Priorité au numérique responsable pour La Poste et la SNCF à l’occasion de l’édition 2023 de Vivatech. Pour la SNCF, la ‘Tech se veut surtout pour les humains’, y compris pour l’IA. La Poste ambitionne, elle, d’être un leader de la confiance numérique.
Les grands salons high-tech, à l’image du CES de Las Vegas, tiennent souvent de la vitrine technologique pour des projets qui ne verront jamais le jour ou impossibles à industrialiser en entreprise. Ils sont aussi l’image d’une certaine frénésie, bien peu conciliable avec des enjeux environnementaux et responsables. Cette époque est peut-être révolue désormais.
La SNCF, qui se prépare à présenter plus d’une centaine de projets à l’occasion de Vivatech 2023, tient incontestablement à prendre ses distances à l’égard de cette vision du digital. Son slogan, pensé pour l’international : « Tech for people, by people. » Ce sera son fil rouge pour les 4 jours du salon parisien.
L’IA stratégique sur l’expérience client et la maintenance
Le groupe défend « une Tech utile au quotidien, une Tech à impact, une Tech au service d’une société en mouvement, solidaire et durable. » Sur ses initiatives en matière d’intelligence artificielle, pas question donc d’y déroger. VivaTech sera l’occasion pour SNCF d’en témoigner au travers de plusieurs projets.
Sur la maintenance par exemple, sa filiale SNCF Matériel s’est dotée d’une solution d’IA basée sur la computer vision, la vision par ordinateur. Ces techniques sont exploitées au sein d’un outil numérique d’aide au contrôle qualité par reconnaissance d’images.
Rappelons que la factory Data & IA de la SNCF a déjà développé un modèle prédictif de machine learning pour aider les approvisionneurs de la branche Matériel dans leurs prises de décisions. Et chaque résultat fourni au métier est expliqué à l’utilisateur pour favoriser l’adoption.
A destination de ses agents, l’industriel développe aussi le projet Stability. Le principe : mobiliser « un modèle prédictif d’équilibre et des dispositifs d’accompagnement personnalisés » pour « limiter les risques de chute de plain-pied. »
Transformer pour prédire les retards et gérer la circulation
Sur l’IA, le voyagiste insiste plus particulièrement sur les usages au service de l’expérience client. Ceux-ci prennent notamment la forme d’un chatbot, ToutOui. Son but : « vous aider à déposer et suivre votre demande ou de vous orienter vers le bon service. » Problème lors d’un achat, échange de billet, retard de train… Le chatbot doit aiguiller l’internaute, améliorer le taux de traitement et donc soigner le NPS.
Sur les retards, un sujet sensible, SNCF Réseau a collaboré avec DGEX Solutions pour concevoir une IA capable « de prédire le retard des circulations et d’en réaliser un état prévisionnel. » Transformer sert ainsi « aussi bien la gestion opérationnelle des circulations que l’information transmise aux voyageurs. »
Sur l’IA, SNCF n’a pas connu un parcours sans faute – pas plus d’ailleurs que les autres entreprises, malgré les belles vitrines qu’elles présenteront sur Vivatech. La barre de recherche basée sur l’IA de SNCF Connect a connu quelques déboires.
La Poste a certainement aussi des ratés à son actif. La lettre rouge digitale par exemple ? Sur le numérique de confiance et l’IA responsable, le groupe n’en demeure pas moins une référence. Son plan stratégique 2030 et la création d’une école de la Data et de l’IA en sont des illustrations, parmi d’autres.
Son ambition à présent : « devenir un leader de la confiance numérique en France et en Europe. » Et cela vaut donc aussi pour l’IA « utilisée dans un cadre éthique et mise au service de l’humain. » Dans ce domaine, La Poste peut s’appuyer sur ses filiales expertes Probayes et Openvalue.
Computer vision, robots de tri, Objectif IA : usages et formation pour La Poste
Le groupe leur doit par exemple une expérimentation de prévention des troubles musculo-squelettiques et une solution de reconnaissance dans l’image. Via la computer vision, La Poste estime améliorer l’analyse des images collectées par des caméras installées sur les voitures des facteurs.
L’IA trouve aussi sa place dans les robots autonomes testés par l’entreprise, comme par DPD au Royaume-Uni avec des livraisons autonomes depuis juillet 2022 à Milton Keynes dans deux quartiers. Les robots conçus par Cartken livrent jusqu’à 30 colis par jour. Un PoC de robot autonome est aussi en cours en région parisienne sur la plateforme Colissimo du Thillay.
« Cette solution industrielle innovante automatise le traitement des petits colis parfois instables sur les trieurs et complexes à trier. Précurseur, La Poste est parmi les premières postes européennes à utiliser cette technologie innovante », revendique-t-elle.
En parallèle des usages, La Poste développe la formation à l’IA auprès du plus grand nombre. Cela prend notamment la forme d’un cours en ligne à destination de tous les postiers : Objectif IA. Fin 2022, plus de 25.000 postiers avaient suivi la formation.