Alors que la France accueille un sommet international pour l’IA en février prochain, le site de recherche de Paris-Saclay souhaite montrer que la France est dans la course internationale. Un objectif de taille pour le pôle de recherche afin de conserver son attractivité et sa croissance dans l’IA.
« L’Europe aurait-elle raté le train de l’IA (intelligence artificielle) ? », interroge Martin Guespereau, directeur général de l’EPA (Établissement public d’aménagement) Paris-Saclay, face à la puissance des géants américains. Ce mardi 14 janvier, devant une assemblée de journalistes, il répond : « Nous allons vous raconter une histoire bien différente : celle d’un succès français dans l’IA. » Et, cette histoire, c’est celle de Paris-Saclay, un écosystème situé au sud de la capitale, qui regroupe l’ensemble des acteurs de la science, allant des académiques, des écoles privées, des grandes entreprises, mais aussi des start-up. L’ensemble de cet écosystème s’empare des sujets liés à l’intelligence artificielle, qui vient bouleverser le monde de la recherche. « Ce moment de l’IA est en train de réussir à faire évoluer le monde académique », assure Thierry Coulhon, président du directoire de l’Institut Polytechnique de Paris, qui réunit aujourd’hui six grandes écoles d’ingénieurs privées : l’École Polytechnique, l’ENSTA Paris, l’ENSAE Paris, l’École des Ponts ParisTech, Télécom Paris et Télécom SudParis.
Près de 800 chercheurs issus de 47 laboratoires
Dans ce contexte, l’institut lance notamment un centre interdisciplinaire permettant de repérer les grands défis sociaux. La recherche fondamentale devrait ainsi se pencher sur des solutions liées au climat, à la défense, à la sécurité ou encore aux matériaux. Ce centre est soutenu par sept entreprises, qui ont chacune apporté un million d’euros sur trois ans. Mais les politiques sont aussi au rendez-vous. « Pour une fois, l’État a été relativement rapide et concentré », se satisfait Thierry Coulhon. Et pour cause : 70 millions d’euros ont été apportés par le gouvernement sur cinq ans, dans le but de créer un pôle mondial de l’IA. Au sein de Paris-Saclay, tous les secteurs dans lesquels l’IA peut bousculer les codes sont présents : la défense et la cybersécurité, les services et innovations, l’écologie et l’énergie, l’industrie 4.0, la mobilité et la santé. L’institut DATAIA rassemble l’ensemble des expertises en IA présentes sur le site sud-parisien. Ce sont près de 800 chercheurs et enseignants-chercheurs issus de 47 laboratoires, travaillant dans la recherche avec plus de 50 entreprises. Des sites de recherches de Servier, EDF ou encore Thalès sont venus s’implanter à Paris-Saclay. Trois axes principaux ont été définis : les mathématiques de l’IA, l’IA dans la santé, et enfin dans la physique et l’environnement.
Une France très forte dans les matières fondamentales
Avec ses 30 000 étudiants, cette « fabrique à talents » qu’est, selon Martin Guespereau, le site de Paris-Saclay, souhaite poursuivre sa croissance en attirant encore plus de profils spécialisés dans l’intelligence artificielle. Elle compte notamment sur sa première place en tant qu’université européenne en science et sur sa deuxième place mondiale dans le domaine des mathématiques. « Dans les matières fondamentales, la France est très forte », assure Martin Guespereau. Il précise que 40 % des têtes d’affiche de l’IA en France ont un lien, de près ou de loin, avec le pôle de recherche. Cette position repose également sur les équipements du site, qui compte deux des trois plus grands supercalculateurs du pays, dont le Jean Zay, du nom du fondateur du CNRS (Centre national de la recherche scientifique), impliqué dès la création du projet.
Lutter pour obtenir une position internationale
À l’approche de l’AI Summit organisé par l’Élysée, dans moins d’un mois, l’Institut Polytechnique de Paris a pour mission de rassembler, les 6 et 7 février prochains, les plus grands acteurs mondiaux sur le thème « IA, science et société ». « C’est la haute science qui va transformer la société », estime Thierry Coulhon. L’objectif : affirmer la position de la France. « Il va falloir lutter pour obtenir une position internationale, mais nous avons une carte à jouer. Nous sommes très forts », poursuit-il. Cette position doit également permettre d’attirer des talents, en s’appuyant également sur des « stars » issues des entités du pôle. Fondateur de MistralAI, Arthur Mensch est « un pur produit de Paris-Saclay », souligne Martin Guespereau. En effet, le patron de la pépite française de l’IA est passé par l’École Polytechnique, Télécom Paris, l’École Normale Supérieure et l’Université Paris-Saclay, toutes situées sur le même site.