Un an après l’adoption de la réforme de la formation professionnelle, Alliancy en a profité le 9 octobre dernier pour inviter plusieurs acteurs de l’enseignement place Vendôme pour débattre autour d’un même thème : “Quand les partenaires du numérique capitalisent sur l’écosystème français du supérieur”.
Il est 20 heures, tous les invités sont installés dans les salons de SwissLife Banque Privée pour partager un repas et échanger leurs expériences concernant les liens qu’ils entretiennent avec le monde de l’enseignement. Cinq intervenants issus de l’enseignement supérieur sont réunis au fond de la salle pour s’exprimer sur cette thématique avant d’aller animer les débats à table.
“Cela fait des années que l’on traite de l’enseignement au service du développement des entreprises et cette réforme est sûrement l’occasion d’en remettre une couche.” ajoute-t-il. Traditionnellement, l’entreprise allait chercher de l’innovation et de la recherche dans l’université. Mais selon Jean-Christophe Chamayou il existe encore une barrière entre ces deux mondes.
Le micro est tendu en premier au président de Lafayette Associés Jean-Christophe Chamayou pour rappeler le contexte dans lequel l’entreprise et l’école sont. Depuis 2007, la loi Pécresse avait déjà mis en avant des dispositifs qui facilitent l’insertion professionnelle comme l’alternance. Selon lui, ils ont plus récemment été renforcés par la Loi Avenir professionnel, portée par la ministre du Travail Muriel Pénicaud et adoptée par l’Assemblée Nationale le 1er août 2018. |
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Une démarche de co-construction des métiers de demain
Pourtant, les exemples innovants ne manquent pas. “L’Ecole 42 forme des jeunes sans le Bac à un Bac+5 en 3 ans et avec un travail à la clé. Si ça c’est pas une révolution…” affirme-t-il avant d’énumérer d’autres réussites comme Open Classroom qui a levé 60 millions d’euros et créé le premier diplôme entièrement à distance. Il conclut : “Le décloisonnement de l’apprentissage est possible : on peut le faire à distance dès lors qu’on l’inscrit dans la loi… Avec cette réforme on ouvre les chakras”
Aline de Salinelles, directrice du Développement, Recherche et Innovation à l’Essec Business School partage cet avis. “Depuis la loi Pécresse il y a 10 ans, nous sommes dans une démarche de co-construction des métiers de demain. Cela ne s’arrête plus à de simples partenariats de recherche” ajoute-t-elle. L’Essec est par ailleurs un très bon exemple d’écosystème ouvert vers les entreprises puisque l’école, regroupant pas moins de 6000 étudiants, investit dans des chaires pour s’associer aux entreprises. L’école organise aussi en parallèle des ateliers “Crack the case” pour faire rencontrer les étudiants avec des entreprises intermédiaires comme des PME et ETI.
Les universités comme acteurs de l’économie et du numérique
Gilles Pouligny, directeur général adjoint du Groupe IGS, émet de son côté des réserves quant à cette réforme. Selon lui, elle relance la question de la formation et l’alternance alors que “nous en parlons déjà depuis 30 ans”. Il attribue tout de même un mérite à Emmanuel Macron qui est le premier à avoir relié la notion de formation avec la logique économique. C’est le premier qui l’a mis en évidence alors qu’il était coutume de le considérer comme un sujet strictement social.
Pour Guillaume Gellé, président de l’Université de Reims et de la commission Formation et Insertion Professionnelle de la CPU : “les universités ne sont pas que des acteurs de l’enseignement et de la recherche. Elles sont aussi des acteurs de l’économie et du numérique à part entière”. Il rappelle que la “loi Pénicaud” permet de concevoir des partenariats avec des entreprises de manière plus globale. Enfin, le nombre d’apprentis va considérablement augmenter et Guillaume Gellé se demande quelles finances seront allouées par l’Etat pour suivre la cadence.
Les entreprises créatrices de solutions technologiques et pédagogiques
Enfin, c’est au tour de Rémy Challe, Directeur général de EdTech France de prendre la parole. “La EdTech nous suit de la maternelle jusqu’à l’Ehpad et aujourd’hui c’est démontré car on ne s’arrête plus au diplôme, on continue à se former et à monter en compétences sur le long terme” affirme-t-il. Il souhaite favoriser la place de la EdTech dans le scolaire, l’enseignement supérieur et la formation professionnelle car les entreprises peuvent délivrer des solutions technologiques et pédagogiques à même de répondre à leurs enjeux. Pour lui, “le marché scolaire en France est quasi inexistant” et ne fait pas le poids face à celui de la Chine ou des Etats Unis. Il assure en revanche que celui des EdTech est “très prometteur”.
Si de manière générale l’optimisme autour de la loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel est partagé, nous n’en sommes encore qu’aux prémices de sa mise en circuit. Une nouvelle application mobile sera d’ailleurs disponible le 1er décembre prochain pour accéder à son compte personnel de formation.
De la même manière, cette loi a pour objectif de faciliter les démarches pour les entreprises désireuses de créer un centre de formation d’apprentis (CFA). Le privé a sans doute son rôle à jouer dans la formation des jeunes alternants qui étaient 458 000 à la fin du mois de juin, soit une augmentation de 8.4% depuis l’année dernière d’après les derniers chiffres du ministère du Travail.