Indépendance Tech : Reprendre la main, doucement… localement

 

[Billet d’humeur] Onze collectivités locales s’allient pour évaluer et réduire leur dépendance aux logiciels numériques américains. Avec l’outil TIE Break, elles amorcent une transition vers plus d’autonomie technologique, posant ainsi les bases d’une souveraineté numérique à l’échelle locale, pragmatique et maîtrisée.

 

Il y a des sujets qu’on aborde toujours avec un brin de prudence. Celui de la souveraineté numérique, par exemple. Trop souvent réduit à un slogan, ou à un réflexe de méfiance, quand en réalité, il s’agit surtout de lucidité. Et d’un certain sens des responsabilités.

C’est exactement ce que semblent avoir compris les onze collectivités qui, à l’initiative du réseau Les Interconnectés, ont décidé de faire un pas de côté. Pas une rupture spectaculaire, non. Plutôt un mouvement réfléchi : mesurer leur dépendance aux logiciels et services numériques américains, et explorer les chemins pour en sortir – ou, du moins, pour en limiter les effets.

L’outil qu’elles mettent en place, baptisé TIE Break, ne prétend pas tout résoudre. Il vise à poser les bonnes questions, là où, souvent, les habitudes ont pris le dessus. Quelle est la part de nos outils numériques qui s’appuie sur des solutions extra-européennes ? Quels leviers avons-nous pour en changer, concrètement ? Et à quel prix, en termes de complexité, de formation, de continuité de service ?

Ce sont des interrogations de terrain, pas des postures. Car au fond, cette démarche n’a rien d’un rejet idéologique. Elle traduit surtout une volonté de rééquilibrer les choses. Repenser la place des solutions européennes dans les administrations locales, c’est aussi préserver une forme d’autonomie d’action. Une liberté de choix. Un respect des données qui circulent chaque jour entre les citoyens et leurs institutions.

Est-ce que cela suffira à inverser la tendance ? Sans doute pas tout de suite. Mais il faut bien commencer quelque part. Et ce genre d’initiative, posée, concrète, née du local, a au moins le mérite de remettre le débat sur la table, là où il compte vraiment : dans les pratiques.

Dans un monde numérique largement dominé par quelques grands acteurs mondiaux, reprendre un peu de contrôle n’est pas un luxe – c’est une nécessité stratégique. Cela se joue à bas bruit, sans tambour, mais avec méthode. Et, il faut le dire, avec courage.