Les cadettes de la cyber : briser les codes pour révéler les talents féminins de demain 

À l’occasion de l’European cyber week à Rennes, les cadettes de la cyber ont présenté leur quatrième promotion. Le programme, porté par le pôle d’excellence cyber, souhaite féminiser le milieu de la tech à travers trois piliers : la transmission, la formation et l’insertion.  

 

“À la sortie de mes études, nous n’étions que 10% de femmes dans la tech et ce chiffre n’a pas beaucoup augmenté. Pourtant, ce n’est pas une fatalité. Si on traverse la Méditerranée, en Tunisie par exemple, le milieu compte 50% de femmes”, rappelle Véronique Torner, présidente de Numeum, dans son discours de présentation de la nouvelle promotion des cadettes de la cyber à l’European Cyber Week de Rennes. La présidente de Numeum, qui endosse cette année le rôle de marraine pour accompagner les jeunes recrues du programme, s’est d’ailleurs rendu à l’événement pour animer la réunion de présentation des cadettes. Treize étudiantes, assises en cercle, l’ont écouté avec admiration lors de cette rencontre en comité restrein. À l’heure des présentations, les cadettes se sont levées une à une, micro en main. Léna, étudiante en master à l’institut français de géopolitique, Margaux à l’ENSIBS, Amélie, issue de l’ESIEA ou encore Eva, étudiante à l’IE. Ensemble, elles forment la quatrième promotion des cadettes de la cyber. Leurs profils ont été triés parmi des centaines de candidatures issues de formations tech en partenariat avec le pôle d’excellence cyber. Ces jeunes femmes bénéficient d’un parrain ou d’une marraine, acteur de l’écosystème tech français qui les accompagne de l’intégration à l’insertion professionnelle. Le programme s’appuie d’ailleurs sur trois piliers : la transmission, la formation et l’insertion. 

 

Sensibiliser par la transmission  

 

Si les parrains et marraines diffusent leur savoir aux cadettes, ces dernières sensibilisent à leur tour les jeunes femmes des collèges et lycées. La filière NSI, une spécialité scientifique du baccalauréat, dénombre seulement 12% de filles. Un retour en arrière pour l’inclusion des femmes dans les milieux scientifiques. Et c’est tout le propos des cadettes, par Charlotte Wojcik, engagées depuis 2021 auprès des établissements scolaires pour partager leur parcours et leur expérience dans le milieu. Leur objectif ? déconstruire les clichés concernant les métiers de la tech. Inés Andrade Pascal, membre de la seconde promotion du programme, se rappelle ses années collège où travailler dans la technologie n’était pas envisageable. “J’imaginais des hommes coincés dans leur grotte avec une capuche qui jouaient aux jeux vidéo à longueur de journée. Alors que si j’avais vu des exemples de femmes inspirantes ou du moins en étude, ça aurait changé ma perception”, explique Inès. Grâce aux cadettes, elle veut prouver que les études en filière technologique peuvent être épanouissantes et mener à de multiples emplois. 

 

Se former aux métiers de la tech 

 

Outre appartenir à une mouvance pour l’égalité des hommes et des femmes dans la profession, les cadettes arborent un panel de formation. Les cadettes viennent toutes de cursus avec des dominantes plurielles. Certaines ont un profil technique alors que d’autres ont des connaissances issues des sciences sociales, notamment en géopolitique. “L’idée, c’est que chacune puisse partager ses spécificités et apporter aux autres un vernis qu’elles ne possèdent pas encore. De cette marnière, elles développeront des profils complets”, déclare Charlotte Wojcik. Les recrues peuvent accéder à une plateforme en ligne de formation pluridisciplinaire. Cette année, le programme met en avant une approche personnalisée basée sur les outils managériaux, tels que le DISC ou le media training. De cette manière, Charlotte Wojcik espère que les cadettes pourront apprendre à se connaître et à mieux appréhender les autres pour établir un canal de communication adapté. 

 

Intégrer le marché du travail 

 

La dernière étape est celle de l’insertion professionnelle. Actuellement, seuls 28% des emplois de la tech sont détenus par des femmes et le chiffre chute à 11% lorsqu’il s’agit de la cyber. “Il faut montrer aux jeunes filles que la tech rassemble des métiers diversifiés, intéressants et en pleine évolution. Surtout, que ce domaine constitue un bassin d’emploi. La tech embauche”, s’exclame Eva Golenko, membre de la nouvelle promotion et alternante en soutien RSSI. Pour Charlotte Wojcik, intégrer le marché du travail, c’est aussi savoir se connaître et se vendre. C’est pourquoi, en plus d’un parrain ou d’une marraine, les cadettes bénéficient d’un accompagnement vers un emploi qui leur correspond. La fondatrice remarque que la majorité des recrues souhaitent intégrer le domaine public. Or, pour des raisons de flexibilité et d’opportunités des , la moitié se dirige vers des emplois dans le secteur privé à l’issue des douze mois du programme. “La proportion de femmes en cyber connaît une légère augmentation, ça prouve que ce que l’on fait aujourd’hui fonctionne. Je ne dis pas que ce sont uniquement les cadettes, mais on y contribue. On ouvre le champ des possibles à ces jeunes femmes qui ont peut-être envie de connaître des métiers moins traditionnels”, conclut Charlotte Wojcik.