Opérateur historique de télécommunications, cette filiale d’ADP trouve son relais de croissance dans la mobilité. Arrivé en 2011 à la tête de l’entreprise, Patrice Bélie explique comment Hub One se déploie dans la fourniture BtoB de solutions globales de connectivité.
Bien que filiale d’ADP, on vous connaît peu. Quelle est l’activité de Hub One ?
Nous avons été créés en 2001, comme spin-off des services de télécommunications de notre maison-mère Aéroports de Paris. Par la suite, avec les rachats de Masternaut (géo-localisation) en 2009 et, en particulier, de Nomadvance en 2012, nous avons élargi notre offre de services à la fourniture de terminaux et d’applications métiers dans la mobilité et la traçabilité professionnelles. C’est cette combinaison de compétences, regroupant un opérateur de télécommunications et un intégrateur de solutions informatiques mobiles, qui caractérise notre offre de services « de bout en bout ».
Vous couplez donc deux métiers ?
En tant que fournisseur BtoB de solutions globales de connectivité, nous intervenons sur les systèmes de communications unifiées, la téléphonie sur IP multi-sites, les réseaux sans fil DECT ou encore les solutions Wifi… Par exemple, nous gérons l’un des plus grands hotspots Wifi de France sur les aéroports franciliens. Dans la mobilité et la traçabilité, nous déployons des flottes de terminaux mobiles personnalisés en entreprises (Conforama, SNCF) comme dans les entrepôts (Auchan)… Nous avons aujourd’hui une base d’environ 4 500 entreprises clientes, principalement en France.
Mais la concurrence est forte…
Nous sommes en concurrence frontale avec les grands opérateurs B2B [Orange Business Systems, SFR Business Team, Completel…, NDLR], alors nous restons modestes et collaborons aussi avec eux !
Quelle différence faire alors ?
Nous sommes une petite équipe – donc agile -, qui gère l’un des réseaux les plus exigeants de France. Nous sommes aguerris dans tous ces domaines et avons les capacités d’un opérateur au meilleur niveau du marché.
Pourquoi le groupe ADP conserve-t-il une filiale télécoms ?
D’abord, ADP doit gérer ses propres activités sur ses trois plateformes, qui accueillent plus de 90 millions de passagers par an. Ensuite, notre rôle consiste à développer des compétences et des offres de services au meilleur niveau du marché, sur de nouvelles technologies ou de nouveaux cas d’usage, que nous transposons du monde aéroportuaire à l’extérieur et inversement.
Quels secteurs regardez-vous principalement ?
Nous regardons en permanence les usages de nos clients et les secteurs verticaux. Les gestionnaires d’infrastructures de transport en général, toutes les activités aéroportuaires bien sûr, mais aussi le transport-logistique, la distribution – un aéroport est une immense zone commerciale ! – et les « utilities »… Autour des communications unifiées, nous visons la transformation du poste de travail. Nous élargissons notre offre à l’hébergement d’un certain nombre d’applications pour faciliter les transformations digitales de nos clients. Ensuite, nous avons un travail de prospection en direct et via notre partenaire américain Arrow, qui vend diverses applications métiers en mode cloud…
Les entreprises sont-elles prêtes à adopter les communications unifiées ?
C’est très variable, car il s’agit vraiment d’une numérisation de l’entreprise et de ses process. Toutes ne sont pas prêtes à adopter le télétravail, le nomadisme, le » flexoffice » (bureaux sans place dédiée)… Pour autant, les mètres carrés sont chers : si vous disposez d’espaces de travail pour 60 % de votre personnel, vous réalisez 40 % d’économies ! De même, beaucoup de sociétés s’organisent en mode projet. Les communications unifiées permettent de façon simple de gérer tout cela.
On peut dire la même chose de la mobilité professionnelle ?
Tout à fait. Un livreur circule et sa base arrière est mise à jour instantanément. En back-up, on peut lui réajuster continuellement son planning de livraisons… ce qui change tout. Dans un magasin, les vendeurs disposent de tablettes pour avoir en temps réel la même information que leurs clients qui surfent sur le web ainsi que des contre-propositions… Pour pouvoir facturer directement en rayon, il leur faut les promotions et les stocks à jour en permanence. C’est un axe fort de notre développement.
Sur quelles autres innovations travaillez-vous ?
L’innovation est dans tous nos domaines, mais nous mettons particulièrement l’accent sur l’hébergement et les usages : la mobilité dans la distribution, la reconnaissance vocale dans la logistique… Nous apportons de l’innovation dans des secteurs, y compris qui apparaissent relativement matures. Parfois, les cas d’usages se transposent. Une infrastructure RFID, déployée sur Roissy, par exemple, pour suivre les bagages dans l’aéroport, est aujourd’hui utilisée pour tracer les vendanges en Alsace. A plus ou moins long terme, nous réfléchissons aussi à l’international et à la mobilité de demain, avec l’arrivée du réseau mobile LTE [Long Term Evolution].
Mais vous êtes peu présents à l’international…
C’est une partie marginale de notre chiffre d’affaires, mais en croissance. Nous avons quelques clients acquis de façon opportuniste, en accompagnement de nos partenaires notamment. Nous continuerons ainsi tout en regardant attentivement les secteurs où nous sommes pertinents, ou pour accompagner nos clients français à l’export. Nous sommes coactionnaires dans une joint-venture, Cires Telecom, avec Tanger Med Special Agency au Maroc, qui gère notamment le Port autonome de Tanger. Le Wifi, par exemple, est une des offres où nous avons une crédibilité réelle. On peut monétiser de plus en plus ces services, avec de la publicité ciblée par exemple selon le profil des clients (géo-localisation indoor), que ce soit sur un aéroport, un stade de foot ou dans un centre commercial… Il s’agit là d’offrir de la valeur ajoutée à l’utilisateur final.
La 4G arrive. Quels changements en attendre ?
A terme, la 4G va tout changer. C’est un point clé pour nos clients qui ont des usages régaliens (pompiers, police, douanes…) ou critiques, en particulier dans le domaine aéroportuaire.
D’où ce pilote que vous venez de tester sur Roissy ?
En France, nous sommes le premier opérateur au service de tiers dans la norme Tetra (Terrestrial Trunked Radio), un réseau réservé aux usages professionnels des pompiers, de la police, des secours…. C’est dans ce cadre que nous expérimentons la » Professional Mobile Radio » sur LTE sur les bandes 400 et 700 MHz. Soit du très haut débit pour apporter essentiellement de la vidéo en temps réel sans avoir à subir l’encombrement des réseaux publics.Ce test grandeur nature est une première en Europe de l’Ouest, dans une infrastructure aussi complexe qu’un aéroport où il y a beaucoup de métal et de béton… Nous devons assurer un service continu à l’usage des entreprises qui ont des besoins critiques et ne peuvent pas se permettre des interruptions de services… On ira aussi couvrir des zones qui, même aujourd’hui en 3G, ne sont pas couvertes sur les aéroports. Or, il y a des besoins évidents d’une présence et d’un réseau partout. Les premiers tests sont très concluants
Cela nécessitera une licence ?
Oui et c’est un sujet qui se discute déjà avec l’Agence nationale des Fréquences (ANFR) et différents interlocuteurs publics. Si nous l’obtenons, nous déploierons ensuite un réseau. Mais, pour l’instant, nous n’avons aucun calendrier.
A propos d’Hub One
Hub One, filiale à 100 % des Aéroports de Paris (ADP), accompagne les entreprises et sites à forte fréquentation dans leurs projets d’évolution numérique. Le groupe compte 9 agences en France et 4 500 entreprises clientes. Avec 430 salariés, il a réalisé 131 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2013, dont la moitié provient de l’activité aéroportuaire.