Les Instituts de recherche technologique (IRT) et les Instituts pour la transition énergétique (ITE), unis au sein de l’association FIT, organisaient ensemble à Lille leur forum annuel la semaine dernière. L’occasion d’un point avec leurs représentants.
Pour la septième année consécutive, les 8 IRT français ont tenu leur forum annuel la semaine dernière. L’occasion de faire le point sur ce maillon essentiel de la chaîne de l’innovation industrielle française.
Sept ans après leur création, les IRT ont atteint l’âge de raison. Fin 2018, les chiffres cumulés représentaient 536 transferts technologiques en 2018, 474 dépôts de logiciels, 1847 publications scientifiques, 64 plateformes technologiques et une participation dans 66 projets européens. Ils rassemblent 764 industriels, dont plus de la moitié de PME (400) ainsi que 209 partenaires académiques. Au total, ils réunissent près de 1 800 personnes (effectifs propres, MAD, ETP et doctorants).
Avantage : les IRT font travailler ensemble des acteurs très divers, qui vont de la start-up au grand groupe international, du laboratoire privé aux grands instituts de recherche publique, du jeune doctorant au chercheur confirmé… Répartis sur tout le territoire (voir carte), les IRT couvrent 8 thématiques-clés : Technologies numériques, Microbiologie, Usine du futur, Matériaux, Métallurgie et procédés, Nanoélectronique, Systèmes ferroviaires, Aéronautique, Espace, Systèmes embarqués et Ingénierie numérique des systèmes.
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« Nos entreprises doivent capter le meilleur de la R&D française, explique Vincent Marcatté, président de l’association FIT, qui regroupe les 8 IRT. On veut un panel proposé aux entreprises le plus large possible pour favoriser les collaborations entre elles et la recherche publique. »
Leur modèle est inspiré d’initiatives existantes dans d’autres pays : technopôle Tiger-M de Bavière et instituts Fraunhofer en Allemagne, campus AIST de Tsukuba au Japon, ITRI à Taiwan et Engineering Research Centers (ERC) américains. La comparaison avec les instituts Fraunhofer montre des similitudes certaines en matière de vocation et de réalisations ; mais le niveau de développement n’est pas comparable puisqu’on compte 80 instituts Fraunhofer rassemblant plus de 30.000 personnes.
La nouveauté lors du forum cette année ? Les 17 Instituts pour la transition énergétique (ITE) ont rejoint l’événement, du fait de la volonté du gouvernement de les associer à la dynamique des IRT en matière d’innovation et de recherche partenariale publique-privée. Toutes ces structures étant nées du PIA2 partagent en effet les mêmes fondamentaux sur la recherche multi-partenariale intégrée. A fin 2018, les chiffres cumulés des performances des ITE représentaient 409 dépôts de logiciels, 1 803 publications scientifiques, 51 plateformes technologiques et une participation dans 128 projets européens, dont 13 en tant que coordinateurs. Ils rassemblent 499 industriels, dont près de la moitié de PME (224) ainsi que 293 partenaires académiques. Au total, ils réunissent près de 1100 personnes (effectifs propres, MAD, et doctorants). |
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Parmi les exemples à citer au niveau international, SystemX a lancé une collaboration de recherche avec l’institut de recherche automobile japonais JARI autour de la validation de la sécurité des véhicules autonomes. Leur objectif commun est de définir un référentiel commun pour la gestion des scénarios de validation de la sécurité du véhicule autonome.
En matière d’essaimage, la technologie optique Scintil mise au point par l’IRT Nanoelec et ses partenaires, fait l’objet de la création de la start-up deeptech Scintil Photonics, qui déploiera dès 2021 des solutions de transmission optique évolutives avec des coûts, des tailles et des consommations réduites d’un facteur 10 à 3 par rapport à l’existant.
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Diverses collaborations inter-IRT d’envergure ont également été menées cette dernière année, dont celle de « FIT Additive Manufacturing ». Les IRT Saint Exupéry, Jules Verne, M2P et SystemX proposent à l’industrie un positionnement sur l’ensemble de la chaîne de valeur et les principaux procédés de fabrication additive métallique. 18 projets sont actuellement en cours de réalisation et une douzaine en préparation.
Il y a également le projet « EngageAI », commun aux 8 IRT, qui vise à accélérer l’usage de l’intelligence artificielle dans les produits et services industriels. Ceci afin de leur permettre d’appréhender les technologies de l’intelligence artificielle ; évaluer et expérimenter les traitements de l’IA pour améliorer les processus, produits et/ou services ; apporter une meilleure maîtrise de l’IA en comprenant sa valeur ajoutée ; accélérer la mise au point et la réalisation de prototypes de valorisation des travaux, transférer les résultats et le savoir-faire chez les partenaires, et progresser dans la connaissance, mettre au point des méthodologies IA en s’associant avec les académiques compétents.
Un rapprochement souhaité Recherche publique/Entreprises
Même si la dynamique est bien réelle, Vincent Marcatté reconnaît qu’il reste encore beaucoup à faire. « Le monde académique doit être encore plus présents au sein des IRT et ITE, estime-t-il. Et nous devons davantage les impliquer dans nos travaux. Il faut fluidifier les opportunités à travailler ensemble. Pour autant, nous sommes dans un vrai écosystème d’innovation avec des doctorants de plus en plus nombreux qui sont embauchés par nos membres. »
« Ce rapprochement permettra d’offrir un panel plus visible aux entreprises », a ajouté Guillaume Boudy, secrétaire général pour l’investissement, qui a salué le travail réalisé pour le rapprochement de ces structures.
L’ouverture à l’international est également une faiblesse de ces structures, même si 80 % des IRT et ITE participent déjà à plus de 190 projets européens. « C’est un enjeu important pour l’Etat, rappelle le haut-fonctionnaire, de mobiliser les ressources pour faire levier sur notre recherche. » De même, il faut impliquer encore et toujours davantage de PME en leur donnant accès aux compétences des IRT-ITE, d’où un renforcement souhaité des relations avec les pôles de compétitivité, le CEA tech, les instituts Carnot ou les Satt.
Pour préparer l’avenir, FIT commence également à bâtir avec l’Etat une trajectoire de financement 2020-2025. Un nouveau règlement financier devrait donc être arrêté début 2020 avec la mise en place d’un modèle trois tiers (un tiers constituant un socle pérenne venant de l’État, un tiers de financement par les entreprises et un tiers de financement compétitif sur projets européens). L’implication des régions serait plus importante : « Elles doivent accompagner les IRT de différentes façons, ce peut être sur la partie immobilière ou via les pôles de compétitivité », précise Vincent Marcatté.
Quoi qu’il en soit, le dispositif global montre bien le besoin accru de compétences de R&D chez les industriels français. L’enjeu serait donc d’inciter davantage les chercheurs à aller vers le secteur industriel. Il faut leur faciliter les allers-retours entre secteurs public et privé. « L’innovation, les transferts de technologies croisés doivent servir à valoriser la recherche publique », conclut-il.