Les étudiants internationaux dominent la France dans la maîtrise de l’IA 

 

Le groupe Planeta Formation et Universités a dévoilé son enquête internationale sur l’employabilité des étudiants face à l’IA. La France fait figure de mauvaise élève avec ses élèves moins formés et moins déterminés à acquérir les compétences liées à l’IA.  

 

Les étudiants français seraient en retard quant à leur adoption de l’IA, d’après une enquête menée auprès d’un panel international. Le groupe de formation, d’audiovisuel et d’édition Planeta a révélé ce 6 février son étude, nommée “Intelligence artificielle et employabilité du futur”, en collaboration avec l’institut d’étude espagnol GAD3. Celle-ci interroge 3200 étudiants, âgés de 18 à 35 ans, de nationalité française, italienne, hispanique et colombienne, choisis parmi les établissements du groupe. Les différences entre les pays sont très marquées, et ce, dès la formation des étudiants. Seuls 27% des élèves italiens et français ont reçu des enseignements sur le sujet, contre 39% en Colombie. “Géographiquement, ils sont plus proches des États-Unis, ce qui joue dans leur adoption”, précise Sara Morais, directrice générale de GAD3. 

 

Une peur pour l’emploi… 

 

La France se démarque aussi par son manque de curiosité envers les compétences liées à l’IA. Seulement 49% des Français interrogés se déclarent disposés à approfondir leurs connaissances dans le domaine, une statistique nettement inférieure aux 75% enregistrés en Colombie, 67% en Espagne et 64% en Italie. Ce peu d’intérêt s’accompagne également d’un niveau de confiance limité en leur capacité à acquérir les compétences nécessaires pour travailler avec des outils d’IA, 40% s’en sentent capables en France contre 65% en Espagne et en Colombie. De quoi conclure que la France nourrit une appréhension face à cette technologie. La destruction probable d’emploi qu’elle pourrait entraîner inquiète 43% des répondants français, tandis que les autres répondants internationaux sont environ 30% à entretenir cette peur.  

…sans s’intéresser aux formations pour autant 

 

Ces forts écarts sont causés par des différences culturelles. La sécurité de l’emploi est plus faible en Colombie, où beaucoup plus de travailleurs sont indépendants. Ceux-ci ont dû vite s’adapter à l’arrivée de l’IA. Les Français se reposent plus sur les pouvoirs publics, notamment pour garantir leurs droits. Les étudiants français sont 47% à préconiser prioritairement des mesures réglementaires pour s’adapter au marché du travail, le taux le plus haut parmi les quatre pays. Peu d’entre eux (38%) considèrent l’intégration de l’IA dans les cursus comme une priorité, contrairement à 73% des étudiants colombiens. 

 

Des statistiques variant selon les secteurs 

 

Derrière ce parallèle intriguant, entre une grande appréhension française et un manque de curiosité pour obtenir les compétences manquantes, se cache un écart selon les secteurs d’études. Les profils scientifiques français, tels que les futurs ingénieurs et architectes, sont 56% à être enthousiastes pour l’apprentissage de l’IA, bien au-dessus de la moyenne de 49%. “On est un pays d’ingénieurs, nombre des talents de la Silicon Valley sont des ingénieurs français. En France, on sait former, le problème est vraiment le marché ”, déplore Fabrice Frossard, enseignant à l’école de Guerre Économique. Cependant, aucun écart n’a été constaté entre les hommes et les femmes. Aucune différence entre les étudiants les plus vieux et les plus jeunes n’a été rapportée également, mettant fin au mythe, déjà contredit par la recherche, du natif d’Internet, c’est-à-dire que les générations ayant grandi avec le numérique en maîtriseraient facilement les usages.