Après la French Touch (luxe) et la French Tech (start-up), voici la French Fab. Objectif pour Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, ce matin lors du lancement de ce nouveau label : mettre en valeur l’écosystème de l’industrie française, lui redonner fierté et confiance.
« La France n’a pas à rougir de son industrie. Il faut lui redonner confiance », a expliqué Bruno Le Maire ce matin, lors du lancement officiel du label French Fab, devant un parterre de représentants de l’industrie française. L’initiative n’est pas totalement nouvelle. Elle existe déjà depuis plusieurs mois au sein de Bpifrance, à l’origine de ce label.
Après les start-up regroupées au sein de la French Tech, l’institution financière cherchait là à valoriser les ETI et PME accélérées dans ses incubateurs. Bruno Le Maire a d’ailleurs rappelé avoir doublé l’objectif d’entreprises accompagnées par Bpifrance qui passera à 4 000 dans les quatre ans. « Avec l’ombrelle de marque French Fab, on peut révéler la grande richesse de ce tissu industriel, donner envie aux gens de les accompagner, aux jeunes de rejoindre ces entreprises », résume Nicolas Dufourcq dans son interview sur la French Fab. Cette orientation sera notamment sensible lors de la troisième édition du grand rendez-vous annuel dédié aux entrepreneurs Bpifrance Inno Generation, le 12 octobre prochain à l’AccorHotels Arena de Paris, ou plus de 30 000 participants sont déjà inscrits.
Car la French Fab désigne l’ensemble du système industriel français, des plus petites aux plus grandes entreprises. Dans un contexte de crise économique et après des années de french-industrie-bashing, le développement industriel représente à la fois un défi et un enjeu pour l’économie du pays, de par son effet d’entrainement important. « La French Fab sera un porte-étendard à l’export notamment », a rappelé le ministre. La marque aura d’ailleurs un stand à la prochaine Foire d’Hanovre au printemps prochain. Une manière d’y montrer tout notre savoir-faire.
Pour faciliter les choses pour les entreprises, pas de label à obtenir : « Il s’agit d’une marque ouverte dont chacun pourra se saisir », explique-t-on chez Bpifrance. Les régions également doivent s’emparer de cette marque pour entraîner tout le tissu industriel local.
« Il faut retrouver en France une culture industrielle nouvelle, fondée sur des savoir-faire ancestraux et des innovations les plus pointues », Bruno Le Maire, ministre de l’Economie
Au-delà, le ministre a appelé les participants à choisir « le cap » d’une industrie de l’innovation. « La révolution digitale en cours, les révolutions technologiques en cours sont une opportunité sans précédent pour notre industrie de se réinventer », a-t-il déclaré, estimant que « le moment est venu de redonner un élan à notre industrie nationale »
French fab : l’emblème d’une « équipe de France » de l’industrie
- Plus d’innovation
- Plus de digital
- Plus d’international
- Plus d’attractivité pour les jeunes
Bruno Le Maire a ensuite listé les six défis auxquels l’industrie française est confrontée : formation, fiscalité, coût du travail, innovation et Europe. Pour soutenir l’innovation, il a proposé d’ouvrir une réflexion à propos des allègements de charges sur les salaires des plus qualifiés, au-delà des seuils actuels.
S’il était jusqu’ici « justifié d’alléger massivement les charges sur les salaires les plus bas et sur les niveaux de qualification les plus modestes, je pense qu’il ne faut pas fermer la porte à des allègements de charges plus importants, au-delà de la limite des 2,6 Smic », a-t-il précisé.
« La France est appauvrie, la France est désindustrialisée, la France a perdu des emplois parce qu’elle n’a pas voulu mettre en place la politique fiscale que nous mettons aujourd’hui en place », a ajouté Bruno Le Maire, grand défenseur de la réforme de l’ISF. « Je crois à la nécessité de créer des richesses avant de les redistribuer et d’alléger la fiscalité sur le capital pour que nos entreprises puissent mieux se financer, investir et innover. »
Le ministre a par ailleurs précisé que le Fonds pour l’innovation de rupture, annoncé par le gouvernement, serait disponible dès le début de l’année prochaine. « Ce fonds sera doté de 10 milliards d’euros, a rappelé le ministre, ce qui produira 200 à 300 millions d’euros disponibles par an, qui seront investis dans des grands projets d’innovation de rupture ».
Il s’est également dit « prêt à étudier non seulement son déplafonnement, qui ne concernera que les grandes entreprises, mais surtout la simplification d’un certain nombre de règles qui permettraient aux très petites entreprises et aux PME (d’y) avoir accès plus facilement ». Ceci devrait faire partie du futur projet de loi de transformation des entreprises, qui sera présenté au printemps prochain.
L’industrie en 2017, un sursaut fragile
Aplix, Byd, Deroche, Flex’N’Gate, Metabolic Explorer, Jean Caby, Esker, K-Line… Chaque jour, des usines annoncent de nouveaux investissements ou des plans de recrutement. Non, l’industrie française n’est pas morte ! C’est ce que prouve le dernier bilan publié par le cabinet parisien Trendeo.
Selon les données du cabinet Trendeo publiées le 28 septembre, les chiffres concernant les « ouvertures » d’usines en France dépassent enfin celui des « fermetures » (avec un solde net de 26 nouvelles usines). Une première depuis 2009 ! On ne peut pas encore crier « cocorico », mais ça prouve toutefois que l’industrie vit une réelle embellie, après l’hémorragie de ces dernières années (114 000 emplois perdus depuis 2009).
Cette situation est notamment due au nombre de fermetures d’usines en baisse : 61 au 31 août (contre 136 sur toute l’année 2016 et près de 400 en 2009), quand les créations d’usines s’affichent au nombre de 87 sur les huit premiers mois de l’année (il y en avait eu plus de 130 l’an dernier).
A noter que les nouvelles unités créées changent de périmètre. Plus automatisées, elles sont aussi plus petites, avec moins de salariés (maxi une cinquantaine contre 90 en 2009). De nombreux « petits » projets industriels, allant de 10 à 20 millions d’euros, éclosent régulièrement sur tout le territoire, le plus souvent d’ailleurs pour renouveler un bâtiment obsolète ou un outil industriel vieillissant… Ce n’est donc pas ce secteur qui créera les emplois tant attendus demain.
Si Trendeo note que 13 629 postes ont été créés sur les huit premiers mois de l’année, l’industrie, selon l’Insee, continue de détruire de l’emploi salarié avec 7 700 postes en moins sur le 1er trimestre par rapport à la fin 2016.
GFI + Cercle de l’industrie = France Industrie
A l’occasion des annonces du ministre de l’Economie et des Finances en faveur d’une mobilisation de la communauté industrielle, les principales organisations représentatives de l’Industrie française, le GFI et le Cercle de l’Industrie, regroupent leurs forces, autour d’une structure et d’une gouvernance commune.
Objectif : devenir l’interlocuteur de référence en matière de politique industrielle auprès des pouvoirs publics. « Nous souhaitons parler d’une seule voix, plus forte, pour remettre l’industrie française au cœur de la politique économique de la France et ainsi amplifier la reprise économique qui est en marche », a rappelé Philippe Varin, président du Cercle de l’Industrie. C’est d’ailleurs lui, actuel patron d’Areva et ancien patron de PSA, qui devrait prendre la tête de ce futur ensemble. « J’ai un rêve, a-t-il précisé ce matin à Bercy, que l’industrie française puisse s’exprimer d’égal à égal avec le Bundesverband der Deutschen Industrie (BDI) allemand ou la Cofindustria italienne ». Ensemble, le GFI et le Cercle de l’industrie représentent la grande majorité des entreprises françaises, de la PME au grand groupe.
À lire aussi sur Alliancy :
- Dossier : Industrie : En route vers le futur