L’art est d’une importance vitale pour la société, comment l’IA générative peut-elle relancer l’imaginaire ? C’est la question que se pose Imed Boughzala dans sa dernière chronique, en s’inspirant des œuvres présentées à VivaTech.
Dans les allées de Vivatech on pouvait voir des robots, des concept cars et… des œuvres d’art numériques. Avec notamment un jumeau numérique de l’Opéra Garnier ou encore les œuvres de l’artiste visuel Romain Lalire, réalisées avec des hologrammes synchronisés pour créer une anamorphose. Cette visibilité donnée à des créations artistiques dans un salon dédié à la tech et à l’innovation illustre la place que l’art doit occuper dans nos vies.
L’art, est une forme d’expression créative qui permet aux artistes de communiquer leurs idées, leurs émotions et leur vision du monde à travers des œuvres uniques et inspirantes. Il vise à produire une œuvre authentique qui peut être appréciée pour sa beauté, ce que cela procure comme émotion, pour son message ou son impact culturel.
L’art peut prendre de nombreuses formes : peinture, sculpture, photographie, danse, musique, théâtre, littérature, vidéo et arts numériques, pour n’en nommer que quelques-unes. Le plus souvent influencé par les tendances culturelles, les mouvements artistiques et les événements historiques, l’art permet d’explorer des idées et faire état de problèmes sociaux ; il est le reflet de différentes cultures et expériences humaines pour remettre en question les normes établies, pour offrir une vision du monde unique et personnelle, ou pour tout simplement divertir et inspirer. L’appréciation de l’art est souvent subjective et varie d’une personne à l’autre en fonction de son expérience et de ses perspectives personnelles. L’artiste doit prendre garde à conserver sa personnalité artistique plutôt que de recherche une approbation générale de son travail.
Art et imaginaire, en panne ?
L’art n’est pas superflu, il est crucial à la société, car il permet d’explorer et de comprendre le monde qui nous entoure d’une manière unique et personnelle. L’art peut nous inspirer, nous éduquer, nous émouvoir, nous divertir et nous aider à communiquer avec les autres. Les artistes en exprimant leur créativité et leur point de vue, nous offrent l’occasion de remettre en question des idées reçues, de repousser les limites de la pensée et de la perception, et d’explorer de nouvelles façons plus critiques de voir le monde.
Cependant, aujourd’hui on observe que chez les jeunes notamment, l’imaginaire est en panne. Les conséquences se répercutent sur tout un chacun et non pas uniquement sur le monde de l’art et du graphisme. Les individus ont du mal à imaginer de nouvelles idées – qu’elles soient innovantes ou non. Ce manque de créativité et d’originalité se situe dans tous les domaines. S’ouvrir à l’art et à la culture permet de surmonter cette panne de l’imaginaire. D’où l’intérêt d’introduire l’enseignement de l’art dans toutes les filières de l’enseignement supérieur à notre sens. La créativité digitale représente aujourd’hui un enjeu sociétal pour créer de nouvelles connaissances, applications et contenus pour transformer les idées en réalité à l’aide du digital. L’art numérique pourrait sembler plus accessible et stimulant auprès des nouvelles générations et à venir.
L’art numérique
L’art numérique, aussi connu sous le nom d’art digital ou art informatique et fait référence à l’utilisation des technologies numériques pour créer des œuvres d’art. Les artistes numériques utilisent des logiciels de conception graphique, des logiciels de montage vidéo, l’impression 3D, des programmes de modélisation 3D, des dispositifs de réalité virtuelle et d’autres outils numériques pour créer des images, des vidéos, des installations interactives et de nouvelles formes d’art.
Les œuvres d’art numériques peuvent être créées à partir de zéro, ou peuvent impliquer la modification numérique d’images, de sons ou de vidéos existants. Les artistes numériques peuvent également utiliser des algorithmes, de l’intelligence artificielle et d’autres formes de programmation pour créer des œuvres d’art interactives et évolutives.
L’art numérique est devenu de plus en plus populaire avec l’avènement de l’informatique personnelle et d’Internet dans les années 1990. Il est désormais considéré comme un médium artistique légitime et est souvent exposé dans les musées et galeries d’art à travers le monde. Toutefois, les questions liées à l’authentification et la propriété intellectuelle deviennent toujours complexes et délicates au regard du risque grandissant de falsification et, d’usurpation sans parler de la preuve de la propriété avec l’intelligence artificielle.
Art numérique et NFT
Les NFT (de l’anglais Non-Fungible Tokens ou en français jetons non fongibles ou non interchangeables), par exemple, permettent de protéger et de suivre les œuvres numériques. Ces jetons uniques, stockés et authentifiés (i.e. un objet informatique rattaché à identifiant numérique) basés sur la blockchain, sont utilisés pour représenter la propriété d’un actif numérique spécifique, tels que des œuvres d’art numériques, des vidéos, des GIFs animés, des musiques, etc. Ils permettent aux artistes numériques de vendre et de contrôler la distribution de leurs œuvres en ligne.
Les NFT ont récemment suscité un grand intérêt dans le monde de l’art. Ils offrent une nouvelle façon de monétiser des œuvres d’art numériques qui étaient auparavant difficiles à vendre ou à évaluer. Les NFT permettent aux artistes numériques de vendre leurs œuvres d’art directement aux collectionneurs, sans avoir besoin d’intermédiaires tels que des galeries d’art ou des maisons de vente aux enchères.
Ils peuvent également offrir une protection accrue pour les artistes en leur permettant de conserver la propriété et le contrôle de leurs œuvres numériques. Avec les NFT, il est facile de suivre la provenance de l’œuvre d’art et de s’assurer que l’artiste reçoit une part de toute vente ultérieure de son œuvre.
En résumé, les NFT organisent une nouvelle façon de monétiser et de contrôler les œuvres d’art numériques, ce qui est particulièrement important dans un monde où de plus en plus de transactions se déroulent en ligne.
Art numérique et IA générative
L’IA générative se réfère à des systèmes informatiques capables de créer ou de générer des contenus créatifs en utilisant des algorithmes d’apprentissage machine (ou Machine Learning) comme l’outil Midjourney. L’IA générative et l’art numérique se rejoignent donc dans le cadre de la création d’œuvres art numériques. L’IA générative peut être ainsi utilisée pour aider les artistes à générer des idées, à créer des formes, à expérimenter avec des couleurs et des textures, et même à produire des œuvres d’art d’une manière autonome. Les artistes peuvent utiliser l’IA générative pour créer des installations interactives, des sculptures numériques, des animations, des œuvres d’art en réalité augmentée, des jeux vidéo, et bien plus encore. En somme, l’IA générative possède un potentiel immense pour stimuler l’imagination/imaginaire et la créativité des artistes du monde numérique. Ceci dit, ce n’est pas l’opinion de certains artistes comme Sting dans le domaine de la musique…
En effet, le droit d’auteur est une question importante à prendre en compte lorsqu’il s’agit d’art numérique basée sur l’IA générative. A qui revient le droit d’auteur ? A l’artiste ou l’IA ? Comme pour toute forme d’art, les créateurs utilisant l’IA générative devraient-ils être protégés par le droit d’auteur ?
En général, le droit d’auteur protège l’expression originale de l’idée, plutôt que l’idée elle-même. Ainsi, une œuvre d’art numérique créée à l’aide d’un logiciel ou d’un algorithme d’IA peut être protégée par le droit d’auteur si elle est considérée comme suffisamment originale. Cela signifie que le créateur de l’œuvre peut contrôler son utilisation, sa reproduction, sa distribution et sa modification, sauf si ces actions sont autorisées par une licence ou une exception au droit d’auteur.
Dans le cas de l’IA générative, la question de la propriété intellectuelle peut être plus complexe, car l’algorithme d’IA peut être considéré comme cocréateur de l’œuvre. Cela signifie que la propriété intellectuelle peut être partagée entre le créateur humain et le système d’IA. Dans ce contexte, il est important de déterminer dès le départ les droits de propriété intellectuelle qui s’appliqueront à l’œuvre générée par l’IA.
En conclusion, il est important pour les artistes utilisateurs d’IA générative de comprendre les implications du droit d’auteur sur leur travail et de prendre les mesures nécessaires pour protéger leur propriété intellectuelle. Ils doivent également respecter les droits d’auteur des autres créateurs s’ils se servent de leurs œuvres pour en créer une nouvelle.