L’Institut franco-allemand pour l’Industrie du futur, officialisé le 8 avril 2016 entre Arts et Métiers de Metz et l’Institut de technologie de Karlsruhe (KIT), est inauguré ce vendredi 6 octobre à Karlsruhe en présence d’une quarantaine d’entreprises. Ivan Iordanoff, Directeur Général Adjoint, en charge de la Recherche & Innovation aux Arts et Métiers, détaille les prochains axes de travaux de l’institut et l’enjeu à venir pour l’Industrie du futur.
Comment est né le projet d’Institut franco-allemand pour l’Industrie du futur et quel sera son rôle ?
Ivan Iordanoff. Nous venons de fêter les 20 ans du diplôme franco-allemand entre Arts et Métiers et le KIT. Cette collaboration est ancienne et nous voulions prendre part au mouvement de collaboration franco-allemande autour de l’industrie du futur. L’Allemagne et la France ont chacune mis en place un plan Usine 4.0 et Industrie du futur. L’institut franco-allemand pour l’Industrie du futur s’inscrit ainsi dans cette démarche et doit servir de plateforme de recherche et de technologie pour les deux pays. Trois objectifs ont été définis : développer la recherche partenariale sur des problématiques posées par les industriels ; former des ingénieurs pour l’industrie du futur ; et créer un écosystème d’innovation, qui s’appuiera sur un incubateur transfrontalier. Cette structure doit permettre aux start-up d’être accueillies par le KIT ou les Arts et Métiers pour qu’elles développent une stratégie globale. Une soixantaine d’enseignants-chercheurs vont travailler au sein de cet institut et nous espérons lancer une vingtaine de projets industriels d’ici septembre 2018.
Sur quels sujets allez-vous travailler ?
Ivan Iordanoff. Nos équipes collaborent depuis déjà quelques années sur la conception et le pilotage de chaîne de production et les procédés avancés. Deux nouvelles thématiques ont été lancées depuis un an : l’une sur la réalité virtuelle et augmentée, l’autre sur la robotique collaborative. Ces travaux ont pour objectif d’aider à la conception en immergeant l’ingénieur dans une maquette virtuelle en temps réel. La réalité augmentée doit donner au technicien les bonnes informations au bon moment et faciliter la prise de décision. Il faut donc affiner le traitement de la donnée.
Où en est la France par rapport à l’Allemagne sur les questions d’Industrie du futur ?
Ivan Iordanoff. La France a loupé la révolution de la robotique, elle a pris du retard dans leur utilisation au niveau industriel. En revanche, elle a de vrais atouts dans le domaine du digital et des procédés avancés (fabrication additive). On observe dans chaque pays que les plans mis en œuvre sont influencés par l’histoire. Dans l’Hexagone, il y a une crainte que les robots détruisent les emplois. Le plan français Industrie du futur prend ainsi en compte la dimension humaine et la manière dont les machines dialoguent avec l’homme, alors que le plan Usine 4.0 de l’Allemagne est orienté davantage sur le digital. Or, nous sommes persuadés que l’entrée du digital dans l’industrie va amener une révolution au niveau organisationnel, dans les modes de travail ou de collaborations interentreprises. Tous les secteurs s’intéressent par conséquent à l’Industrie du futur et ils rencontrent des problématiques similaires : il leur faut une chaîne de production flexible et un accompagnement dans l’évolution des métiers. L’enjeu désormais selon moi est de travailler sur l’ingénieur augmenté, c’est la clé de la réussite. Les technologies sont faites pour faciliter les tâches de l’humain, le défi est de faire corréler ces progrès technologiques avec l’usage pour que les professionnels puissent prendre les bonnes décisions.
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