Face aux défis rencontrés par l’industrie, Ask for the Moon propose de réinventer la gestion des compétences grâce à l’intelligence artificielle. La start-up, qui vient de lever 2,5 millions d’euros, s’appuie sur l’IA pour cartographier et fluidifier la transmission des savoirs dans un secteur en manque de main d’œuvre.
Dans l’industrie, attirer les talents est devenu un défi majeur. « Tous nos clients font face à d’énormes tensions à l’embauche, du jamais-vu auparavant », affirme Clément Dietschy, co-fondateur et PDG d’Ask for the Moon. Cette start-up, opérant dans les secteurs de pointe que sont le nucléaire, l’aéronautique ou le ferroviaire, propose une solution de gestion des savoir-faire grâce à l’intelligence artificielle. « Notre objectif est que chaque personne dans les entreprises puisse rapidement accéder aux collègues, au savoir et à l’expérience », indique-t-il.
À la suite de l’enchaînement du Covid et de la guerre en Ukraine, l’industrie est en effet confrontée à de grands défis stratégiques. Selon Clément Dietschy, cette situation génère une forte demande en matière d’emploi, difficile à satisfaire. « Les entreprises doivent exploiter les savoir-faire et les compétences existantes pour répondre aux transformations profondes », estime le co-fondateur de la start-up qui vient de lever 2,5 millions d’euros pour devenir, via sa plateforme de questions-réponses, un acteur référent dans la gestion des savoir-faire en “fiabilité, conformité et souveraineté”. « Les grands réseaux neuronaux peuvent jouer un rôle crucial », ajoute-t-il. Ask for the Moon s’appuie en ce sens sur des modèles d’intelligence artificielle pour cartographier les compétences au sein des entreprises.
Fluidifier grâce à l’IA
« Nous sommes bien plus précis dans cette cartographie, ce qui nous permet de comprendre comment obtenir des réponses à des questions que se posent certains collaborateurs et qui ont pu être résolues ailleurs dans l’entreprise », explique Clément Dietschy. Chez ces industriels possédant des savoir-faire très spécifiques et de plus en plus rares, l’intelligence artificielle soutient les collaborateurs. « Elle ne crée rien de nouveau, mais regroupe les savoir-faire existants », précise le co-fondateur. Elle contribue à briser les silos, fréquents dans les grandes entreprises. « Il faut que ceux qui ont la connaissance puissent avoir un impact et que les compétences se transmettent rapidement », indique Clément Dietschy.
Cependant, avec la fluidification de la transmission des informations apportée par l’intelligence artificielle, le risque pour les données confidentielles reste présent, surtout dans des industries sensibles. Le modèle d’IA développé par Ask for the Moon aborde ces enjeux en étant capable de détecter la sensibilité des contenus partagés. « Nous utilisons la machine pour aider nos clients à prévenir les fuites, les erreurs et la diffusion de fausses informations. C’est la clé », confie-t-il.
Une clé pour une réindustrialisation durable ?
Dans un contexte international tendu, la réindustrialisation de l’Europe a été remise sur le devant de la scène ; en France notamment où cet appel a été porté au plus haut niveau de l’Etat. « Pour réindustrialiser, nous devons réapprendre l’industrie », commente Clément Dietschy. Il croit donc nécessaire d’imaginer de nouvelles méthodes de production en capitalisant sur les compétences existantes. « Les gigafactories par exemple emploient des collaborateurs aux rôles très spécifiques. » Selon lui, c’est ce modèle qui peut inspirer l’industrie du futur. « Ce n’est pas l’IA qui va l’inventer. Les industriels doivent utiliser judicieusement le savoir offert par cette technologie pour créer les savoir-faire de demain », affirme-t-il. Le développement durable de l’industrie passe également par une gestion durable et pérenne des compétences techniques, clefs dans la préservation des avantages concurrentiels de ces entreprises.