Alliancy

Jean-Marc Lazard (Opendatasoft) : « Nous complétons et pallions des manques »

Après 10 ans et une nouvelle levée de fonds, Opendatasoft veut participer plus largement aux usages data internes des organisations. Sa recette ? Traiter la logistique de la donnée et fournir des expériences aux utilisateurs.

Alliancy. Suite à votre levée de fonds, quelles sont vos priorités stratégiques pour 2022 ?

Jean-Marc Lazard

Jean-Marc Lazard, Opendatasoft

Jean-Marc Lazard. La levée de fonds vise surtout à massifier un de nos positionnements et qui consiste à aller vers le monde des usages internes des organisations. Ces capitaux nous permettront d’être plus visibles et d’ancrer notre positionnement dans certains secteurs d’activité. Il s’agit de la banque, de l’assurance, industrie, télécoms, des services.

A lire aussi : [Tribune] Elections : à Strasbourg l’open data se met au service des citoyens

Nous y comptons déjà des clients, venus vers nous au départ sur le sujet de l’open data. Ils ont vu ensuite tout l’avantage qu’ils pouvaient tirer de nos solutions pour des usages plutôt métier.   

L’amplification de ce positionnement se traduira par des investissements marketing et commerciaux, mais aussi à moyen et long terme par l’évolution de notre solution. Au niveau de l’écosystème IT, cela suppose plus d’intégrations natives avec des applicatifs qu’on retrouve communément dans l’entreprise.

Opendatasoft a 10 ans. Pourquoi cette évolution stratégique en 2022 ?

J-M.L : C’est le bon moment. Nos clients ont atteint un certain stade de maturité dans la data et dans le déploiement des technologies qui y sont associées. Nous tirons des bénéfices de la maturité acquise par les organisations dans des domaines comme le stockage et le traitement en masse des données.

Pour autant, elles rencontrent toujours des difficultés à massifier et à démocratiser l’accès à la data. C’est cela que nous apportons. Nous aidons ces entreprises à traduire toute la valeur des investissements qu’elles ont réalisés dans les infrastructures.

Opendatasoft s’inscrit en complémentarité de briques logicielles déjà bien installées ou en cours de déploiement dans l’entreprise.

Des clients comme Euler Hermès avaient déjà étendu l’usage qu’ils faisaient de votre plateforme…

J-M.L : Sur les 5 premières années, nous nous sommes beaucoup développés au service des acteurs publics et de l’open data sous l’angle de la transparence. Le marché des entreprises a commencé également à adopter cette démarche. Euler Hermés en fait partie. Kering et la Maif sont également clients avec pour objectif de traduire leurs engagements sociétaux par la donnée. Ces projets s’inscrivent aussi dans des logiques d’innovation ouverte.

Nous poursuivons ces projets, tout en enclenchant une extension. C’est donc mettre des moyens sur un positionnement qui certes existait déjà, mais d’abord au travers d’opportunités.

Les organisations ont pris conscience qu’elles disposaient d’un actif data, disséminé un peu partout. Mais elles peuvent aussi plus facilement accéder à de l’open data. Un de nos différenciateurs, c’est de proposer nativement un catalogue de données ouvertes.

Quels usages peuvent faire les entreprises de ces données pré-intégrées ?

J-M.L : Dans le B2C, elles peuvent notamment contextualiser des données client et marketing en les rapprochant de données socio-démographiques. Notre plus-value, c’est une plateforme de mise à disposition de données pouvant être croisées avec de l’open data et fournies aux collaborateurs. 

Vous parliez de complémentarité d’Opendatasoft avec des briques existantes, mais c’est aussi une concurrence supplémentaire ?

Nous complétons et pallions des manques, plus que nous ne concurrençons des solutions comme la BI. Elles trouvent notamment leurs limites en matière d’industrialisation et de diffusion de données. Les outils de stockage, même s’ils disposent d’interfaces, ne sont pas nativement conçus pour exposer en masse des données.    

Nous allons donc nous intégrer à de nouvelles technologies. Mais ce positionnement nous amène également à développer des relations avec de nouveaux types d’interlocuteurs, dont les DSI. Ce ne sont pas les seuls. L’écosystème regroupe tous les métiers qui se sont engagés à mettre la donnée au service du business et de la création de valeur.

Mais des acteurs comme Snowflake ambitionnent également d’être des plateformes de données et de faciliter les usages. Nouveau positionnement rime donc avec concurrence nouvelle, dont parfois de grands acteurs ?         

J-M.L : Nous sommes dans un univers technologique de coopétition. A la complémentarité s’ajoute parfois un chevauchement entre les différentes briques. Pour autant, nous avons tous nos zones de force.

Le cœur de métier d’un éditeur comme Snowflake, c’est de révolutionner le monde de la base de données. Leurs interfaces d’accès aux données sont plutôt destinées à des utilisateurs avancés. D’ailleurs, nous avons des clients communs, notamment dans l’industrie, avec Snowflake ou Databricks. 

La coopétition se fait également sur la BI. Nous le constatons chez nos clients. Ces solutions ne permettent pas toujours de diffuser de la donnée en masse à des utilisateurs externes, de manière personnalisée et sécurisée. Nous ne nous substituons pas aux applications décisionnelles ou de stockage.

Les SI des entreprises sont de plus en plus orientés data. Et en fonction de leurs besoins, elles assemblent différentes briques. Veolia, qui est un de nos premiers clients, en est un parfait exemple. Opendatasoft y est présent depuis des années et fonctionne en interopérabilité avec GCP, leurs outils de BI, leur middleware IoT, et tout cela aux travers de connexions API.

Quelles intégrations SI allez-vous développer pour faciliter les déploiements de votre application ?

J-M.L : Nous nous définissons comme un logisticien de la donnée. Nous allons donc nous intéresser aux deux bouts de la chaîne. D’un côté, les lieux de stockage des données où elles sont traitées en masse, comme les gros acteurs du cloud. Nous avons aussi des connecteurs avec des outils CRM, dont Salesforce. De manière générale, il s’agit de permettre à nos clients d’aller référencer les données dont ils ont besoin.

A l’autre bout de la chaîne, sur la partie expérience, nous allons délivrer en propre l’expérience via un catalogue de données. Nous avons des années d’expérience sur le catalogue. Plus récemment, et c’est en beta chez certains clients, nous avons conçu complètement un nouveau studio de data visualisation. Nous proposons des interopérabilités avec les principaux outils du marché de la BI.

Quels sont vos atouts sur cet écosystème Data en pleine croissance ?

J-M.L : Déjà, nous traitons de la donnée et non de la métadonnée. Une grande partie des fournisseurs de catalogues de données ne gèrent que la métadonnée. C’est une limitation vis-à-vis des usages pour les utilisateurs finaux ou pour des développeurs. Le fait d’être une solution de mise en ligne de données pour le plus grand nombre est assez unique.

Notre 2e différenciant, c’est le tout-en-un. Pour publier de l’information, une organisation doit disposer d’outils pour exposer les API, pour la dataviz et un 3e pour permettre de télécharger des fichiers. Opendatasoft va remplacer ces trois outils.

Autre point, c’est la data native. Notre plateforme n’arrive pas vide, mais avec un catalogue d’open data préchargé. C’est une ressource qui vient compléter les ressources métiers. Enfin, notre modèle économique est un différenciateur. Nous avons bâti un modèle rentable sur une logique de volumétrie de data, dégressive. Pour démocratiser l’accès et l’usage de la donnée en entreprise, encore faut-il que le modèle économique le permette.

Quitter la version mobile