Damien Giroud, directeur solution datacenters chez Schneider Electric répond aux questions d’Alliancy sur les infrastructures locales et décentralisées.
Alliancy. Le cloud computing est-il toujours l’avenir des entreprises ?
Damien Giroud. Il y a 10 ans, les prédictions annonçaient qu’en 2018, l’informatique professionnelle serait à 95% composée de cloud computing. La situation est plus complexe. En France par exemple, la croissance a été soutenue mais les grandes entreprises ont adopté environ 50% de IaaS et 38% de SaaS*. Ce ratio est encore plus faible, si l’on incorpore les TPE-PME qui représentent 99,8% du nombre et 36% du chiffre d’affaires des entreprises. En parallèle, des acteurs mondiaux comme Netflix, après avoir poussé vers une centralisation cloud totale, adoptent finalement une vision plus « régionalisée ». Il s’agit de conserver de bons niveaux de latence et de performance face à des usages HD en streaming en nette augmentation, avec des consommations localisées massives. Une telle entreprise n’arrête pas de s’appuyer sur des datacenters cloud « hyperscale » mondiaux… mais elle ne fera pas à l’avenir que cela.
D’où la diffusion de la notion de « edge computing » ?
Damien Giroud. Le terme « edge » est le pendant du terme « cloud » et met en avant les forces de la décentralisation. Les cloud mondiaux vont continuer à croître très vite, mais les infrastructures locales vont elles aussi grandir, pour amener une coexistence entre datacenter « hyperscale », datacenters nationaux, hubs régionaux… et fluidifier l’expérience des utilisateurs. On voit également apparaître des usages complémentaires dit de « local edge ». Une toute petite partie des données est amenées au plus près des usages numériques qui sont dépendants d’une performance sans faille, comme la réalité augmentée ou la télémédecine.
Cette informatique locale n’est pas nouvelle. Qu’est-ce qui a changé ?
Damien Giroud. Les micro-datacenters, qui intègrent la sécurité et le refroidissement directement avec les ressources IT, sont devenues beaucoup plus standardisés. Auparavant, l’informatique locale était souvent artisanale. Or, les données qui doivent être hébergées en « local edge » sont généralement les plus critiques. Autrement dit : la microstructure doit avoir le même niveau de sécurité et de disponibilité… que ce que l’on attend pour les plus grands des datacenters utilisés par les géants du web. C’est aujourd’hui possible : redondance, monitoring et contrôle à distance, cartographie des actifs IT… Tout cela existe sur les micro-datacenters, qui sont par ailleurs devenus capable de faire tourner des applications énormes et complexes.
*Baromètre des Prestataires du Cloud, Markess 2017
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