Hier, Godefroy de Bentzman, président du Syntec Numérique, présentait ses vœux aux acteurs de l’IT. Il était particulièrement enjoué face aux nombreuses perspectives qu’offre cette année la Présidentielle pour son secteur.
Avant, pendant et après ! Godefroy de Bentzman, président du Syntec Numérique, a bien l’intention de faire entendre la voix de ses adhérents et du secteur durant toute cette année de Présidentielle, que les candidats et futur président soient de droite ou de gauche. « J’ai une émotion particulière cette année, commençait-il, non seulement car c’est une première [il a été élu en juin 2016, NDLR], mais cette année, le numérique est partout et nous sommes les acteurs, les « numérisants » ! Ce dont on est largement conscient, c’est qu’il faut s’en occuper. 70 % des emplois dans 15 ans ne sont pas connus aujourd’hui. Un sujet qui angoisse tout le monde, tout en étant très excitant. »
Selon lui, les politiques ont mieux compris désormais que le numérique peut sortir la France de l’ornière, à condition… d’y aller avec une rapidité et une détermination qui n’est pas celle que l’on voit aujourd’hui !
Si Godefroy de Bentzman reconnait les ambitions « numériques » d’Emmanuel Macron (bien réelles depuis toujours) ou de François Fillon (plus récentes), il attend patiemment de voir ce qui va se passer après la primaire de gauche à la fin du mois pour faire entendre la voix du syndicat sur quelques sujets précis. « Il faut discuter avec tous ces politiques des primaires, les députés européens… Tout ce travail va se poursuivre d’ici à l’été. Y compris au niveau de la diplomatie. On doit les aider à être costaud sur ces sujets. »
Les choses à faire ? « Travailler sur le cadre, c’est-à-dire le social au sens large et le fiscal au sens de la capacité d’investissement car le numérique « coûte cher ». Et si des choses ont bien été faites jusqu’ici, elles sont largement insuffisantes. Et de préciser : « Le statut d’autoentrepreneur ou d’indépendant n’est plus adapté. Il faut faire bouger ce cadre-là. »
« Il faut surtout cibler, poursuit-il. Depuis plusieurs mois, nous avons cherché des angles, non anxiogènes, pour les développer rapidement. » A commencer par « Comment la France peut rester un pays industriel ? (vaste sujet !). Un premier cahier réalisé par Syntec Numérique vient ainsi de paraître. « Ce sont des propositions très concrètes poussées partout pour lever les craintes de ces PME anxieuses d’ouvrir leur système à l’extérieur. »
2ème sujet : la santé et son évolution en France (avec les industriels de la pharmacie notamment)
3ème sujet : la ville
4ème sujet : le système de sécurité de l’Etat.
5ème sujet : la formation (« l’attractivité de notre secteur n’est pas à la hauteur du marché. Nous avons besoin de nouvelles compétences, il faut un CAPES… il faut former les profs au numérique »). Idem pour la formation continue, tout aussi essentielle face aux besoins du secteur.
Une action au niveau européen minimum
Le président a également eu à cœur de rappeler que Syntec Numérique ne ferait plus rien « seul ». « Sur certains sujets, il faut peser de tout notre poids avec les autres pays européens. Il faut qu’il y ait une égalité de traitement des acteurs économiques et nous devons jouer cette carte avec nos partenaires sur l’identité numérique par exemple, comme sur les systèmes de paiement et la banque ; la santé et la télémédecine. Il faut s’allier pour devenir une 4ème force mondiale. »
Enfin, Godefroy de Bentzman a terminé par un dernier point et pas des moindres : « Il va se passer quelque chose cette année. Le gouvernement une fois élu va venir bosser avec nous et voir ce que l’on fait maintenant. » L’assemblée, nombreuse, a fortement applaudi.
A la question s’il défend un « grand » ministère, il répond : « J’œuvre pour qu’il y ait un CDO « politique » qui comprend le sujet et qui pèse de tout son poids et pour des interlocuteurs dans chaque ministère… Un ministère du Numérique ? Oui, bien sûr, je l’appelle de tous mes vœux. »
Selon lui, l’Etat est plus en retard que les entreprises en termes de transformation numérique, car il n’a pas cette ambition-là. Henri Verdier à la Dinsic a certes une conviction, mais il est un peu seul. Idem pour Axelle Lemaire, même si elle a fait beaucoup de choses… « L’Etat a d’autres enjeux et cela ne va pas assez vite. La France est loin d’avoir comme chez les Scandinaves, un seul datacenter pour héberger les SI de l’Etat »…
Lire aussi :
« Il faut remettre de la capacité d’investissements dans nos circuits »
L’industrie, fer de lance (aussi) du Syntec NumériqueGodefroy de Bentzman ne mâche pas ses mots : « On va devenir un pays non industriel si on ne bouge pas. Il y a des années, on a créé Airbus, mais on peut faire autre chose. La primaire de gauche va tout relancer. Sur un sujet spécifique, notamment les PME de l’industrie (plasturgie, chimie), nous aimerions faire avancer les propositions que ce soit sur l’ouverture des réseaux, la cybersécurité… » Un démonstrateur est en cours de développement en Alsace (Grand Est), hors cadre de l’Alliance de l’industrie. Et de rappeler qu’au sein de la communauté du Syntec, 160 entreprises sont très actives dans l’usine du futur. Ainsi, en novembre dernier, Syntec Numérique a présenté un premier cahier de dix propositions dédiées à la transformation numérique des entreprises industrielles, articulé autour de trois grandes thématiques : l’innovation (simplifier l’accès des entrepreneurs aux dispositifs existants, mettre en place des expérimentations concrètes, créer des plateformes d’innovation collaborative) ; la fiscalité et les normes (consolider le CIR, stabiliser l’environnement fiscal, créer un crédit d’impôt cybersécurité, harmoniser les normes et standards) ; l’emploi et la formation (créer une commission d’aide au recrutement, développer des filières de formation) ; et l’Alliance pour l’Industrie du Futur (renforcer l’action de l’Alliance). « Avec ces dix propositions, notre ambition est de contribuer à alimenter la réflexion des pouvoirs publics et des candidats, au service de la modernisation de nos industries, de la dynamique de nos entreprises et de la croissance de notre pays », conclut Godefroy de Bentzmann. |