Dans le cadre de la fusion de deux académies, l’Académie de Normandie nouvellement créée expérimente les usages de la virtualisation des données. Objectif : démontrer la valeur dans la perspective d’une adoption au niveau du ministère de l’Education nationale.
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L’Académie de Normandie, née le 1er janvier 2020, est le résultat de la première de ces fusions. Elle réunit les ex-académies de Caen et de Rouen, regroupant 85.000 personnes. Mais une telle opération passe aussi par un rapprochement des systèmes d’information et des données.
Une fusion d’académies complexe techniquement
Sur le plan applicatif, cela suppose donc l’harmonisation d’un parc comptant environ 350 applications nationales et 150 applications locales. C’est dans ce contexte que la DSI de la nouvelle académie expérimente les bénéfices de la virtualisation des données grâce à la technologie Tibco Data Virtualization.
Le principe de la virtualisation, comme le détaille l’éditeur, consiste à orchestrer l’accès à des sources multiples de données au sein d’une organisation – deux avant 2020 pour l’académie de Normandie.
L’objectif est de fournir “une vue à 365° de toutes les données nécessaires aux métiers”. Les avantages, encore à démontrer dans le cas de l’académie, de cette approche : moins de complexité, des coûts réduits et un accès plus rapide aux données. Ce ROI reste donc à établir.
La fusion des SI a pris deux années de retard, notamment en raison d’un mouvement social. Elle est donc actuellement en cours. Sur le plan IT, ces opérations ont nécessité de concevoir un socle technique unique, la consolidation au sein d’un datacenter (contre 2 auparavant), une fédération des identités et la création d’un annuaire commun.
La DSI, qui compte une centaine de personnes, a également dû être réorganisée. Mais le chantier de la fusion des bases de données se révèle aussi un chantier particulièrement complexe à mener. “La concaténation de fichiers ne suffit pas à faire fusion”, prévient Jacky Galicher, DSI de l’académie de Normandie.
“Mon enjeu aujourd’hui est de faire en sorte que les bases de gestion soient fusionnées », dont celles des élèves, essentielles pour conduire le processus d’affectation de manière égalitaire. Pour mener cette fusion, la virtualisation a été envisagée, mais pas appliquée finalement.
Des bénéfices identifiés de la virtualisation des données
“Il était plus simple d’injecter les élèves de Haute-Normandie dans la base de données de la Basse-Normandie pour permettre à l’algorithme de fonctionner”, indique le directeur des systèmes d’information. Une alternative était possible, consistant à faire monter en mémoire les élèves des deux bases distinctes.
Ces expérimentations ont, de fait, motivé le recours à la virtualisation pour la fusion d’autres systèmes d’information, et en particulier la partie décisionnelle. L’Académie a donc fait l’acquisition de licences, avec un accompagnement de l’éditeur sur l’utilisation et le transfert de compétences.
Ce n’est cependant qu’une première étape. Le projet intéresse d’autres académies. Surtout, l’ambition est d’aller vers une adoption de la virtualisation au niveau du ministère de l’Education nationale dans le cadre d’un marché public. Dans cette perspective, la Normandie doit faire la preuve de l’intérêt des usages de cette technologie.
Jacky Galicher y voit d’ores et déjà plusieurs avantages, dont la réduction des coûts de stockage et de maintenance des données. Comment ? En s’affranchissant des opérations de réplication des données. Indirectement, cette optimisation du stockage contribue à réduire la consommation énergétique et donc à améliorer le bilan carbone de l’IT.
“L’intérêt de la virtualisation réside aussi dans l’accès à des données hétérogènes”, souligne le DSI, qui rappelle que le système d’information RH de l’Education Nationale demeure siloté et hétérogène. En l’état, le SI se compose de trois pans.
“On voit bien, dans ce contexte, l’avantage de la virtualisation qui permet d’interroger ces trois systèmes d’information afin de bénéficier d’une vision globale des personnels et d’appliquer différentes règles”, précise Jacky Galicher.
Un outil au service du pilotage des académies et du ministère
Pour Sadaq Boutrif, directeur Solution Consultant pour Tibco Software, la virtualisation fournit la capacité de remonter les données en mémoire, mais aussi de conserver les données à leur emplacement d’origine. Comment ? En “présentant uniquement une vision consolidée de la métadonnée et en exploitant les données que lorsqu’une demande est formulée par un consommateur.”
Grâce à la virtualisation, l’académie de Normandie peut donc offrir à ses utilisateurs métiers la possibilité d’interroger les données, dont les historiques antérieurs à la fusion. A noter que la virtualisation ne remet pas en cause les politiques de droits et donc la sécurité, un enjeu majeur pour l’ex-DSI et RSSI de l’Académie de Versailles.
La virtualisation permet aujourd’hui la fourniture de tableaux de bord unifiant les données de l’ensemble de l’académie, et ce même si les bases physiques sous-jacentes ne sont elles pas fusionnées.
Le bilan du projet, attendu fin 2023, pourrait mettre en lumière l’intérêt pour le ministère de recourir à la virtualisation “pour réduire les coûts de stockage et faciliter le pilotage des académies, et notamment des régions académiques”, anticipe Jacky Galicher. Ce pilotage bénéficierait de l’accès à des “chiffres consolidés et non reconstruits par concaténation.”
“Je pense, même si cela reste à démontrer, que cet outil aidera largement au pilotage des académies, notamment pour les académies fusionnées ou de région dans le cadre de la réforme territoriale. Dès lors qu’il existe une équipe de direction régionale, celle-ci a besoin de chiffres régionaux. Et la virtualisation est selon moi le moyen de répondre à ce nouveau besoin”, conclut le DSI.