Ce mardi 15 octobre, l’événement européen dédié au numérique et à l’intelligence artificielle, Big Data AI, a fait son retour aux portes de Versailles pour deux jours. Cette année, plus de 300 conférences et 200 entreprises exposantes tentent de relever les défis de l’innovation, incarnés par les villages “quantique” et “numérique responsable”.
C’est sous le signe de la prise de risque et du passage à l’acte que la nouvelle secrétaire d’État chargée de l’intelligence artificielle et du numérique, Clara Chappaz, a ouvert la 13ème édition du salon Big Data et IA. Dans son discours, elle a notamment invité les chercheurs, développeurs, experts de la tech et entreprises présents à intégrer et promouvoir l’IA dans le monde de l’entreprise. Avec un milliard d’investissements dans l’intelligence artificielle, la France se place en tête du marché européen, mais enregistre un retard certain quant à son adoption. Pour y remédier, Clara Chappaz a affiché sa volonté de dépasser la simple présentation de faisabilité (Proof Of Concept, POC) des innovations, au profit d’une utilisation quotidienne au sein des entreprises. L’objectif : mettre à disposition de tous les outils technologiques et éviter une nouvelle fracture sociale, déjà causée par l’arrivée du numérique. “Avec l’engouement de l’intelligence artificielle générative, beaucoup d’entreprises découvrent l’intelligence artificielle et souhaitent s’en emparer. Les grosses entreprises peuvent faire appel à des gens comme moi, spécialisé dans le domaine. La question, c’est plutôt comment accompagner les PME.”, témoigne Yoann Deluchat spécialisé dans l’accompagnement des entreprises dans le développement de l’usage de la data.
Faire de la France un chef d’orchestre
Le village quantique et le village numérique responsable ont fait leur entrée au salon. Les visiteurs, les questions et l’émulsion scientifique se bousculent sur ces stands, au cœur des nouveaux défis. Aucun doute pour les animateurs du village quantique, cette nouvelle technologie fusionnera avec l’IA. Youness Zaïm, développeur, est venu chercher ce partage des savoirs guidé par la philosophie de l’open science. À ses yeux, la France doit collaborer en interne et à l’échelle européenne pour devenir un moteur de l’innovation. Son seul regret : « l’année dernière, on parlait de cloud, aujourd’hui ils n’ont plus que l’IA générative et les réglementations à la bouche. Au salon, le marketing a pris le pas sur les débats scientifiques. » Contrairement au premier sommet sur la sécurité de l’IA, ayant eu lieu au Royaume-Uni en novembre 2023, qui s’est concentré sur les réglementations, la prochaine édition, organisée par Paris, aura pour thème le passage à l’action. “Comme les Jeux Olympiques, ce sera une façon de rappeler la vision particulière de la France et ses ambitions pour être dans la course. Pourquoi pas créer les règles de cette course”, conclut la secrétaire d’État.
Climat de peur chez les starts up
Face aux ambitions françaises, certaines start-ups comme Opscidia ou Dardotechs craignent cependant un manque de moyens financiers. En effet, le plan de programmation budgétaire annoncé ce 10 octobre par l’Etat restreint le nombre d’aides en supprimant notamment le CEI (crédit impôt innovation) et un statut du JEI, sans aucune mesure de remplacement. Les attentes grandissantes de l’Etat vont donc ironiquement à contresens des moyens décroissants des petites entreprises porteuses d’innovation. Ce trop peu de financements publics, non-compensés par les investisseurs privés français trop frileux, challenge les start-up dans leur recherche et développement, les risques d’être dépassés par les avancées bondissantes de l’IA paraissent d’autant plus dangereux lorsque les fonds manquent. Certains avantages concurrentiels, comme l’incorporation de Chat GPT 3.5, sont désormais obsolètes par exemple. Face à ces abruptes évolutions, les programmes des écoles, également présentes lors du salon, doivent s’adapter. Leurs intervenants, des professionnels du numérique donnant des cours, contribuent au programme scolaire chaque été et c’est à eux de repérer les prochaines compétences nécessaires. Il s’agit d’un rôle moteur pour réaliser la volonté de la secrétaire d’Etat : “se renforcer sur toute la chaîne de valeur” commence par une formation adaptée.