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IA, quantique… OVHcloud fête ses 25 ans sous le signe de l’ambition autant que de l’humilité 

 

Assister à un OVHcloud Summit est toujours une expérience particulière : cette 11ᵉ édition de la grand-messe annuelle du champion technologique français n’a pas fait exception. Pour ses 25 ans, OVHcloud s’est autant tourné vers son histoire passée, avec une pointe de nostalgie, que vers l’avenir, avec des ambitions mais également beaucoup d’humilité. 

 

L’ouverture du OVHcloud Summit, ce jeudi 28 novembre, s’est faite en musique. Pas sur le son de la guitare électrique du fondateur et président Octave Klaba, qui a déjà pu jouer cette carte à plusieurs reprises, mais sur les paroles d’une vidéo reprenant le slogan « Innovation for Freedom ». L’occasion pour l’entreprise française de montrer « les débuts à Roubaix » autant que la course à la démocratisation du cloud et de déclamer – presque en chantant, mais pas tout à fait quand même – : « C’est vrai qu’on ne fait pas comme tout le monde ». « On n’est pas parfait, on fait des erreurs, mais on se relève toujours plus fort », a-t-on encore pu entendre dans cette introduction. Rares sont les groupes technologiques à l’admettre aussi clairement et à cultiver de la sorte leur proximité avec leurs clients et utilisateurs.

 

 

En 25 ans, il est clair qu’OVHcloud s’est assagi. La place est moins aux blagues potaches (on se souviendra du « faux direct » permettant aux speakers de démontrer la vitesse de la connectivité avec les États-Unis en se « téléportant » sur scène, pour annoncer l’ouverture des premiers datacenters outre-Atlantique) qu’aux annonces plus « corporate ». Octave Klaba, quand il monte sur l’estrade, légèrement essoufflé, pousse devant lui la baie sur roulettes qui réunit toute l’expertise de l’opérateur dans une seule solution. « 25 ans, c’est la moitié de ma vie, c’est particulier », souligne-t-il. Et dans la baie, le fondateur détaille le savoir-faire hardware autant que software de la firme ; une façon aussi de retracer son histoire. 

 

Un champion national pour une aventure mondiale 

 

L’ère de la maturité se voit aussi alors qu’OVHcloud se présente résolument comme un acteur mondial avec un milliard d’euros de chiffre d’affaires, dont 50 % à l’international. Les États-Unis sont le deuxième pays en volume d’activité de l’entreprise française et celui où elle croît le plus rapidement. La moitié de ses 43 datacenters sont également à l’étranger. De même qu’un tiers de ses 3000 collaborateurs. 

Après six années à la barre, Michel Paulin, qui a largement contribué à cette importante croissance, a laissé en 2024 la place à un nouveau directeur général, Benjamin Revcolevschi, chargé d’ouvrir un nouveau chapitre. « Quand on voit OVHcloud se développer de l’extérieur, c’est incroyable. Mais je dois vous dire que cela l’est encore plus encore vu de l’intérieur », s’est enthousiasmé le nouveau DG, tout en soulignant ce qui lui plaisait le plus dans cette organisation d’un genre différent : « l’humanité des équipes et des dirigeants, à l’écoute, disponibles… et la capacité, à l’image d’Octave Klaba, d’être visionnaire, tout en étant attachant et bienveillant au quotidien ». 

 

 

Ce tournant des 25 ans est « un moment symbolique » également pour Clara Chappaz, secrétaire d’État en charge de l’Intelligence artificielle et du Numérique, venue elle aussi sur scène pour partager « la fierté qui est la nôtre de pouvoir compter sur un acteur comme OVH (sic), qui crée des emplois et nous permet de renforcer notre autonomie stratégique ». Pour la politique, OVHcloud est l’incarnation d’un modèle qui résonne avec les priorités gouvernementales ». Clara Chappaz insiste par ailleurs ce 28 novembre : « Nous sommes à un moment de bascule pour le futur du numérique. L’année 2025 sera l’année de l’IA et du quantique ». Et l’ancienne patronne de la mission French Tech de souligner que pour faire de la France une grande nation sur ces deux axes technologiques, l’implication d’acteurs tels qu’OVHcloud est plus que jamais nécessaire. 

 

 

La difficulté des business models futurs de l’IA 

 

De quoi prendre la grosse tête pour l’entreprise qu’on compare régulièrement à un David face aux Goliaths que seraient les Gafam ? Pas tant que cela, si on écoute Octave Klaba. Ce dernier décrit notamment les investissements d’un niveau sans précédent qui doivent avoir lieu aujourd’hui pour tirer parti du nouveau boom de l’intelligence artificielle : « Avec 50 millions d’euros, vous ouvrez un datacenter de 1 mégawatt de puissance et 1000 GPU. Ce qui est suffisant pour… faire seulement des proof of concepts ». À comparer avec les investissements à hauteur de 5 milliards, pour des datacenters de 100 mégawatts et 100 000 GPU, tels qu’annoncés par les leaders mondiaux xAI et OpenAI. 

« Cela pose clairement la question des business models et de la création des revenus qui permettent d’investir autant d’argent. On parle de dizaines de millions de clients », décrypte le président-fondateur. Pour lui, la position d’OVHcloud est claire : l’entreprise va devoir trouver sa propre voie. « En France, il faut être courageux pour espérer construire un datacenter d’un mégawatt, pour avoir les autorisations, pour se relier à une centrale nucléaire… Et qui irait investir aujourd’hui des millions ou milliards dans le nord de l’Europe pour profiter du climat et de l’énergie hydroélectrique… mais à la frontière avec la Russie ? », déplore le dirigeant. Dans sa vision, relever le défi du business model futur de l’IA revient à créer, en moins de 5 ans, un niveau d’activité équivalent à celui que son entreprise a réussi à construire patiemment en 25 ans grâce à la montée en puissance du cloud. C’est pourquoi il espère pouvoir contourner le problème avec une autre proposition de valeur. 

 

 

Face à la multiplication rapide des modèles de Large Language Models (LLM) de l’IA générative, OVHcloud veut ainsi pouvoir aider les entreprises à trouver ceux qui correspondent le mieux à leurs besoins, en s’appuyant notamment sur l’open-source. « Avec le projet OSISMO, on veut faire un « Frankenstein de l’IA » pour prendre le meilleur de l’open source et assembler les bons modèles », dévoile Octave Klaba. Il décrit ainsi comment l’outil permettrait de proposer un LLM différent en fonction de la nature de la question posée, afin d’être toujours le plus pertinent et efficace. « Par exemple, on sait que pour traduire de l’anglais vers le français, il vaut mieux utiliser Llama 3.2, alors que vers le chinois, ce sera Qwen 3.5 », illustre-t-il. 

Cette annonce se glisse au milieu de celles plus classiques des nombreux produits, mêlant hardware et software, de l’entreprise. Le fondateur d’OVHcloud semble en avoir bien conscience en s’adressant aux 1000 personnes réunies devant lui, toujours avec le style direct et humble qui le caractérise : « On a fait plein d’annonces… maintenant, on attend vos feedbacks. La roadmap dépend de vous : est-ce que, selon vous, on avance dans la bonne direction ? » 

 

Suprématie quantique 

 

Et si les clients de l’entreprise ne sont pas convaincus par cette approche prudente sur l’IA, ils pourront toujours se retourner vers l’envie assumée de l’entreprise d’être pionnière sur le quantique, à la grande satisfaction de Clara Chappaz. OVHcloud propose en effet déjà six émulateurs d’ordinateurs quantiques différents, en partenariat avec les entreprises C12, Qiskit, Eviden, Quandela, Alice & Bob, et Pasqal. Mais surtout, le groupe français a investi en mars dans un premier véritable ordinateur quantique pour ses usages, avec Quandela. Ce n’est que le début. « Nous voulons aller plus loin en vous proposant directement de vrais ordinateurs quantiques également. C’est pourquoi nous annonçons la création du « Cloud Quantique » (Quantum Cloud), que nous mettons en place avec huit fabricants. Le premier sera disponible dès 2025 grâce à la collaboration avec Pasqal ». 

Cela tombe bien car, d’après Georges-Olivier Reymond, le CEO de cette jeune start-up symbole de l’excellence française sur le quantique, tout va se jouer en la matière dans les prochaines années. Questionné par Octave Klaba sur scène, le dirigeant qui a co-fondé Pasqal avec le prix Nobel de physique Alain Aspect pointe l’accélération en cours : « On entrevoit l’étape de la suprématie quantique (pour signifier l’existence d’ordinateurs quantiques dont la puissance exponentielle ne sera plus simulable avec des supercalculateurs classiques, NDLR) pour la fin de la décennie… et, dès à présent, on constate déjà ce que l’on appelle l’avantage quantique. » De quoi espérer réduire l’équivalent de millions d’années de calculs traditionnels en quelques jours à peine et changer la donne pour de nombreuses activités. Un avantage dont OVHcloud compte bien faire partie intégrante pour préparer les 25 prochaines années. 

 

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