En déplacement auprès du service de vigilance et de protection contre les ingérences numériques étrangères, Viginum, Clara Chappaz appelle à s’armer contre les utilisations malveillantes de l’IA par des puissances étrangères.
À travers les réseaux sociaux, l’ingérence numérique étrangère se fait à des fins de manipulation du débat public. Selon Clara Chappaz, ministre déléguée chargée de l’IA et du numérique, il est primordial d’armer la France et de renforcer les capacités de détection et de caractérisation de ces phénomènes.
Avec la démocratisation et la montée en puissance de l’intelligence artificielle (IA) générative, de nouvelles pratiques malveillantes pourraient se généraliser : notamment la création de contenus faux mais crédibles, la création ou l’animation de comptes capables de reproduire des comportements humains, ou encore la diffusion massive de contenus manipulés.
Un appel aux plateformes privées
En déplacement à Viginum, service de vigilance et de protection contre les ingérences numériques étrangères, ce mardi 7 janvier, Clara Chappaz met en garde face à ces nouveaux dangers. « Là où les menaces se présentent, chaque année, sous des formes de plus en plus difficiles à déceler », constate la ministre.
« Nous continuons d’adapter nos moyens de défense. Nous attendons des plateformes (ndlr : réseaux sociaux) une coopération pleine et entière avec les autorités compétentes. Il en va de leur responsabilité au titre du DSA (ndlr : règlement européen sur les services numériques) et de la protection de nos démocraties. »
En effet, l’enjeu pour les pouvoirs publics consiste à impliquer les différentes plateformes privées, à s’engager pour plus de modération et à aller jusqu’à la suppression de contenus de désinformation pour limiter leur viralité.
Viginum, pôle d’excellence français
Lancée il y a plus de trois ans, la protection du débat public numérique touchant aux intérêts fondamentaux de la Nation est la raison d’être de Viginum. Ce service d’État est chargé d’une mission défensive de détection et de caractérisation des ingérences numériques étrangères, en s’appuyant sur un cadre juridique et éthique strict, l’analyse géopolitique, la science de la data et l’investigation numérique.
« Partie intégrante des menaces hybrides, la manipulation de l’information orchestrée par des États ou des groupes d’opinion étrangers vise à déstabiliser nos démocraties en travestissant la vérité et en instrumentalisant les faits », explique Stéphane Bouillon, secrétaire général de la défense et de la sécurité nationale, qui chapeaute Viginum.
À l’occasion des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, le service a identifié 43 manœuvres informationnelles ayant ciblé l’événement, s’appuyant sur différents modes opératoires. Il a notamment détecté la diffusion d’une vidéo en langue étrangère avec des narratifs hostiles aux JOP24, affirmant que la Seine serait « comparable au Gange ». Réalisée à l’aide de l’intelligence artificielle (IA), cette vidéo a été diffusée sur plusieurs plateformes de streaming vidéo.