Pour la troisième édition de sa tournée mondiale, l’Intel Future Showcase a installé ses nouveautés à Paris, au sommet de la tour de la Maison de la Radio, pour une vue panoramique sur la stratégie du fabricant de micro-processeurs, qui entend rattraper les erreurs de son implication dans les devices mobiles. La firme de Santa Clara a dévoilé un pan inédit de sa stratégie : s’affranchir des intégrateurs pour une partie de ses solutions. Soit la vente de technologies intégralement développées de bout en bout, en guise de flagship industriel.
L’identité de la firme est explicitement imprimée sur les parois transparentes à mesure que l’on pénètre ce large espace lumineux de la tour de la Maison de la Radio, à Paris. A l’entrée, deux affiches célèbrent le cinquantième anniversaire de la loi de Moore. Intel n’a pas manqué l’occasion d’associer l’un de ses illustres fondateurs à sa vision d’un avenir radieux. « Cet avenir épouse les formes de l’Intel Compute Stick. Il s’agit ici du premier produit que nous développons à 100%, mais aussi une justification technologique de notre ancrage dans la miniaturisation des CPU pour ordinateurs », s’enorgueillit Yann Fichant, Field Application Engineer. Au-delà du vibrant symbole, ce « Next Gen PC », à peine plus grand qu’une clé USB, est une prise de risque commerciale assumée. « Ce produit, qui transforme n’importe quel écran en PC, signifie que nous comprenons et maîtrisons les nouveaux usages, ajoute-il, mais nous permet également d’adopter des discours inédits, car il s’adresse à de nouveaux clients finaux, sans fibre technologique. » Il est cependant révélateur de la volonté d’affranchissement d’Intel envers ses intégrateurs ; une façon pour le fabricant de micro-processeurs d’espérer se prémunir d’échecs, comme celui de l’acquisition manquée du fabricant de composants reprogrammables Altera, tout en faisant face à la concurrence de Qualcomm et AMD.
Le fondeur veut se réinventer
En disséminant ses produits comme autant de gages de savoir-faire industriels aux angles stratégiques de la pièce, le géant américain a également voulu renforcer la crédibilité de sa présence au sein d’un écosystème de terminaux mobiles et d’objets connectés, aux formes toujours plus variées. Mais ces nouveaux talents ont un coût. Malgré la « motorisation » de plus de 46 millions de tablettes en 2014, la perte d’exploitation de la division « Mobiles » de l’américain s’est montée à plus de 4 milliards de dollars l’année dernière. « Notre implication massive dans l’équipement de tablettes s’explique par l’usage de cette dernière, qui est plus proche de l’ordinateur que du smarpthone, et donc de nos compétences», analyse cependant Julien Laval, Business and Iot Marketing Manager Western Europe. Les technologies wearables, home networking et autre caméra RealSense 3D, présentées et équipées des micro-processeurs Intel Edison et Intel Galileo, relèvent plus pour leur part d’expérimentations technophiles. Elles témoignent également de rachats onéreux d’anciens partenaires tels que Basis en 2014, ou encore Lantiq – de quoi faire oublier la mésaventure Altera. En la matière, l’avenir dira à quel point l’acteur historique du micro-processeur arrivera à se réinventer autour de ses nouvelles ambitions commerciales.