Les salariés s’appuient de plus en plus sur des outils d’intelligence artificielle générative (IAG) pour gagner en rapidité, mais ils sont conscients du risque que cela représente pour leur entreprise. Deux études récentes soulignent les attentes en termes d’établissement de règles claires par l’entreprise, accompagné d’une démarche pédagogique plus affirmée.
Les Français seraient plus inquiets que le reste du monde sur l’impact de l’IA. Selon une étude menée par l’agence de communication Marco et le spécialiste de la recherche Cint, auprès de 7300 consommateurs, plusieurs préoccupations dominent les utilisateurs français de ces outils. Une plus grande majorité s’inquiète des préjudices potentiels créés par l’IA (72%) par rapport à la moyenne mondiale (58%). L’importance d’un déploiement d’une IA responsable et éthique est identifiée comme une clé pour répondre à ces inquiétudes particulièrement importantes.
Malgré ces doutes, une majorité de Français (59%) accueille l’IA comme une opportunité pour simplifier et améliorer leur vie. Au-delà du gain quotidien en termes de confort, ils sont peu conscients de l’impact de l’IA à plus grande échelle sur différents secteurs économiques. Seuls 15% sont ainsi capable de citer de multiples applications possibles de cette technologie. Cette méconnaissance liée à l’intelligence artificielle, contribue d’ailleurs à faire persister de nombreuses inquiétudes.
Au bureau, des hésitations et des contournements
Dans le détail, près de 50% des salariés français déclarent se servir des outils d’IA générative, au moins une fois par semaine. Mais selon une étude menée par Veritas Technologies sur un échantillon de 1000 personnes, certains reconnaissent une utilisation inadaptée de l’IAG, et confessent aller parfois à l’encontre, consciemment ou non, des règles et chartes de leur entreprise, quitte à divulguer des informations confidentielles. Une partie des répondants admet avoir conscience des risques que ces contournements peuvent comporter et sont partagés quant au comportement à adopter face à une mauvaise utilisation des outils d’IAG. En effet, près d’un tiers envisageraient de les dénoncer à leur hiérarchie, et autant estiment que les utilisateurs devraient même, dans certains cas, tomber sous le coup de sanctions disciplinaires.
En raison de ce flou dans l’utilisation de ces technologies, une nette majorité (77%) souhaite qu’un cadre clair soit instauré au niveau national ou international, à l’heure où l’Union européenne a adopté le projet IA Act. Mais des règles générales ne leur suffisent pas pour autant. Les réglementations doivent aussi se décliner en règles opérationnelles dans les entreprises. Et celles-ci doivent pouvoir être explicitées facilement. En effet, parmi les organisations qui ont mis en place des recommandations et des règles d’utilisation de ces outils, seulement deux tiers de leurs employés les ont comprises. Un travail de pédagogie semble donc encore fortement nécessaire dans les entreprises.
Une utilisation rapide mais encore accessoire
Les employés interrogés par Veritas Technologies prônent l’utilisation des IAG pour gagner en productivité et en rapidité dans leurs missions quotidiennes. Notamment pour s’informer (44%), automatiser des tâches élémentaires (39%), et générer de nouvelles idées (25%). Ils sont bien moins nombreux à les utiliser pour des aspects stratégiques, commerciaux ou liés à la clientèle (12%). En la matière, l’utilisation des outils d’IAG semble encore constituer un simple accessoire pour la majorité des salariés et non un socle qui pourrait modifier profondément leur quotidien au travail, ce qui expliquerait aussi l’attentisme d’une partie des organisations à se mobiliser de façon ambitieuse pour mieux cadrer les usages.