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[Chronique] Face à l’IA Générative, je veux continuer à cultiver mon imperfection et ma partialité

Notre chroniqueur Thierry Adenis revient sur une année d’expérience rédactionnelle avec ChatGPT et explique comment les organisations et leurs collaborateurs ont intérêt à s’emparer des synthèses et contenus produits avec l’IA générative.

L’IA générative est là, son intérêt et sa plus-value ne sont plus à discuter. Il n’y a donc pas d’autres choix que d’apprendre comment l’inclure dans nos activités. Je me suis donc posé la question « Comment vais-je l’utiliser dans mon activité de chroniqueur ? » (et toute autre activité rédactionnelle). Dernièrement, j’ai donc voulu tester ChatGPT en lui demandant de rédiger un post LinkedIn sur les « 10 opinions contre-intuitives sur la transformation digitale ».

Résultat : rien à redire. Le livrable est précis et concis, la rédaction claire. Cela correspond à ce que j’explique aux dirigeants depuis dix ans. Mais vraiment, qu’en faire ?

Que faire d’une synthèse rédigée par ChatGPT ?

Avant tout, il convient de comprendre ce qu’est la rédaction d’une note de synthèse, d’un post, d’une chronique, d’un article… Le plus important n’est pas le produit final, même si c’est le seul élément visible, mais le travail de production.

L’écriture est la résultante d’un cheminement personnel. Elle se base sur votre savoir, vos idées, votre histoire, votre culture, votre vécu, elle demande des recherches, des échanges avec des tiers, des lectures pour approfondir le sujet, elle s’incarne au travers de votre style rédactionnel, et porte les idées que vous voulez mettre en avant et les interactions que vous souhaitez avoir avec le lecteur.

Le produit n’est donc en aucun cas la « réalité » du sujet, mais votre vision personnelle. L’article est donc de fait imparfait et partial. Il n’y a qu’une chose de vraie : il est VOTRE article. Ce que Descartes résumait en écrivant que « l’homme est une chose imparfaite qui tend sans cesse à quelque chose de meilleur et de plus grand qu’elle-même. ».

Rédiger demande donc d’avoir travaillé son sujet en amont. De fait, à l’issue de ce travail, non seulement vous maitrisez mieux le sujet, mais vous vous l’êtes approprié. En deux mots : vous avez grandi.

En ce sens, que faire du post rédigé par ChatGPT ?

J’ai eu l’occasion à plusieurs reprises d’échanger récemment avec des dirigeants sur l’arrivée de ChatGPT dans leur quotidien professionnel.

Plusieurs m’ont raconté la même histoire : un besoin les conduit à demander à un collaborateur une note de synthèse sur un sujet technique. Ces collaborateurs avaient en général un point commun : jusqu’à présent, leur note de synthèse était très synthétique et le sujet assez peu documenté. Hors, le nouveau livrable demandé s’est avéré cette fois plus long (2 à 3 pages), plus précis, plus documenté…

Après l’effet de la surprise agréable, vient alors l’interrogation : « T’es-tu fait aider ? » (ce qui n’est pas un problème en soi, soulignons-le). Après quelques tergiversations, vient souvent la même réponse : « j’ai fait un copier/coller depuis ChatGPT ».

Eviter les conséquences négatives

Le fait de faire appel à ChatGPT ne me choque aucunement. C’est une source d’information et d’analyse reconnue. Mais je vois trois conséquences négatives à s’approprier silencieusement le livrable :

D’abord, il y a un non-respect de l’auteur, même si l’auteur est une technologie. Voir une usurpation, puisque la personne laisse entendre que c’est elle qui l’a écrit. Je ne verrais cependant aucun souci à ce que la personne indique clairement dans le document qu’il a utilisé complètement ou partiellement ChatGPT.

Ensuite, il y a une absence de travail du collaborateur, qui n’a pas valorisé cette demande pour enrichir ses connaissances et sa maitrise du sujet.

Enfin, il y a une absence d’appropriation du résultat, puisqu’il n’y a pas la personnalisation de l’auteur (style, idées…) et une non adaptation au contexte de l’entreprise et du sujet.

Plutôt que d’utiliser ou non ChatGPT, la question devient donc à partir de là : comment vais-je m’approprier le livrable produit avec l’intelligence artificielle générative ?

Pour y répondre, j’ai décidé de suivre la même méthode que celle que je développe dans les transformations digitales que je déploie.

Faire de ChatGPT une source de matière première

Dans mes différentes chroniques, j’ai déjà présenté l’idée qu’une technologie ne produit aucune intelligence et aucune plus-value en propre. C’est ce que va en faire l’utilisateur qui génère ces gains réels. Je parle d’ailleurs de déployer des usages dans les organisations, et non des technologies.

Je considère à ce titre que ChatGPT, aussi performant et pertinent soit-il, n’est qu’une technologie, et qu’il génère un livrable qui ne doit être qu’une information d’entrée dans mon processus personnel. Je dois donc travailler l’usage de ce livrable, en m’appropriant le résultat comme de la matière première et non comme finalité.

Or, rembobinons : dans ma requête initiale, j’ai demandé à ChaptGPT, un livrable finalisé. Réflexe bien naturel de vouloir aller au plus rapide. Celui-ci est donc difficilement réemployable en l’état car il va demander un travail important pour extraire les points que je juge intéressants, et les retravailler en veillant à ne pas faire de la redite pour apporter ma note personnelle.

On pourrait voir le livrable ChatGPT comme un simple article de bibliographie. La grande différence est qu’un article est écrit dans une optique précise propre à l’auteur, et sa publication vous permet d’y faire officiellement référence. Hors ChatGPT rédige un article répondant à une question précise que vous lui avez posé. Le livrable est donc paradoxalement très personnalisé, sans être vraiment personnel.

Le problème que je rencontre n’est donc pas ChatGPT, mais la nature de ma requête (comme très souvent, le problème est entre la chaise et le clavier !). Pour le résoudre, après divers essais, j’ai décidé d’utiliser ChaptGPT comme une source d’idées, d’explications sur des points précis… et non comme une source bibliographique.

J’ai ainsi travaillé les prompts pour obtenir des précisions, des idées, des mises en application, des explications sur des points clairement identifiés. Il me génère de cette façon de la matière brute qui me servira à rédiger l’article. Je garde en ce sens la maitrise et la personnalisation du document. Donc mon imperfection et ma partialité.

Comme toute innovation à forte plus-value, on ne peut pas ignorer son existence sur l’air de « c’est bien, mais pas pour moi ». Sans s’y précipiter, il convient de s’intéresser à cette nouveauté majeure, d’échanger avec ceux qui communiquent sur les usages qu’ils en font, et surtout de commencer à se l’approprier au fil de l’émergence de potentiels besoins. Il ne faut pas se ruer sur chaque progrès qui survient, mais il convient de bien connaitre ses implications pour ne pas, un jour, le subir.

Vous l’aurez noté, depuis le début de cet article, je minimise l’intérêt de faire écrire ses articles par ChatGPT. Il me parait donc loyal de lui laisser un droit de réponse en conclusion.

Thierry Adenis : J’écris régulièrement des chroniques sur la transformation digitale et je m’interroge sur la plus-value de faire écrire mes articles par ChatGPT.

ChatGPT 3.5 : C’est une excellente question ! La transformation digitale est un sujet fascinant, mais parfois, trouver de nouvelles perspectives peut être un défi. Faire écrire vos articles par ChatGPT peut injecter une dose de créativité et générer des idées fraîches pour vos chroniques. Il peut également vous aider à rester à jour avec les dernières tendances et technologies liées à la transformation digitale.

En utilisant ChatGPT, vous pourriez explorer différents angles ou approches que vous n’auriez peut-être pas envisagés. Cela peut enrichir votre contenu et susciter l’intérêt de votre audience. Cependant, n’oubliez pas que la révision humaine est essentielle pour s’assurer de la cohérence, de l’exactitude et de la qualité du contenu.

En résumé, ChatGPT peut être un excellent allié pour dynamiser vos chroniques sur la transformation digitale en apportant des idées innovantes à la table.

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