Pour réduire les distances sociales et culturelles sur nos territoires dans la diffusion des sciences et des techniques, il faut toucher le public des 15-25 ans en leur proposant de nouveaux modes d’accès.
Affirmer que le numérique transforme notre rapport au savoir est devenu une banalité. Pourtant, pour un bon nombre de ceux qui ont fait profession de produire ou partager des connaissances, la mise en œuvre de cette transformation n’est pas simple. Les technologies numériques et les pratiques sociales qu’elles induisent font sauter les frontières traditionnelles entre producteurs et consommateurs, y compris en matière culturelle et scientifique. Chacun peut se transformer en chercheur, à travers des programmes de science participative (comme l’opération Vigie Nature du Muséum national), ou même en médiateur scientifique, comme le jeune Experimentboy, célèbre auprès des adolescents sur Youtube : chacune de ses vidéos d’explication d’un phénomène scientifique récolte environ 300 000 vues. Dans ce contexte, comment repenser le rôle des musées et centres de science ? Axés sur l’actualité et la prospective des sciences et technologies en société à travers des expérimentations pour tous, rencontres multiples et expositions interactives, les centres de science sont donc confrontés à ces nouvelles pratiques numériques. Pour les centres qui se sont regroupés dans le consortium Inmédiats (innovation, médiation, territoires), financé par les investissements d’avenir à hauteur de 15 millions d’euros sur cinq années, la culture numérique est considérée comme une opportunité d’élargir les publics et de modifier le positionnement traditionnel d’un centre sur son territoire. Elargir les publics, c’est-à-dire mobiliser des publics considérés comme distants des pratiques culturelles ou éducatives habituelles, par la mise en œuvre de nouveaux partenariats opérationnels, avec des structures d’insertion (comme l’Ecole de la deuxième chance par exemple), Pôle emploi, des entreprises du numérique et des projets réalisés dans des FabLabs. Elargir les publics, c’est aussi considérer les visiteurs d’une exposition ou d’un événement scientifique comme membres d’une communauté d’intérêts, et développer des outils Web et hors ligne pour équiper et animer cette communauté ; c’est prendre en compte la place des réseaux sociaux (Facebook, Twitter ) dans les relations entre individus et institutions, c’est inventer de nouvelles médiations.
Plates-formes des savoirs
De même, le numérique conduit à réévaluer les positionnements stratégiques et les modèles économiques de nombreux acteurs, dont ceux de la médiation culturelle scientifique. Ainsi, souvent considérés comme coûteux, les centres de science font la démonstration qu’ils sont, aujourd’hui, des producteurs de valeurs. Acteurs engagés dans leur écosystème d’innovation territorial, ils contribuent à la fluidité de ce dernier par les décloisonnements qu’ils provoquent, les partages et les mises en réseau qu’ils organisent, et leur capacité à créer des conditions d’émergence, au profit des jeunes porteurs de projet en particulier. Plus que des centres de science, il convient de parler de plates-formes territoriales pour le partage des savoirs et des innovations !
* Le programme interrégional Inmédiats vise la diffusion à grande échelle de la culture scientifique par les technologies numériques. Six centres sont à l’origine de cette démarche en France : Cap Sciences à Bordeaux, Espace des Sciences à Rennes, La Casemate à Grenoble, Science Animation à Toulouse et Universcience à Paris.