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Jacques Souquet, Supersonic Imagine – L’urgence d’une filière Medtech

La France doit se donner les moyens de recréer une filière Medtech pour faire émerger une nouvelle société française, voire européenne, de l’imagerie et du dispositif médical.La France doit se donner les moyens de recréer une filière Medtech pour faire émerger une nouvelle société française, voire européenne, de l’imagerie et du dispositif médical.

Plus de vingt ans après la vente de la Compagnie générale de radiologie (CGR), filiale du groupe Thomson, à l’américain General Electric, l’industrie française de la Medtech renaît grâce à des sociétés innovantes qui se sont toutes créées sur de véritables ruptures technologiques.

Fortes de leurs innovations et grâce aux fonds levés auprès d’investisseurs de premier ordre depuis leur création ou d’entrées en bourse, les sociétés Eos Imaging, Median Technologies, Intrasense et SuperSonic Imagine – que je dirige – dans l’imagerie médicale ; Mauna Kea Technologies dans la biopsie optique, Impeto Médical pour des dispositifs médicaux intéressant le diabète ; DBV Technologies pour un patch médical, etc.

Toutes relèvent le défi du marché des dispositifs médicaux. Elles ont réussi à imposer leurs innovations au niveau international et gagnent en parts de marché face aux acteurs historiques que sont General Electric, Philips ou Siemens, des spécialistes de l’imagerie et des dispositifs médicaux.

 

Une nouvelle concurrence émerge
Jusqu’ici peu représentés au sein du Snitem (Syndical national de l’industrie des technologies médicales), les patrons de l’industrie Medtech innovante française, dont Supersonic Imagine, Urgo, etc. ont lancé, sous l’impulsion d’André-Michel Ballester, P.-D.G. de Sorin, le groupe de réflexion InnoTechMed.

Ce laboratoire d’idées veut protéger l’industrie Medtech française et augmenter sa force de frappe, tant sur le territoire national qu’à l’international. En France en résolvant des problématiques clés comme le remboursement des actes médicaux, à l’international en conquérant les marchés sous une marque ombrelle dotée d’une puissance de tir commerciale et financière forte. D’ici à la fin de l’année, InnoTechMed publiera un livre blanc avec des propositions permettant d’éviter que la France ne laisse s’échapper cette filière clé. 

Notre pays dispose des atouts précieux que sont sa richesse d’innovation, un environnement académique de qualité ou un savoir-faire industriel incontestable et reconnu pour contrer les acteurs historiques et les géants de l’électronique B2C asiatiques qui commencent à s’intéresser de très près au marché de l’équipement médical de pointe.

Car une nouvelle concurrence émerge ! Ces géants asiatiques voient dans la filière médicale un gisement de croissance pérenne et solide avec des convergences technologiques qu’ils ont les moyens de développer. Les grandes manœuvres sont déjà en cours. Le géant sud-coréen Samsung a renforcé sa participation dans Medison, fabricant d’appareils de diagnostic à ultrasons, racheté la société Neurologica (scanner X compact pour le cerveau) et prépare le rachat d’autres sociétés. Fuji a repris, fin 2011, l’américain Sonosite. Sony vient d’investir 500 millions d’euros dans son compatriote japonais Olympus pour attaquer le marché de l’imagerie médicale et de l’endoscopie. Le géant chinois Mindray s’est emparé de l’américain Zonare Medical Systems (échographes) et Neusoft et Shanghai Electric s’intéressent de près aux Medtech, avec de gros moyens financiers et une ambition : créer un « General Electric » chinois.

Alors, que souhaite la France ? Créer les Alstom, GDF Suez, Essilor, Safran, Air Liquide de la Medtech ou regarder les groupes internationaux faire leur marché et s’approprier les innovations de rupture, fruits de partenariats public-privé ?

 

* Supersonic Imagine, fondée en 2005 à Aix-en-Provence, a réalisé 14 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2012 (+ 40 %), avec 130 salariés. Cette société d’imagerie médicale a levé, en 2013, 28 millions d’euros avec l’entrée à son capital du FSI (Fonds stratégique d’investissement) à hauteur de 14 millions d’euros et des fonds Alto Invest et KLSC (Kuwait Life Science Company) aux côtés de ses investisseurs historiques.

 

Cet article est extrait du n°5 d’Alliancy le mag – Découvrir l’intégralité du magazine

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