Durabilité, résilience, intelligence artificielle, évolution des compétences… Comment se dessine l’avenir de la supply chain ? Les réponses avec l’association professionnelle France Supply Chain by Aslog.
Dans un contexte mondial marqué par des pressions croissantes et l’anticipation de mutations majeures, un vent d’innovation souffle sur la supply chain. Ce tournant exige une mobilisation collective pour construire des modèles inédits et transformer en profondeur les chaînes de valeur. Ces transformations impliquent des ajustements technologiques, logistiques, écologiques, organisationnels et humains. Telles sont les réflexions actuellement menées par France Supply Chain by Aslog qui, chaque année, rassemble plusieurs centaines de participants lors des Rencontres Internationales de la Supply Chain (RISC). « Les RISC prouvent que l’innovation, l’agilité et la coopération sont les piliers d’une Supply Ccain capable de relever les enjeux actuels et futurs. Il est temps d’oser des modèles performants, plus sobres, durables et humains. Ce faisant nous penserons autrement nos flux, nos processus, nos organisations et même nos offres de valeur », déclare Yann De Feraudy, Président de France Supply Chain.
La circularité passe à l’échelle
La transition vers une économie circulaire repose en grande partie sur l’adoption d’une Supply Chain circulaire. Cette approche repense les flux logistiques et de production pour maximiser l’utilisation des ressources, réduire les déchets et limiter l’impact environnemental. Bien qu’elle nécessite un investissement stratégique, cette démarche est désormais indispensable face aux enjeux climatiques, aux contraintes réglementaires et à la raréfaction des matières premières sensibles. Les entreprises qui intègrent des méthodes circulaires constatent des bénéfices concrets : une meilleure fidélisation des clients éco-conscients et une valorisation de leur image de marque. Des exemples emblématiques, comme celui de Schneider Electric, montrent que les flux circulaires sont désormais en cours d’industrialisation, y compris au-delà des frontières françaises. L’ambition n’est pas de construire des circuits parallèles, mais de les intégrer pleinement dans les processus existants.
Des solutions inspirées par la nature
Cependant, le véritable moteur de cette transformation n’est plus uniquement incitatif : les réglementations deviennent de plus en plus strictes, et le coût de l’inaction risque de dépasser celui des actions mises en place. Ainsi, investir dans une supply chain circulaire est autant une opportunité qu’une réponse aux potentielles sanctions. L’entreprise Carbios, dont le siège social est à Clermont-Ferrand, développe ainsi des solutions biologiques pour réinventer le cycle de vie des plastiques et textiles. Inspirée par la nature, elle industrialise des procédés à base d’enzymes pour déconstruire les plastiques avec pour mission d’éviter la pollution plastique et textile, et d’accélérer la transition vers une économie circulaire. Ses deux technologies innovantes dédiées au biorecyclage du PET (polytéréphtalate d’éthylène) et à la biodégradation du PLA (acide polylactique) sont en phase de montée en échelle industrielle et commerciale.
La force des écosystèmes collaboratifs
Avec 70 % du fret mondial transporté par voie maritime, les voiliers cargos émergent comme une solution prometteuse pour réduire drastiquement l’empreinte carbone. En exploitant l’énergie éolienne, ces navires peuvent théoriquement réduire leurs émissions de CO2 jusqu’à 90% par rapport aux navires conventionnels, notamment sur les longues distances. En France, des acteurs clés redéfinissent le transport maritime : Hisseo et son voilier-cargo qui réduit les émissions de CO₂ jusqu’à 90 %, Neoline et sa propulsion vélique couvrant 60 à 70 % des besoins énergétiques, LDA (Louis Dreyfus Armateurs) qui intègre voiles actives, ailes rigides et kites pour divers besoins. Sans oublier Zéphyr & Borée, pionnière du transport maritime à la voile moderne qui conçoit des navires de commerce équipés de voile et utilisant des carburants alternatifs aux énergies fossiles. L’Organisation Maritime Internationale fixe le cap d’une réduction des émissions de CO2 de 50% d’ici 2050. C’est dans ce contexte que s’inscrit la Shipper Coalition for a Low Carbon Maritime Transport (SCLCMT), une co-association France Supply Chain – AUTF (Association des Utilisateurs de Transport de Fret) dans laquelle les membres chargeurs collaborent pour développer des navires de nouvelle génération (50 % d’émissions de CO2 en moins en comparaison d’un transport conventionnel).
L’humain : encore et toujours au centre du jeu
Dans un secteur en mutation, attirer et fidéliser les talents est une priorité. Malgré son rôle central dans la gestion des organisations, la Supply Chain reste sous-estimée et perçue comme technique, pénible et peu alignée avec les aspirations modernes. Pour rendre ce domaine plus attractif, il est essentiel de communiquer sur son importance stratégique et son rôle clé dans la transformation et la durabilité des entreprises. Par ailleurs, les attentes des jeunes en matière de perspectives d’évolution et de conditions de travail nécessitent une refonte de l’approche managériale. S’inspirer de modèles comme celui des Compagnons, qui valorisent la transmission et l’expérience terrain, ou encore favoriser une communication ouverte et transversale, impliquant tous les niveaux hiérarchiques, sont clés pour motiver et intégrer ces talents dans des équipes intergénérationnelles.
Les métiers redéfinis par les données capées par l’IA
Pour attirer les talents, des initiatives telles que les programmes « graduate » de Renault offrent des parcours professionnels diversifiés, permettant d’acquérir une vision globale grâce à des expériences en usine, au siège et sur le terrain. Par ailleurs, des entreprises comme FM Logistic, s’engagent fortement pour l’inclusion, avec 9,3 % de collaborateurs en situation de handicap, et pour la montée en compétences via une université interne dédiée. En valorisant des actions en faveur de la décarbonation et des pratiques éthiques, FM Logistic renforce sa marque employeur et se positionne comme un acteur attractif et innovant, incarnant une supply chain durable et inclusive. Et bien entendu, l’attrait des métiers de la supply chain passe aussi par la poursuite des efforts de digitalisation déjà entrepris depuis des années. L’énorme quantité de données captées et l’intelligence artificielle redéfinissent d’ailleurs les métiers de la supply chain.
Pour accompagner ce changement, il est crucial de proposer des formations certifiantes adaptées pour démystifier l’IA ainsi qu’une pédagogie accessible, favorisant la montée en compétences. Former les collaborateurs à l’exploitation des données et à leur utilité dans la prise de décision permet également d’adapter les profils aux nouveaux besoins métiers, tout en répondant aux attentes des nouvelles générations.