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La question des compétences au cœur de la transformation des prestataires du numérique

Le Club des partenaires a organisé son 74e dîner-débat dans les salons de SwissLife Banque privée, place Vendôme, en partenariat avec Alliancy. Au cœur de la soirée, les problématiques rencontrées par les acteurs du numérique dans leur transformation, en particulier sur la difficulté à trouver les bonnes compétences sur le marché. Et un dialogue entre les deux grandes organisations représentatives que sont le Cigref pour les grandes entreprises utilisatrices et Syntec Numérique pour les prestataires du numérique.

Pour la première table-ronde, le Syntec Numérique et le Cigref ont mis en avant une relation difficile avec les éditeurs et la nécessité de former les collaborateurs.

Pour la première table-ronde, le Cigref a mis en avant une relation difficile avec les éditeurs et Syntec Numérique, la nécessité de former les collaborateurs.

Dans les salons de SwissLife Banque privée récemment refaits à neuf, une cinquantaine d’acteurs du numérique se sont retrouvés mercredi 3 octobre pour échanger sur leurs problématiques de transformation, dans le cadre du 74e dîner-débat du Club des partenaires. Deux tables-rondes se sont succédé : la première a réuni Bernard Duverneuil, président du Cigref, et Godefroy de Bentzmann, président de Syntec Numérique, qui ont évoqué respectivement, les relations entre éditeurs et entreprises et les enjeux de la formation. La seconde s’est focalisée sur les retours d’expérience d’Hermès, de General Electric France et de Guy Degrenne.

D’entrée de jeu, le Cigref a déploré l’état d’esprit des éditeurs envers leurs clients. « Concernant le passage au cloud, les éditeurs n’ont pas tenu leurs promesses. Les modèles proposés sont obsolètes et les compétences requises sont absentes », constate Bernard Duverneuil. C’est surtout ce dernier point qui freine de nombreuses entreprises, quand on les interroge sur la question. « Nous avons besoin de compétences précises en intelligence artificielle et en data engineering. Beaucoup d’éditeurs affirment les maîtriser mais on ne sait pas comment s’en assurer », confiait par exemple en amont du dîner, Olivier Rull, fondateur de la start-up Domos Kit, qui propose un transfert de contrats en ligne lors d’un déménagement.

Favoriser la reconversion des salariés

Syntec Numérique est bien conscient des enjeux pour ses membres. Par la voix de son président Godefroy de Bentzmann, le syndicat a également insisté sur la nécessité de renforcer à la fois les formations pour inculquer aux jeunes des savoir-faire autour de la donnée, des algorithmes et de la sécurité ; mais aussi les reconversions au numérique pour diriger les métiers qui deviendront inutiles avec le digital vers de nouvelles attributions à valeur ajoutée. « Nous assistons à une véritable crise, à une bataille des talents même. Les compétences actuelles seront obsolètes dans 5 ans donc ce sujet doit être notre carburant pour les années à venir. » Syntec Numérique travaille ainsi fortement sur ces sujets pour encourager les reconversions de salariés et préparent de nouvelles initiatives sur le sujet dans les semaines à venir.

Céline Malgras, CDO chez Guy Degrenne jusqu’en 2017, a, elle-aussi, été confrontée à cette problématique. « J’ai rejoint l’entreprise pour y développer le digital mais je me suis rendue compte qu’en interne, je n’avais pas d’interlocuteur avec qui travailler », témoigne-t-elle. Face à cette situation, le Cigref constate un report des entreprises vers d’autres acteurs. « Elles se tournent soit vers des solutions alternatives, comme l’open-source, soit vers des éditeurs plus petits ou spécialisés », souligne Bernard Duverneuil, qui met également en avant l’importance de qualité humaines – les soft skills – tout aussi rares et précieux, pour la réussite de projets de transformation.

Une transformation par « petits pas »

Une cinquantaine de personnes ont pris part à ce 74e dîner-débat.

Présent à la soirée, le président d’Orone France, Bernard Poll, confirme qu’une forte demande l’a poussé à lancer une nouvelle offre cloud, dont la promotion sera la priorité en 2019. A la clé de profonde transformation pour son organisation et l’évolution de ses compétences. De son côté, l’éditeur dans le domaine de la santé Cegedim prévoit de se focaliser sur les PME et ETI. « Notre objectif aujourd’hui est d’adresser cette cible car ces entreprises ne connaissent pas les prix et comment choisir une solution. Nous voulons établir une grille à leur attention, vulgariser les enjeux et leur proposer une dématérialisation sur un large périmètre », annonce Emilie Urbany, directrice de la transformation digitale. Là encore, l’organisation doit prévoir des conséquences en cascade pour changer ses modes de fonctionnements et adresser les « attentes numériques » de ce nouveau marché.

Pour Laurent Bédé, Directeur BI et Nouveaux usages dans le secteur du luxe, la difficulté actuelle des prestataires du numérique et donc de leurs clients, tient principalement en une « complexité accrue de l’informatique » : « Les acteurs ont du mal à comprendre ce qu’est l’intelligence artificielle et la blockchain et les intégrateurs ne savent pas formaliser une proposition en mode agile. » Beaucoup, comme GE France, avancent à tâtons en enrichissant progressivement leur boîte à outils : la création d’une digital factory en interne peut alors être un catalyseur de ces changements, de nature à challenger les prestataires… mais n’est pas un long fleuve tranquille. « Nous observons que nos clients tentent de se transformer par petits pas ; et c’est à mes yeux une stratégie payante car cela permet de conserver la confiance dans l’entreprise tout en intégrant des éléments de rupture technologique », conclut Jean-Claude Guyard, responsable de la coordination de l’ensemble des Applied Innovation Exchanges de Capgemini en France. Une remarque qui est au final valable tout autant pour les éditeurs de logiciels et les prestataires du numérique que pour les entreprises utilisatrices de leurs solutions.

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