Le désormais traditionnel rendez-vous des ESN & ICT de Numeum s’est tenu pour sa 7ème édition à la Comédie des Champs Elysées le mardi 8 octobre. Face à une période économique plus compliquée depuis l’an dernier et une conjoncture plus fluctuante, avec un ralentissement de la croissance économique, Numeum a souhaité suggérer à son écosystème un certain nombre d’actions offensives
En prélude à la soirée, Véronique Torner, sa présidente, a présenté la nouvelle gouvernance du syndicat. Elle est ensuite revenue sur l’annonce à la fin du mois d’août, lors de la Rencontre des Entrepreneurs de France du Medef, du Tour de France de l’IA, co-brandé Medef-Numeum. « Nous allons nous déplacer dans une vingtaine de villes, afin de sensibiliser nos acteurs économiques aux bénéfices qu’ils peuvent tirer de l’intelligence artificielle, a-t-elle expliqué. Ce sera un préambule à l’AI Action Summit, orchestré par l’Élysée, qui aura lieu les 10 et 11 février 2025. Labellisé par l’Élysée, ce Tour de France démarrera à La Réunion fin octobre ».
La soirée s’est poursuivie par la présentation par KPMG de l’étude « Grand Angle ESN & ICT 2024 », articulée cette année autour de quatre thèmes d’actualité : stratégies de croissance, gestion des talents, initiatives RSE et innovation. « Les acteurs du secteur profitent du ralentissement pour intégrer les acquisitions de l’an dernier et pour mettre en place ou mener à bien les plans de transformation préalables à la reprise de la croissance, a analysé Annelie Vidal, partner Valuation & Business Modelling chez KPMG. Dans ce contexte, 96% des répondants sont néanmoins confiants dans l’avenir et dans leur capacité à atteindre leurs objectifs grâce à une stratégie claire et une vision résolument tournée vers l’innovation et le numérique responsable. Le facteur de croissance le plus important reste la capacité à recruter (23%), suivi de la croissance externe et du positionnement sur des secteurs porteurs comme les services financiers, l’énergie et l’industrie ». Dans les stratégies de la croissance, il apparaît par ailleurs impératif d’être en mesure de construire et d’adapter des offres innovantes de manière rapide, et d’intégrer dans ces offres, et dans les delivery models, les aspects d’IA.
Créer un écosystème de l’innovation pour réussir
Malgré l’impact de la conjoncture sur les recrutements, les objectifs d’embauches à trois ans sont ambitieux, et ce sont les profils de plus de 3 années d’expérience qui sont les plus recherchés (75%). La cybersécurité fait la course en tête (26%) dans les intentions de recrutement. « La mise en place d’IA se traduit cependant par une baisse de 5% des objectifs de recrutement pour les grandes entreprises et de 19% pour les PME-TPE », a fait remarquer Maxime Charrier, senior manager chez KPMG. Cette année, l’élément majeur de rétention des talents est la flexibilité (télétravail notamment), supplantant la rémunération.
Priorité des innovations pour la croissance de demain, devant la cybersécurité et le cloud, l’IA est déjà utilisée par 73% des répondants pour des tâches administratives, l’assistance à la R&D (62%), ainsi que dans le cadre de la définition, de la conception et du déploiement de stratégies marketing. L’investissement dans l’IA devrait, à trois ans, représenter 1,2% du chiffre d’affaires des grandes entreprises et ETI et jusqu’à 5% pour les PME-TPE. « D’après les répondants, la collaboration externe est essentielle pour stimuler l’innovation, continuer à innover et rester compétitifs dans leurs offres », a noté Annelie Vidal.
L’étude montre par ailleurs que les critères ESG sont totalement rentrés dans les feuilles de route stratégiques des entreprises du numérique. 83% des répondants ont mis en place un comité RSE, 84% un suivi de leur empreinte carbone et un tiers ont déjà mis sur le marché des produits tech for good. « En plus d’être considérés comme un projet fédérateur, l’ESG est un moyen d’optimiser les performances, d’attirer et fidéliser les talents et de renforcer la confiance et la satisfaction des clients », affirme Maxime Charrier.
Souveraineté : vers des actions conjointes Cigref-Numeum ?
Convié par Numeum à ce 7ème RV des ESN & ICT, Jean-Claude Laroche, président du Cigref, s’est en particulier exprimé sur le thème, on ne peut plus sensible, de la souveraineté numérique. « Nos dépendances technologiques sont un sujet de préoccupation pour lequel nous avons besoin d’un appui, d’une assistance, d’un accompagnement des acteurs que vous représentez, pour nous aider à la fois dans nos stratégies et dans la maîtrise de nos systèmes d’information, a t-il lancé à la salle. Nos budgets informatiques sont toujours en croissance, de l’ordre de 5%. Or ce n’est pas ce que vous constatez bien souvent au niveau des ESN. Cela vient du fait qu’ils sont en train de changer de nature et de se déporter progressivement vers un certain nombre d’acteurs dont nous sommes extrêmement dépendants. Le fait que nous alimentions cette dépendance à travers nos façons de fonctionner et d’acheter conduit à encourager des pratiques liées à une absence de concurrence sur le marché ou à des positions dominantes d’un certain nombre d’acteurs. Ce qui veut dire que toutes les parts de nos budgets consacrées à ces acteurs ne sont pas consacrées au reste… Nos capacités à innover, à conduire des projets sont en train d’être comprimées…», a-t-il constaté. Le président du Cigref en a alors appelé aux cabinets de conseil pour aider les directions générales de ses entreprises à prendre de conscience que la stratégie technologique doit passer par une maîtrise de ces dépendances et un équilibre entre les différents prestataires, afin de profiter de la richesse et de la valeur ajoutée de tous. L’enjeu de taille sera sans doute remis sur la table lors de la prochaine assemblée générale du Cigref, à la mi octobre…