Pour mener la transition vers une économie décarbonée, l’association initiée par Jean-Marc Jancovici, « The Shift Project », souhaite mobiliser tous les pans de la société, y compris les étudiants. Ce jeudi 10 mars, The Shift Project organisait une conférence de présentation de son nouveau rapport en partenariat avec le Groupe Insa, destiné à « former l’ingénieur du XXIe siècle ». Tout l’enjeu étant d’adapter les formations aux enjeux de raréfaction des ressources disponibles notamment énergétiques, l’effondrement de la biodiversité ou encore le changement climatique au sens large.
« D’un point de vue historique, l’ingénieur est un passeur de science au service de la collectivité […] autrement dit agencer la matière disponible sans travail d’investigation des limites », déclare Jean-Marc Jancovici, en introduction de la conférence ce jeudi soir. « Cette science doit désormais absorber de manière croissante une autre science qui vise à décrire le monde et non plus à créer des objets ».
Jean-Marc Jancovici, président de The Shift Project, passe ensuite la main à Bertrand Raquet, Président du Groupe Insa, afin de présenter un nouveau rapport pour « Former l’ingénieur(e) du XXIe siècle ». Un moyen pour les écoles d’ingénieur de s’emparer de leviers pour rendre leurs cursus de formation compatibles aux engagements climatiques.
« Dans un monde qui évolue très rapidement, on a lancé cette démarche pour dire : Qu’est-ce que c’est qu’un ingénieur humaniste ? », précise le matin même Bertrand Raquet, qui a participé à la création de ce rapport. Ce projet est né d’un postulat assez marquant, près de 78 % des ingénieurs interrogés estiment que leurs études supérieures ne les ont pas du tout formé aux enjeux socio-écologiques. 95 % d’entre eux considèrent pourtant que ceux-ci devraient figurer en formation initiale.
« Il y a une urgence à transformer les formations des ingénieurs et globalement l’enseignement supérieur parce qu’il y a une grande inertie dans le système de formation et d’accès à l’emploi, assure Damien Amichaud, chef de projet chez The Shift Project. Le temps de former un étudiant, qu’il arrive sur le marché de l’emploi et qu’il ait une influence, il faut entre cinq à dix ans ».
quatre livrables SONT disponibles
- Le Guide méthodologique (45p.) : destiné aux établissements qui veulent s’engager dans une transformation profonde pour former des étudiants à une société plus résiliente et décarbonée [Disponible en version imprimable]
- Le Manifeste (106p.) : pour informer sur des contenus et des propositions d’enseignement destinés aux enseignants-chercheurs et aux équipes pédagogiques.
- Le recueil de Retours d’expériences (136p.) : fruit du travail commun entre The Shift Projet et le groupe INSA, adressé à toutes les parties prenantes des formations [Disponible en version imprimable]
- Le résumé aux décideurs (8p.) [Disponible en version imprimable]
Le rapport va plus loin en proposant concrètement des changements dans le quotidien des étudiants en formation, pour que ces derniers soient sensibilisés à « décarboner l’économie en tenant compte des aspects socio-économiques et des limites physiques de notre planète estime Damien Amichaud. Car l’ingénieur à un rôle pivot pour repérer des choix techniques éclairées ».
The Shift Project propose qu’entre dix à vingt heures de formation soient consacrées à chacun des enjeux clés comme le changement climatique ou encore l’approvisionnement énergétique. Cela représenterait un ensemble de deux cents heures sur l’ensemble des formations. « Ce qui devrait constituer le cœur de cette transformation, c’est d’intégrer ces enjeux au sein des cours actuels en les utilisant pour développer des compétences spécifiques », conclut le chef de projet “Climatsup INSA”.