Le défilé du 14 juillet 2019 fut décoiffant, à la fois par le déploiement de nos forces armées, mais aussi par la démonstration de nombreuses innovations de défense, que le diaporama ci-dessous vous rappelle.
4 300 femmes et hommes ont défilé à pieds sur les Champs-Elysées ce 14 Juillet, On dénombrait également 67 avions ; 40 hélicoptères ; 196 motards et 237 chevaux… (photo Elysée)
L’Armée française ne compte pas se laisser dépasser techniquement, et ce également après l’annonce d’Emmanuel Macron de créer, en septembre prochain à Toulouse, un commandement militaire de l’espace au sein de l’Armée de l’Air (200 personnes au départ), destiné à assurer le développement et le renforcement des capacités spatiales de la France, enjeu militaire prioritaire auquel sera consacré 3,6 milliards d’euros.
« La supériorité technologique militaire est concurrencée par l’innovation civile, rendant indispensable une captation plus rapide des innovations. »
Selon les sénateurs Cédric Perrin (LR) et Jean-Noël Guérini (ex-PS), co-rapporteurs d’un récent rapport intitulé « Innovation de défense : dépasser le simple effet de mode ».
Barakuda pour gagner en mobilité
@SharkRobotics
Le robot-mule polyvalent Barakuda de la société rochelaise Shark Robotics est destiné à intervenir dans les zones à risque, en appui des forces armées. D’une autonomie de 10 à 12 heures, l’engin électrique pilotable à distance, est conçu pour apporter un soutien opérationnel aux combattants, notamment pour transporter des équipements ou des blessés (jusqu’à 1 tonne d’emport), faire des relevés d'informations et est doté de capacités de vision jour/nuit et thermique. Ce robot a été récemment expérimenté par l’armée de Terre, en partenariat avec l’Agence de l’innovation de défense. Le ministère des Armées compte expérimenter une petite série de robots terrestres « mule » pour la première fois sur un théâtre d’opération extérieure en 2020. Cette société a également mis au point le robot Colossus, utilisé par les Pompiers de Paris lors de l’incendie de Notre-Dame. D'un poids de 500 kilos, ce robot se déplace à 3,5 km/h et peut franchir toutes sortes d'obstacles, comme des escaliers.
Mawashi pour économiser ses forces
@Agence_ID
Pesant 7 kilos de titane, d’aluminium et de cuivre, l’exosquelette tactique de la société québécoise Mawashi, est un dispositif passif (non motorisé) qui permet de soulager les troubles musculo-squelettiques sans augmenter les capacités physiques du porteur. Son châssis robuste permet un transfert de 50 à 80 % de la charge portée par les épaules du combattant vers le sol. Cette technologie brevetée, appelée Uprise, est constituée d’une colonne vertébrale flexible externe, basée sur le corps humain et reliée à une ceinture abdominale coulissante allégeant les contraintes sur la zone pelvienne, laquelle fait le lien avec le sol via des jambes articulées. Un harnais et des attaches ergonomiques assurent l’interface entre le corps humain et la structure de l’exosquelette. Gilet de combat porte-plaques et sac à dos peuvent être couplés au dispositif et ainsi libérer l’opérateur d’une partie de leur poids. Ce système permet également de réduire notamment les coûts médicaux liés aux blessures des soldats.
Stamina pour s’orienter sans l’aide d’un GPS
@Agence_ID
Ce robot tactique polyvalent (RTP) rustique et puissant, doté d’une vitesse de progression et d’une capacité de franchissement tout-terrain hors normes, a pour particularité une manœuvrabilité et une motricité exceptionnelle. C’est un véhicule sans pilote animé par la brique technologique de navigation par la vision Stamina (navigation par l’image sans positionnement par satellite). Résistant au brouillage, ses fonctions sont aussi variées que mule, sauvetage de blessés, ravitaillement et convois autonomes. Développé par l'Institut franco-allemand de recherches de Saint-Louis (ISL), Stamina, capable de mémoriser des itinéraires en temps réel, peut même revenir sur l’itinéraire suivi. L’armée française envisage d’utiliser ce robot à 4 roues pour transporter du matériel lourd à la place des militaires en opération. Il est compatible avec le système d’information et de combat Scorpion, qui équipe entre autre le char Griffon.
Black Hornet pour espionner sans être vu
(c) @EtoileDeTerre
Doté d’une caméra très haute résolution et extrêmement léger, le drone Black Hornet apporte au soldat une capacité d'observation à distance allant jusqu'à 2 kilomètres… Ce mini-drone silencieux, de 16 centimètres de long et ne pesant que 33 grammes, vole à 10 mètres d’altitude, à une vitesse de 5 mètres par seconde, pour une autonomie de 25 minutes. Ce drone-espion permet d'obtenir des vidéos et des images en direct en HD sur un écran portable embarqué sur le terrain...
Flyboard Air pour voler en toute autonomie
(c) @20hFrance2
Inventée par le champion du monde de jet-ski marseillais Franky Zapata, cette plate-forme volante, propulsée par cinq mini-turboréacteurs à jet d’air alimentés au kérosène, a d’abord été créée avec des fonds propres par sa société Zapata Racing. Grâce à une multitude de capteurs et algorithmes de vol, elle permet de propulser son passager dans les airs à une vitesse de près de 190 km/heure et une hauteur maximale théorique de 3 000 mètres pour 10 minutes d’autonomie. Cette innovation de rupture a cependant eu du mal à se faire « voir »… interdite de vol pour de nombreuses raisons administratives et réglementaires. Aujourd’hui, la société Zapata Industries, basée à Rove dans les Bouches-du-Rhône, intéresse au plus point les états-majors du monde entier, à commencer par l’Armée française qui vient d’y investir 1,3 million d’euros pour le perfectionner avec d’autres partenaires.
Un an d’existence pour l’Agence de l’innovation de Défense (AID)
@Agence_ID
Le ministère des Armées s’est doté depuis le 1er septembre 2018 d’une agence spécialisée, l’Agence Innovation de la Défense (AID), placée sous l’autorité de la Direction générale de l’Armement (DGA). Elle est destinée à renforcer l’innovation au sein des forces armées et son rôle principal est notamment de « capter » les innovations provenant du monde civil. Toutefois, dans leur récent rapport d’information, les deux sénateurs Cédric Perrin et Jean-Noël Guérini, jugent déjà indispensable de consolider cette structure et formulent 12 recommandations pour améliorer le pilotage et le financement de l’innovation de défense. « Classiquement, l’exploitation d’une innovation dans le civil se fait sur 7 à 10 ans. Dans la Défense, c’est de 40 à 50 ans », explique Cédric Perrin, dans le Républicain Lorrain du 11 juillet dernier. Leur rapport pointe le manque d’agilité des procédures actuelles, notamment en matière numérique, où la lenteur administrative fait que l’innovation est déjà obsolète lorsqu’elle est en état d’être intégrée. Le rapport préconise donc d’utiliser des procédures plus souples pour les achats, en y intégrant la culture du risque.