IA dans les organisations : accélération et interrogations 

 

Alors que le forum économique mondial (World Economic Forum – WEF) a lieu cette semaine à Davos, dans les Alpes suisses, Accenture a mené l’étude « Pulse of change » sur la perception des dirigeants européens et français sur l’IA générative et les transformations en cours. 

 

En novembre et décembre 2024, Accenture s’est intéressé à 1 000 dirigeants ainsi qu’environ 900 employés non-cadres dans 22 entreprises de 9 pays en Europe, dont la France. D’après l’étude, l’adoption de l’IA générative est en pleine accélération. En effet, 87% des entreprises en Europe et en France prévoient d’augmenter leurs investissements en IA en raison « d’une année de transformations rapides » en 2025. Cependant, un déséquilibre est notable ; l’investissement concerne uniquement la technologie et non ses utilisateurs. C’est un défi à relever afin d’exploiter au mieux la pleine capacité de l’IA générative. En effet, sur l’analyse de 2000 projets d’IA, du monde entier, menée par Accenture, plus de moyens sont mis pour les technologies, au détriment des collaborateurs. Ces investissements sont trois fois supérieurs à eux des utilisateurs.   

 

Les raisons de l’augmentation 

 

Ces investissements sont motivés par plusieurs raisons. Dans un premier temps, 27% des européens et 24% des français pensent tirer parti des progrès technologiques. Dans un deuxième temps, 27% des européens et 20% des français souhaitent maintenir la compétitivité de l’entreprise. De plus, respectivement, 11% et 16%, ambitionnent de renforcer leurs collaborateurs. Pour plus de la majorité des dirigeants européens et 46% en France, l’adoption de l’IA progresse plus rapidement que prévu dans l’entreprise. De plus, en France et à l’échelle mondiale, lorsqu’ils investissent dans l’IA générative, les dirigeants privilégient la création de nouveaux produits et services (49 %) plutôt que l’amélioration des processus (43 %). À l’échelle européenne, la tendance est inversée. Malgré tout, dirigeants et collaborateurs ne sont pas encore pleinement convaincus de la valeur potentielle de l’IA générative. En effet, 54% des dirigeants européens contre 35% des collaborateurs et 48% en France contre 35% affirment avoir une « très bonne » compréhension de cette valeur.  

 

Des questions sur l’efficacité… 

 

Si l’IA générative est une révolution, 87% des collaborateurs européens et 71% des français pensent que leur poste sera impacté malgré la mise en place de formations. Selon Koen Deryckere, président d’Accenture France et Benelux, « Pour générer une réelle valeur, il sera nécessaire de transformer radicalement le travail et d’adopter de nouvelles méthodes. L’année dernière, nous avons constaté que près de 44 % des heures de travail seraient impactées par l’IA générative ». Une fois de plus, certaines interrogations persistent, notamment si ces formations sont adaptées et couvrent des sujets pertinents. En effet, si 89% des dirigeants européens et 78% des français jugent leurs employés suffisamment formés pour utiliser efficacement l’IA générative, seulement, 66% et 56% de ces derniers le pensent. Toujours selon eux, cette non-réciprocité d’opinion est due à une complexité de l’adoption de ces outils (25 % en Europe et 32 % en France), au manque de moyens (22 % en Europe et 16 % en France) et à des préoccupations liées à l’exactitude des résultats (21 % en Europe et 25 % en France). 

 

… et sur l’environnement économique  

 

Dans les faits, plus de la moitié des dirigeants européens et français anticipent un changement de l’environnement économique, qu’ils considèrent comme plus marqué en 2025 qu’en 2024. Selon eux, leur entreprise est moins bien préparée pour l’affronter à cause de plusieurs aspects, évalués par l’étude. Dans un premier temps, 64 % des entreprises (72 % en France) contre 53 % l’année passée (41 % en France) pensent aux changements géopolitiques. Ensuite, 57 % des entreprises (55 % en France) ne se disent pas prêtes aux transformations liées aux talents, tandis que 58 % (68 % en France) ne sont pas préparées aux perturbations économiques, des chiffres en hausse par rapport à l’année dernière, où ces taux étaient respectivement de 43 % (39 % en France) et 50 % (33 % en France). Pour finir, 68 % (56 % en France) des employés sont encore moins confiants dans la capacité de leur entreprise à affronter ces changements. Toujours selon le président d’Accenture France et Benelux, « Beaucoup d’entreprises considèrent encore l’IA générative comme une simple technologie à implémenter, plutôt qu’un moyen de réinventer la gestion des talents. En Europe, seulement un tiers des dirigeants ont déjà une stratégie pour anticiper l’impact de l’IA sur leurs collaborateurs. »