Elsan, groupe français leader de l’hospitalisation privée, et Docapost, société du Groupe La Poste, expert de la transformation digitale, sont partenaires depuis le printemps dans la création d’un assistant digital du patient, qui accompagnera ce dernier à chaque étape de son parcours et rassemblera ses informations médicales pour en faciliter le partage auprès des praticiens. Les deux partenaires se sont donnés six mois pour aboutir au résultat et en proposer une première version aux malades à la fin de l’année. Retour sur les avancées du projet.
Faciliter l’accès aux soins, simplifier le parcours du patient, le personnaliser en fonction des besoins et favoriser le retour rapide au domicile sont de véritables enjeux en santé. Différentes initiatives locales se multiplient sur le sujet et doivent encore trouver leur place : Aviitam au CHU de Montpellier, Doctisia à Mulhouse, Med-eshare en Ile-de-France… Pour Elsan, acteur de l’hospitalisation privée, l’enjeu est bien là.
Le 1er groupe français de cliniques et d’hôpitaux privés considère comme impératif de créer un usage à l’échelle nationale pour remplir sa mission – offrir à chacun et partout des soins de qualité, innovants et humains. Elsan a ainsi annoncé au printemps lors du salon Viva Technology une alliance avec Docapost, industriel leader de la eSanté en France, avec une double ambition : faire émerger des parcours de soins personnalisés et digitalisés en coordonnant autour du patient les médecins et les professionnels de santé via des plateformes numériques, avec la clinique et avec la médecine de ville ; et créer un assistant digital du patient, développé par Elsan autour des applications La Poste eSanté et Digiposte + Ma santé.
Elsan estime que ces nouveaux services seront particulièrement utiles dans le suivi des maladies chroniques et amèneront de la valeur tant en zone médicalement dense que dans les déserts médicaux, afin de se rapprocher des personnes les plus fragiles. La transformation digitale du parcours de soin, qui se fera avec une garantie sur la sécurité et la protection des données de santé, encourage par ailleurs une responsabilisation des patients grâce à un meilleur partage de l’information entre médecins et patients, tout en permettant à ces derniers de produire eux-mêmes de la donnée avec des dispositifs médicaux connectés.
Une première version de l’assistant digital sera mise à la disposition des patients à la fin de l’année pour les patients en ambulatoire. « Nous débuterons par les domaines qui apporteront le plus de valeur pour les patients, à savoir l’orthopédie et la cancérologie. A terme, toutes les spécialités y seront intégrées, explique François-Philippe Pic, directeur général délégué aux ressources et à la transformation d’Elsan. Nous proposerons différents services, la plateforme permettra à la fois de couvrir tous les besoins avec des fonctionnalités de base autour de la prévention ou du suivi médical, et de créer des parcours spécifiques pour apporter une plus-value thérapeutique. » L’application sera par ailleurs dotée de fonctionnalités administratives, comme de la pré-admission ou de la prise de rendez-vous. « Notre expérience nous a montré que si une plateforme ne sert qu’à un seul usage, les gens ont tendance à s’en lasser », observe David de Amorim, directeur innovation de Docapost, en charge du projet.
Un objectif d’un million d’utilisateurs en 2020
Les équipes ont travaillé en mode agile et en co-construction sur cette plateforme, qui sera accessible sur mobile, sur tablette et sur ordinateur. « Des tests ont été effectués par les médecins au fur et à mesure de la construction de la plateforme pour garantir l’ergonomie », souligne François-Philippe Pic, qui prévoit l’envoi de notifications par mobile, utiles à la santé quotidienne de l’individu. « Notre première expérience avec une plateforme destinée aux femmes enceintes, appelée Materniteam, nous a appris qu’elles n’ont pas les mêmes attentes selon le stade de leur grossesse. Une femme enceinte de six mois aura des questions différentes de celles enceintes de huit mois. L’apport d’informations personnalisées et pertinentes est donc essentiel, nous voulons vraiment positionner le patient au cœur de notre démarche afin qu’il soit acteur de sa santé et bénéficie d’un suivi de qualité, fluide et adapté », ajoute-t-il.
L’objectif d’un déploiement à grande échelle a rassemblé les deux acteurs, qui visent plus d’un million d’utilisateurs en 2020, soit la moitié des patients accompagnés actuellement par Elsan chaque année. « Notre ambition est d’offrir une médecine préventive, prédictive, personnalisée et participative – ce que l’on appelle les 4P – mais pour y parvenir, il est nécessaire d’obtenir une adoption massive », soutient François-Philippe Pic. Elsan – fort de 120 cliniques – s’appuie sur son maillage territorial pour mettre en avant et généraliser le projet, qui intégrera le carnet de santé numérique de La Poste lancé en janvier 2018 lors du CES. Elsan bénéficiera également de l’hébergement sécurisé des données de santé proposé par Docapost.
Une médecine 3.0 en attente de déploiement
L’une des clés de réussite, relève-t-il, est d’avoir une approche ouverte et entrepreneuriale pour intégrer les services innovants issus de partenaires. L’incubateur de start-up Innolab permet à Elsan de faciliter le déploiement des projets retenus. Le directeur général délégué aux ressources et à la transformation prévoit par ailleurs d’inclure dans la plateforme les services paramédicaux disponibles dans les villes.
Pour Elsan et Docapost, le numérique est un moyen de répondre aux défis que doit relever le secteur de la santé et d’améliorer la qualité des soins. « Pour atteindre par exemple les objectifs fixés par l’Etat concernant l’ambulatoire, il faut pouvoir effectuer un suivi du patient jusqu’au retour à son domicile. Aujourd’hui, si l’on veut des nouvelles, il faut l’appeler, ce qui peut le déranger. Avec le digital, on peut lui envoyer une demande et la traiter de manière efficace. »
Autre problème soulevé : « Il y a encore trop de papiers en santé ; il faut pouvoir mettre l’information à disposition de manière simple mais sécurisée », rappelle François-Philippe Pic, qui veut contribuer à l’essor des nouveaux usages en lien avec la dématérialisation et le suivi médical à distance. « L’actualité en santé [avec le rachat par Doctolib de son concurrent notamment] montre que le marché de l’eSanté se consolide et que l’on est à un moment charnière auquel nous voulons participer », complète David de Amorim.
Elsan entend transformer le secteur de la santé et mène d’autres initiatives en ce sens. Parmi elles, l’installation de caméras intelligentes dans plusieurs de ses cliniques pour surveiller la préparation de médicaments anticancéreux. « Nous allons aussi lancer la téléconsultation et nous déployons la réalité virtuelle pour la relaxation des patients en pré-opératoire. Ces exemples montrent que nous sommes déjà parvenus à une médecine 3.0, les outils sont à notre disposition ; il ne manque plus qu’une diffusion au plus grand nombre », conclut François-Philippe Pic, qui note une difficulté persistante des acteurs à industrialiser leurs solutions. Ce projet est ainsi pour Elsan un moyen d’inverser la donne.
Elsan en chiffres :
- 120 cliniques
- 2 millions de patients par an
- 25 000 collaborateurs
- 6 500 médecins libéraux
- Chiffre d’affaires 2017 : 2 milliards d’euros
Alexandra Charnelet, Directrice marketing et digital chez Elsan, interviendra au Meetup Le Numérique en Pratique le 14/11. La soirée qui relie la communauté Alliancy autour de pratiques inspirantes. Inscrivez-vous !