A l’occasion de l’inauguration de sa dernière usine à Vitré, Idemia renforce sa position de leader européen du marché des cartes bancaires et continue d’innover tant en termes de nouveaux produits que de son processus de production. Reportage.
L’inauguration de sa nouvelle usine flambant neuve à Vitré en Ille-et-Vilaine a été l’occasion pour Idemia Secure Transactions (IST) de montrer, le 15 octobre dernier après quatorze mois de travaux, son savoir-faire, celui d’un groupe qui fabrique dans ses six usines une carte bancaire sur deux en Europe (100 millions d’items par an). Ce succès est le résultat d’une entreprise qui se targue de ne cesser d’innover. IST a inventé le motion code, qui sécurise le code CCV des cartes bancaires de manière dynamique en le renouvelant régulièrement, le capteur qui permet de s’identifier avec son empreinte digitale avec sa carte bancaire mais aussi les premières cartes bancaires fabriquées à 100 % en PVC recyclé. L’entreprise s’adapte aux goûts du jour en produisant des cartes en métal ou d’autres équipées d’une lumière OLED qui scintille lorsque vous payez sans contact pour vous indiquer que vous êtes dans le champ du terminal de paiement. C’est peut-être essentiellement esthétique mais les besoins sont là. A l’occasion d’une enquête mondiale commandée par IST sur le comportement des consommateurs de cartes bancaires, 72 % sont attentifs au design de leur carte de paiement et 83 % sont intéressés par une carte métal.
Les figures locales politiques présentes
Sous un immense chapiteau blanc installé sur le parking de l’usine, les figures politiques locales (Pierre Méhaignerie, ancien ministre, Isabelle Le Callennec, députée européenne, Gilles Traimond sous-préfet, Teddy Régnier, président de Vitré communauté et Pierre Léonardi, maire de Vitré) et de l’entreprise (Philippe Oliva, CEO, Nicolas Miannay vice-président et Eric Le Quéré, directeur du site) se succèdent au micro et se réjouissent que ce groupe, qui fut un temps tenté de délocaliser à Shenzen, ait choisi Vitré pour ce qui se révèle désormais son fleuron productif. Cet épisode aurait pu accoucher de la nouvelle perte d’une entreprise qui participe à la souveraineté française, déclarent tour à tour plusieurs intervenants.
Philippe Oliva ne dit pas autre chose et résume : « Alors que l’Europe s’efforce de reprendre le contrôle de sa production technologique, nous sommes fiers de contribuer à cette ambition en proposant à nos clients européens des solutions entièrement conçues, développées, testées et produites en Europe. » Parmi ces solutions, celles cryptographiques sont utilisées avec l’ambition d’assurer une sécurité renforcée des données personnelles et des transactions, notamment face aux prochaines évolutions de l’informatique quantique.
Un espace de la taille d’un terrain de football
C’est parce que ces solutions de sécurité sont bien gardées qu’il faut montrer « blouse blanche » et se recouvrir les cheveux d’une charlotte transparente pour pénétrer à l’intérieur. Après le franchissement d’un SAS de sécurité surveillé par un gardien, un espace presque équivalent à un terrain de football se découvre, renfermant maints opérateurs et leurs robots. IST ce n’est pas que la production de cartes bancaires, c’est aussi 700 millions de cartes de paiement dans un sens large fabriquées et expédiées par an, 900 millions de carte eSim produites, plus de 50 millions de voitures connectées pour 5 des 10 plus grands constructeurs automobiles du monde et plus de 400 millions de tokens digitaux provisionnées pour différents acteurs dont les principaux fournisseurs de mobile wallets (Apple Pay, Google Pay, Samsung Pay).
Maintenance prédictive et réalité augmentée
Pour fabriquer tout cela, la nouvelle usine d’IST adopte les dernières tendances industrielles. « Nous avons introduit dans notre usine nombre d’innovations 4.0, comme la maintenance prédictive qui s’appuie sur des capteurs installés sur les machines et la récupération en temps réel d’informations associées, et qui permet de dépasser la maintenance curative (la machine tombe en panne) ou préventive avec des interventions planifiées régulièrement, en déterminant quand la maintenance est nécessaire, par exemple en détectant des vibrations de robots anormales, avant que la machine ne tombe en panne, » informe Nicolas Miannay, vice-président exécutif des opérations et services industriels.
Dans cette course à la modernisation, l’automatisation et la digitalisation des tâches, IST fait aussi appel à la réalité augmentée d’HoloLens pour son processus de production. « Les lunettes augmentées nous permettent d’intervenir à distance, de faire appel à des expertises, d’échanger avec des collègues du monde entier, de participer à la qualification auprès d’une nouvelle machine pour éviter d’arrêter le processus de production pendant les formations », précise Nicolas Miannay.
Production de puces de 28 nanomètres en 2026
Pour renforcer son outil productif, IST a conclu un accord avec GlobalFoundries, l’un des principaux fabricants de semi-conducteurs au monde. IST sera en 2026 le premier fabricant de cartes bancaires au monde en mesure de produire des puces de 28 nanomètres dont toutes les étapes, de la conception à la production, l’auront été sur le sol européen.
Toutes ces innovations répondent également à des besoins de durabilité et de réduction de l’impact environnemental. Dans la nouvelle usine, la consommation d’électricité a été réduite de 20 % grâce à une conception plus durable du bâtiment, qui permet de récupérer la chaleur générée par les installations et diminuer les pertes, au remplacement des chaudières à gaz par des pompes à chaleur plus écologiques, et à des structures photovoltaïques placées au-dessus des 206 places de parking. Le site a obtenu la certification BREEAM, qui évalue la performance environnementale d’un bâtiment. L’innovation oui, mais de plus en plus aussi, la recherche de la frugalité.