Dans la course à l’innovation, le groupe Saint-Gobain a opté pour une stratégie atypique. Tandis qu’une équipe d’une vingtaine de personnes rencontre régulièrement des start-up, les collaborateurs du groupe sont, quant à eux, encouragés à développer leurs propres projets.
2016 était l’année de la confirmation pour l’open innovation. Les grands groupes ont massivement développé des initiatives dans ce sens et l’ont fait savoir. Cependant, certains dérogent à la règle. C’est le cas de Saint-Gobain qui reste plutôt discret sur le sujet alors qu’il s’intéresse depuis quelques années au monde des start-up. En décembre 2016, la finale de son « business challenge » a été organisée dans un restaurant parisien, en présence des participants et une poignée de journalistes. Ce concours, dédié à la rénovation de l’habitat et organisé en partenariat avec le réseau social Pinterest, a récompensé trois jeunes pousses et trois groupes d’étudiants. Dans la catégorie « start-up », DatchMe, showroom participatif de décoration, a reçu le premier prix. L’équipe « Petits Biscuits », issue de l’Institut de l’Internet et du Multimédia de Paris La Défense, s’est aussi imposée avec son projet permettant aux clients de suivre à distance l’avancement des travaux, via une interface de visualisation à 360 degrés.
Ce business challenge, dont c’est la première édition en France, a déjà été organisé en Russie et au Brésil. « Nous avons l’ambition d’organiser un évènement régulier dans la plupart de nos grands pays, car c’est un très bon moyen d’être en contact avec les start-up et les étudiants qui fourmillent d’idées », explique Fabrice Didier, directeur marketing de Saint-Gobain. Le comité exécutif est aux commandes puisque Pierre-André Chalendar, PDG du groupe, et Claude Imauven, directeur général, faisaient partie du jury. Ce concours était aussi une façon de se recentrer sur les clients finaux du constructeur français. « En repensant notre mission et notre raison d’être, nous avons souhaité donner une importance plus grande à l’expérience de nos clients finaux avec nos solutions et nos matériaux. Nous étudions de façon précise la façon dont les gens utilisent les matériaux de construction, qui, souvent sans qu’ils ne s’en rendent compte, leur apportent du confort et donc une vie meilleure. Les start-up et étudiants ont un œil neuf pour nous aider à trouver les bonnes solutions », estime Fabrice Didier.
Saint-Gobain mise sur l’intrapreneuriat
A côté de cette initiative ponctuelle, le géant français réalise une veille permanente des start-up, qu’elles exercent dans son domaine ou non. Depuis janvier 2016, il est associé à Impulse Labs, un incubateur parisien spécialisé dans l’énergie et la construction. Il fait partie des huit partenaires « corporates » du campus d’open innovation Partech Shaker et a également créé Nova External Venturing, une entité dédiée à la création de partenariats avec les pépites du monde entier. Mais pas question de parler d’accélérateur ou de venture capital ! « Nous n’aimons pas trop copier ce qui existe. Nous préférons nous approprier, internaliser, ressentir les choses…Pierre-André Chalendar n’a pas souhaité créer de nouveaux silos. Le digital est un sujet transversal qui concernent toutes nos activités », précise le directeur marketing. Ses ingrédients ? Une vingtaine de personnes issues des différents métiers de Saint-Gobain (isolation, vitrage…) et des fonctions opérationnelles (marketing, RH…).
« Le digital est le sujet de tous », insiste Fabrice Didier. C’est pourquoi le géant français a créé un statut d’intrapreneuriat il y a quelques mois…en toute discrétion. « C’est une initiative importante. Si un collaborateur souhaite réaliser un projet, nous l’aidons de différentes manières », résume-t-il. Concrètement, un collaborateur du groupe parle de son idée à son manager, qui la fait remonter au niveau de la direction du pays, qui organise son propre mode de sélection. Une fois le projet accepté, plusieurs éléments sont définis dans un contrat : le mode de fonctionnement, la durée du développement (18 mois maximum), les modalités juridiques (propriété intellectuelle, valorisation de la participation de Saint-Gobain si la société est lancée…). Pendant toute cette période « d’incubation », le salarié reste rémunéré par le groupe. Si le projet est viable, le collaborateur démissionne de Saint-Gobain et peut lancer sa propre entreprise qui entrera alors dans l’écosystème du groupe. Si le projet n’aboutit pas, le collaborateur réintègre le groupe. Le spécialiste de la construction espère bien développer l’intrapreneuriat en 2017. Si le business challenge est renouvelé, une catégorie « collaborateur » sera même ajoutée.
Saint-Gobain Date de création : 1665 |