Face à la transition énergétique, les bailleurs sociaux cherchent par tous les moyens à réduire leurs dépenses de chauffage, en équipant leurs logements de capteurs, compteurs intelligents, sondes connectées…
Avec plus de 45 % de l’énergie finale consommée en 2014, le bâtiment est le secteur le plus énergivore devant les transports (32,6%) et l’industrie (19,2%)*. Il n’est donc pas étonnant qu’il soit devenu une priorité pour les politiques à l’heure de la transition énergétique. Depuis plusieurs années, les réglementations se sont multipliées en la matière, amplifiant à chaque fois les ambitions des précédentes (loi du Grenelle de l’Environnement de 2009; loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte/LTEVC, publiée au JO le 18 août 2015). Les 4,7 millions de logements sociaux en France sont aussi concernés par cette vague de réhabilitation avec, par exemple, la réalisation de travaux sur les 800 000 les plus énergivores.
Tester pour industrialiser
Lors de ses voeux pour l’année 2016, le président de la République, François Hollande, a annoncé vouloir accélérer la rénovation énergétique des logements sociaux, en débloquant 1,5 milliard d’euros. Ce montant, géré par la Caisse des dépôts,financera un nouveau prêt créé courant 2016 qui vise à soutenir les programmes de travaux. Un coup de pouce pour les bailleurs ? Oui, mais contrairement aux croyances, le parc social français est relativement relativement récent et fait l’objet d’un entretien régulier. Le « tout rénovation » n’est donc pas le seul levier d’investissement pour améliorer la performance et baisser la consommation énergétique. Les bailleurs cherchent désormais à rénover ou remplacer leurs équipements, notamment la chaufferie. Le chauffage, premier poste de dépenses sur une quittance, représente plus de 70 % de la consommation d’énergie totale, selon l’Observatoire de la performance énergétique du logement social. Certains bailleurs commencent à tester des solutions innovantes dans certains logements, en installant des capteurs ou des sondes de température connectées…
Mais, faute de financement, Les acteurs du secteur restent au stade de l’expérimentation. La question de l’industrialisation est critique, surtout pour un bailleur qui gère plusieurs dizaines de milliers de logements. Sans oublier qu’après installation, il faut prendre en compte le recrutement d’experts, capables d’analyser ces données. Alors que les technologies ont fait leur apparition sur le marché, la plupart des bailleurs doivent maintenant trouver les bons arguments pour convaincre leur direction générale de se lancer.
*SOes (Service de l’Observation et des Statistiques) d’après les sources par énergie, Bilan énergie 2014.
Frédéric Cosquer
responsable énergie chez La Sablière*
« Nous n’avons pas encore énormément de compteurs connectés. Par contre, nous essayons d’anticiper l’avenir en prévoyant les connectiques nécessaires dans le logement. Sur certains sites, nous allons connecter le logement via le système de visiophonie, car certains constructeurs proposent ce type de solutions. Nous essayons d’équiper les logements, de les emmener vers « le tout connecté » même si nous n’en sommes encore qu’aux prémices. La situation devrait évoluer dans les années à venir car, suite à la loi de transition énergétique, un décret est paru, et nous impose désormais, à différentes échéances, d’installer de la répartition de frais de chauffage dans l’ensemble de nos immeubles collectifs. Nous allons donc devoir progressivement installer des compteurs d’énergie et des répartiteurs de frais de chauffage. Le but est de pouvoir fournir au locataire des informations sur sa consommation en temps réel.»
*La Sablière, filiale du groupe ICF Habitat, gère 35 000 HLM en Ile-de-France.
Article initialement publié en janvier 2017 dans le magazine Alliancy n°16 « Quelle gouvernance pour le numérique » à commander sur le site.