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Karine Picard (Oracle France) : « Les entreprises veulent rationaliser leurs outils et cherchent des solutions plus standards »

La conférence Oracle Modern Cloud Day, qui s’est tenue fin novembre à Paris, a été l’occasion pour l’éditeur américain de revenir sur les développements de sa stratégie Cloud et l’état du marché en France. Rencontre avec Karine Picard, sa nouvelle directrice générale à l’heure de l’annonce des résultats du dernier semestre 2019.

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Karine Picard, directrice générale, Oracle France

Alliancy. Comment s’achève l’année 2019 pour Oracle ?

Karine Picard. On vient de terminer notre 1er semestre puisque nos comptes vont de juin à juin. Mais, clairement, le chemin est toujours de continuer à croître nos parts de marché sur un certain nombre de domaines applications et technologiques, et de transformer notre base installée vers nos nouvelles solutions hébergées dans le Cloud. C’est un process continu chez Oracle depuis bientôt sept ans pour la partie applicative et avec une accélération depuis deux ans sur la partie technologique.

Sur la partie applicative, comment évolue votre offre RH ?

Karine Picard. Depuis neuf mois, nous avons une croissance exponentielle dans ce domaine, autant sur notre base installée que sur de nouveaux clients face à Workday et SAP. C’est une tendance marché car la partie RH est aujourd’hui vue comme un véritable levier de transformation par toutes les entreprises, que ce soient le CAC 40 ou le SBF 120, notamment celles qui ont des masses salariales importantes comme dans l’agroalimentaire ou la distribution, avec un grand besoin de flexibilité.

 

Et sur l’ERP ?

Karine Picard. A ce sujet, nous ne sommes qu’au début de l’aventure. De gros clients (Orange, Auchan…) nous ont rejoints pour transformer leur plateforme financière pour plus d’agilité, de rationalisation, mais aussi pour mieux supporter la croissance. Seuls 5 à 10 % de nos clients ont aujourd’hui franchi le pas, mais on sent que le marché bouge et les opportunités pour nous hors de notre base installée sont gigantesques, même si les décisions sont plus longues et les budgets conséquents. L’ERP reste une commodité, mais qui coûte très cher… pour peu de bénéfices métiers. Aussi, beaucoup d’entreprises veulent rationaliser leurs outils et cherchent des solutions plus standards comme l’ERP dans le cloud ou, d’autre part, la base de données autonomes.

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Aujourd’hui, la bascule vers le cloud pour les entreprises françaises est actée ?

Karine Picard. Globalement, oui, à part dans les entreprises stratégiques de défense ou encore, dans les banques concernant certaines activités. Mais le « move-to-cloud » est acté dans toutes les DSI, directions financières ou générales. Pour autant, les objectifs fixés il y a quatre ans étaient trop ambitieux. Aujourd’hui, les entreprises sont redevenues plus rationnelles, ne veulent plus partir avec un seul fournisseur. En fonction de processus critiques, logistique ou distribution notamment, elles choisissent plutôt tel ou tel prestataire. Elles cherchent surtout à construire une architecture multicloud qui fasse du sens, mais cela est complexe et prend plus de temps.

Oracle est-il vu comme un grand acteur du cloud selon vous ?

Karine Picard. Franchement non par rapport aux grands du marché que sont Amazon ou Microsoft. Mais, aujourd’hui, plus les entreprises descendent dans la migration de leurs processus critiques (qui tournent souvent sur des bases de données Oracle), plus nous sommes une alternative dans le cloud infrastructure. Sur la partie applicative, nous sommes par contre un des seuls providers à fournir autant côté ERP que RH ou expérience client, avec des compétiteurs très forts qui sont davantage des Salesforce ou Workday que les grands du cloud cités précédemment. Nous sommes leaders sur la plupart de ces marchés.

Quelles sont les enjeux de vos clients par rapport au cloud : la sécurité, l’IA, la souveraineté… ?

Karine Picard. La sécurité des données n’est plus leur premier sujet, hors secteur public, comme cela pouvait l’être il y a trois ans. Et ceci au vu du nombre de datacenters dont nous disposons en Europe et nos différentes offres dans ce domaine avec notre nouvelle génération de cloud. Leur sujet majeur concerne surtout le temps nécessaire à l’implémentation, l’adoption, avoir des projets qui délivrent des bénéfices rapidement… et évidemment l’intelligence artificielle. Ils veulent une plateforme qui sera prête pour le futur, prête à embarquer plus d’automatisation, même si ce n’est pas toujours d’actualité encore en interne chez eux.

[bctt tweet= »L’ #ERP dans le #cloud et la base de données autonome, nouveaux fers de lance pour @Oracle_France » username= »Alliancy_lemag »]

Et concernant la souveraineté ?

Karine Picard. Toutes nos données en cloud public sont hébergées en Europe, Allemagne et Pays-Bas. Nous avons également un Recovery Datacenter en Suisse du fait du Brexit. Pour les clients qui ne veulent pas que leurs données sortent de France, nous leur proposons notre solution « Cloud at Customer » qui leur permet de créer un cloud public que nous entretenons, derrière leur pare-feu. En France, cela concerne surtout des OIV qui doivent traiter à la fois la GDPR et la loi de programmation militaire.

Nous regardons toutefois à implanter un datacenter en France, même si nous ne sommes pas vus comme les Gafa. Nous avons conclu un partenariat avec Microsoft pour faire face à des Google et Amazon qui travaillent sur d’autres modèles de données… Nous sommes également beaucoup plus marqués BtoB que BtoC. Et, clairement, nous avons une carte à jouer dans des secteurs d’activité comme l’assurance, la banque, la distribution, l’industrie dont l’automobile ou le secteur public…

Quelles sont les difficultés que vous voyez pour l’adoption de l’IA ?

Karine Picard. Cela nécessite de disposer d’un flot de données qui soit pertinent, de qualité et structuré… Ce qui n’est pas toujours évident, notamment en termes d’investissements, pour les entreprises. C’est pourquoi nous avons décidé d’embarquer l’IA dans nos applications, sur des cas d’usages très particuliers comme sur le recrutement par exemple en RH.

Sur la taille des entreprises avec lesquelles vous travaillez, voyez-vous un élargissement ?

Karine Picard. Tout dépend des marchés. Mais, avec notre entrée dans le cloud, on travaille régulièrement avec des entreprises d’environ 100 millions d’euros de chiffre d’affaires. On a aussi beaucoup de PME familiales notamment qui adoptent nos solutions applicatives… Le rachat de NetSuite (logiciels de gestion basés sur le cloud) nous a permis de descendre à des clients qui font 10 à 20 millions d’euros de chiffre d’affaires, y compris des start-up en pleine croissance comme Doctolib par exemple. En France, un tiers des entreprises classées au Next40 utilisent Oracle NetSuite. 

Un parcours très IT

Après avoir occupé le poste de vice-présidente du développement des ventes et de la stratégie d’Oracle pour la zone EMEA depuis juillet 2017, Karine Picard a pris récemment la direction générale de la filiale française de l’éditeur californien. Pour remplacer Gérald Karsenti, l’éditeur a donc privilégié une option interne, puisque Karine Picard est entrée chez Oracle fin 2008 après être passée par SAP, Outlooksoft et Hyperion. Elle est diplômée de l’Ecole Supérieure Libre des Sciences Commerciales Appliquées (Eslsca).

 

Oracle en chiffres

  • 137 000 collaborateurs dont 1500 en France
  • 34,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2018
  • 430 000 clients
  • Datacenters aux Pays-Bas et en Allemagne pour l’Europe, et en Suisse.

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