnement est révolu et toutes les disciplines s’interconnectent”, conclut-il.

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