Impact AI s’intéresse à l’IA positive et à l’inclusion

Ce collectif souhaite promouvoir le partage d’outils et soutenir la réalisation de projets favorisant l’usage d’une IA responsable. Son livre blanc « IA et inclusion », qui vient de sortir, vise à mieux intégrer les personnes porteuses d’un handicap via de nouvelles solutions numériques.

Selon les chiffres du ministère de la Santé et de la Prévention, 12 millions de Français sont en situation de handicap, et 25 % d’entre eux présentent un niveau d’étude équivalent ou supérieur au bac… contre 44 % pour l’ensemble de la population. Alors, en quoi l’IA « responsable » pourrait-elle aider à changer la donne ? En quoi serait-elle le « futur de l’inclusion » dans l’enseignement, comme moyen de faciliter l’apprentissage pour ces publics ? C’est le sujet sur lequel vient de se pencher le collectif d’action et de réflexion Impact AI, en partenariat avec l’association EdTech France dans leur dernier « livre blanc ».

En cause ? Des enseignants et formateurs peu sensibilisés à ces enjeux, mais aussi un manque de ressources et d’outils. Les difficultés rencontrées sont nombreuses et le résultat s’en ressent dans l’emploi : selon le tableau de bord produit par l’Agefiph en avril 2022, seulement 955 000 personnes sont en activité (salarié ou autre) sur le public concerné ; et 14 % sont au chômage, dont 60 % en chômage de longue durée (+ 5 points en un an).

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Pourtant, selon les travaux d’Impact AI, des solutions numériques existent, qui permettent d’adapter facilement la pédagogie à diverses formes de handicap. La deuxième partie du livre blanc recense ainsi 16 éditeurs de logiciels « qui ont su intégrer l’intelligence artificielle dans leur processus de formation », comme ISIcrunch (manuels scolaires numériques pour tous les éditeurs avec l’intégration d’outils permettant l’accessibilité), Antidote (outils de bureautique d’aide à la correction et à la rédaction), le logiciel Dragon de Nuance (écriture à partir de la voix) ou encore O’Clock (plateforme d’enseignement à distance inclusive).

Le livre blanc : un début et non une fin

Ce panorama de solutions n’a toutefois pas la prétention à être exhaustif, mais à donner un éclairage assez large. « Cette première étude a surtout pour objectif d’être partagée et enrichie, avec l’ensemble des acteurs de l’inclusion, ceci afin de passer à une étape de mise en œuvre et d’accélérer la transformation des formations proposées aux personnes en situation de handicap », explique Hélène Chinal, vice-présidente d’Impact AI et directrice de la Transformation chez Capgemini Europe du sud et centrale, qui invite tous ceux qui souhaitent participer à ce panorama de solutions à les contacter (contact@impact-ai.fr).

Pour démocratiser plus rapidement ces solutions au sein des parcours apprenants, le collectif Impact AI et EdTech France misent sur la prise en compte des handicaps dès la phase de développement des technologies (by design). « En ce sens, les progrès en matière d’IA devraient permettre d’améliorer la synthèse vocale et de faciliter l’apprentissage des langues, de généraliser et de faciliter l’usage de la langue des signes, de proposer aux élèves dyslexiques des assistants de lecture encore plus performants, d’analyser plus finement les progrès de chacun afin de proposer des exercices adaptés, d’effectuer des synthèses pour fournir l’essentiel d’un sujet, de dicter des équations mathématiques, ou encore de développer des objets connectés pour capter des informations non disponibles en raison d’un handicap visuel ou auditif », expliquent-ils.

Christophe Lienard, président d’Impact AI, directeur central de l’Innovation chez Groupe Bouygues, poursuit en rappelant les différents travaux menés par l’association, sur des thèmes aussi divers que le « recensement des formations supérieures dans l’IA », l’impact de l’IA pour les ouvriers dans l’industrie ou l’impact de l’IA sur différents métiers… En cours de finalisation également par le groupe de travail « Education », un module de formation de 3 heures aux biais de genre, en partenariat avec le Cercle Interelles et Simplon, destiné aux entreprises et aux écoles. Et un troisième chantier est lancé, consacré à voir « Comment l’IA peut aider à repositionner les enseignants sur la valeur ajoutée qu’ils peuvent apporter aux étudiants ? »

« Notre objectif est que nos travaux servent à un public le plus large possible, poursuit Christophe Lienard. D’où l’importance de communiquer auprès des associations, des institutions publiques, des entreprises, etc. pour que ce livre blanc, qui n’est pour nous qu’une étape, soit pris en compte et que la liste des solutions logicielles soit enrichie… Il faut que cela se transforme en actions concrètes, voire pourquoi pas à une labellisation comme cela s’est fait en matière de cybersécurité. »

Dans les actions du collectif à noter également leur « baromètre », une étude réalisée tous les deux ans avec l’Ifop, sur la notoriété et l’image de l’IA auprès des Français, évidemment jugée très omniprésente, mais encore mal identifiée ; et leur grand événement « AI Act Day » qui, cette année, sera consacré à la régulation européenne de l’IA.

L’IA responsable pour couvrir les risques

 « Avec l’IA générative qui est en train d’arriver, il est normal que les peurs existent et peuvent se comprendre, mais c’est aussi à nous, en tant qu’association professionnelle, de voir ce que l’on peut en tirer de positif, tout en n’étant pas naïfs non plus, ajoute Hélène Chinal. Nous l’avons vu dans notre étude sur l’impact de l’IA sur les métiers. »

Cette notion de risques est d’ailleurs sous-jacente, même si l’objectif d’Impact AI est d’être dans une démarche d’opportunités. « On ne peut pas construire sans montrer les risques et dangers, conclut Christophe Lienard, qui constate une réelle appétence sur cette question de l’IA responsable, notamment depuis la sortie de solutions d’IA générative (OpenAI, Alibaba, Amazon, Google…) fin 2022. Nous sommes au centre du jeu aujourd’hui, bien plus qu’à nos débuts. »