Jean-Charles Guillet (Total) : « Nous souhaitons mieux faire connaître nos domaines et thématiques d’innovation »

Head of Open Innovation chez Total, Jean-Charles Guillet revient pour Alliancy sur le renforcement de la politique d’Open innovation de l’énergéticien avec le lancement d’une nouvelle plateforme externe.

Alliancy. Vous avez lancé le 14 décembre dernier un tout nouveau site internet pour animer votre écosystème d’open innovation avec les start-up. Quel est l’objectif ?

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Début février 2021, Jean-Charles Guillet, responsable Open Innovation de Total Marketing Services, a été nommé à la présidence d’Innov’Acteurs.

Jean-Charles Guillet. Nous l’avons en effet mis en ligne mi-décembre pour une montée en puissance progressive et commençons tout juste à communiquer sur le sujet. Il s’agit de la nouvelle plateforme d’open innovation du groupe Total, qui a principalement deux objectifs. Le premier est d’être une vitrine de ce que fait le groupe en Open Innovation de façon à faire connaître clairement les domaines et thématiques d’innovation sur lesquels nous souhaitons travailler avec des acteurs externes. Ce site permet ensuite de lancer des appels à candidatures auprès des start-up sur des problématiques métiers très précises, de manière à sélectionner les « meilleures » pépites dans le domaine.

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Cette démarche revient en quelque sorte à digitaliser ce que mon équipe fait tout au long de l’année, c’est-à-dire rencontrer des start-up pour leur expliquer sur quels domaines nous travaillons et sur lesquels nous recherchons aujourd’hui des collaborations.

Concrètement, comment cela se passe-t-il ?

Jean-Charles Guillet. Dans l’onglet « Challenges » sur le site, vous trouvez par exemple une fiche « Plant 4.0 : Imagining the industry of the future » expliquant comment une start-up peut intégrer l’incubateur du groupe dédié à l’usine du futur et co-animé avec d’autres grands groupes industriels (Vinci, Veolia…). C’est un challenge quasi permanent chez Total. Egalement, d’ici à 28 février, deux autres projets sont proposés sur « La gestion des bâtiments énergétiques » et « L’optimisation de la livraison de carburant aux engins de chantiers »… Toutes les informations nécessaires pour candidater sur ces challenges continus ou ponctuels sont en ligne. Nous nous mettons ainsi à la portée de toutes les start-up.

Que se passe-t-il une fois que la start-up a postulé ?

Jean-Charles Guillet. Pour l’incubateur, si la start-up est retenue, elle pourra alors expérimenter en réel sa solution durant trois ou six mois sur les sites industriels de Total ou chez d’autres partenaires. La suite se décidera alors en fonction des résultats obtenus. Pour les autres challenges, plus ponctuels, une start-up qui postule, recevra un mail de bonne réception de son dossier et une réponse dans les 15 jours. C’est notre promesse après consultation interne. Si l’une de nos branches d’activité accepte de recevoir la start-up, un rendez-vous est fixé avec les équipes métiers. Ensuite, le processus est plus classique. Si la rencontre est satisfaisante, une expérimentation sera mise en place… [tout POC est rémunéré chez Total, NDLR]

Si nous avons plusieurs candidats pour un même challenge, nous présélectionnons les dossiers sur leur qualité et sérieux, qui seront présentés aux métiers. A ces derniers ensuite à nouveau de décider ou pas de poursuivre… On peut aussi retenir deux start-up.

Quel suivi faites-vous une fois ce rôle d’entremetteur achevé ?

Jean-Charles Guillet. Nous assistons aux premières réunions, puis, nous avisons avec le métier en fonction de leur souhait. Si le métier prend la main, on est tenu au courant via notre outil interne de suivi de la relation et des expérimentations réalisées avec les start-up. Enfin, nous avons des réunions très régulières avec les métiers pour échanger sur leurs besoins, les nouvelles start-up que nous avons pu repérer et de la situation des relations en cours…

Quel est le but de ce suivi que vous évoquez ?

Jean-Charles Guillet. Quand un dossier de candidature est accepté sur ce site externe d’Open Innovation, il est basculé automatiquement dans notre site « interne » pour suivre la vie du projet au sein de l’entreprise [les deux sites sont reliés par une API]. Ce qui nous permet à la fois d’échanger des informations entre les différents métiers, les expérimentations en cours et, de notre côté, d’avoir quelques indicateurs de suivi de l’ensemble de projets menés dans le groupe vis-à-vis de la direction générale.

Qu’est-ce que cette nouvelle plateforme vous apporte de plus par rapport au passé ?

Jean-Charles Guillet. Nous nous sommes rendu compte que, lors des rencontres (peu importe dans quel cadre) avec les start-up, elles ne savaient pas réellement ce qui intéressait le groupe… Nous avions donc un manque de communication en matière d’innovation. Notre site institutionnel par exemple parle davantage de recherche au sens large. Nous avions besoin de mieux informer l’écosystème sur nos thématiques d’innovation… C’est donc ce que l’on retrouve dans cette nouvelle plateforme.

Autre point également, nous souhaitons mieux qualifier les start-up que nous allons recruter via ce site. Avec un dossier normalisé, nous pouvons prendre du recul et réellement étudier les candidatures à nos différents challenges. C’est aussi l’occasion pour tous de gagner du temps.

Sans challenge qui lui correspond, une start-up peut-elle vous contacter ?

Jean-Charles Guillet. Bien entendu ! Elle peut candidater spontanément au sein d’une de nos thématiques d’innovation (onglet spécifique), c’est-à-dire sur les domaines dans lesquels nous voulons attirer des start-up… Elle peut alors nous présenter sa solution ou idée pour collaborer ensemble.

Comment est organisée l’innovation chez Total ?

Jean-Charles Guillet. Il y a quatre branches d’activités dans le groupe. Chacune a son pôle d’innovation, qui rencontre des start-up. De leur côté, les métiers aussi se sont mis à rencontrer des start-up… Au total, on doit environ en croiser une centaine par an. A ce jour par exemple, dans notre outil interne, nous avons recensé près de 900 start-up (à 90 % françaises), considérées comme potentiellement intéressantes pour nos métiers… et avec lesquelles ils peuvent entrer en contact s’ils le souhaitent. A savoir que dans cet outil, les métiers peuvent exprimer leurs besoins et obtenir directement une liste de start-up intéressantes.

Vous lancez cet outil en France, qu’en est-il de l’international ?

Jean-Charles Guillet. La France est un pays important pour Total, mais cet outil bilingue (français-anglais) nous permet aussi d’avoir une couverture et une visibilité beaucoup plus large à l’international. Avec cet outil externe, nos filiales disposent d’un bon outil pour mobiliser leur écosystème local… Ce qui nous permet d’internationaliser la démarche. Des start-up du monde entier peuvent répondre aux challenges…

Aujourd’hui, nous avons déjà quelques filiales étrangères qui font de l’Open Innovation, et pour lesquelles nous avons conçu un guide pratique, ludique et visuel, pour mieux les accompagner dans la démarche (KIT d’Open Innovation). Comment on se lance, à qui doit-on s’adresser, qu’est-ce qu’une expérimentation, etc. Depuis Paris, nous pouvons aussi conseiller certains pays pour progresser dans ce domaine… Notre idée est d’élargir le plus possible notre action au-delà de la France, voire au-delà de l’Europe.

Que pensez-vous de l’écosystème français de start-up ?

Jean-Charles Guillet. Globalement, il y a une réelle progression sur la qualité des start-up, et notamment en France. Chez Total, nous attirons des start-up de très bon niveau. Nous communiquons beaucoup auprès des incubateurs, des écoles d’ingénieurs, des grandes écoles… Il faut entretenir les relations avec tout l’écosystème.

Nous échangeons également beaucoup avec d’autres grands groupes, y compris les énergéticiens Engie et EdF. Nous avons beaucoup d’occasions de nous rencontrer, d’échanger sur les start-up… car c’est aussi dans l’intérêt de chaque groupe qu’elles ne soient pas mono-client. C’est du gagnant-gagnant pour tous.

Quatre start-up témoignent de leurs relations avec Total

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