Bertrand et Didier Fredenucci ont cumulé leurs compétences et expériences pour créer BtwinZ, un start-up studio spécialisé dans les logiciels en SaaS. Focus sur ces frères qui privilégient le temps de la décision dans un secteur où tout va toujours plus vite.
Impossible de connaître leur âge. Seule certitude, ils ne sont pas jumeaux, bien que le nom de leur start-up insinue le contraire. Bertrand et Didier Fredenucci ont fondé en août 2013 BtwinZ (« be twins » qui signifie « être des jumeaux »). Basé sur le même modèle que le Français eFounders ou l’Allemand Rocket Internet, des start-up studios, ce « pousseur de business » a déjà fait naître huit entreprises. Concrètement, BtwinZ identifie une technologie innovante, uniquement dans le domaine du SaaS, et y apporte une équipe, des moyens financiers ainsi que des compétences (recherche de financement, démarche commerciale, stratégie de croissance…). « On rencontre des candidats entrepreneurs pour diriger les sociétés que l’on souhaite créer puis on s’associe comme cofondateurs. On est en quelque sorte un grand groupe moderne », explique Bertrand Fredenucci, polytechnicien de formation. Les deux frères passent 80% de leur temps à développer les jeunes pousses et 20% à chercher de nouveaux business. « Nous n’avons pas de siège social sinon cela viendrait alourdir l’organisation. Et c’est du temps en moins qu’on passe à aider les entreprises », raconte le jeune homme.
BtwinZ prend son temps
Alors qu’une start-up se caractérise par des levées de fonds et des perspectives internationales précoces, les frères Fredenucci, eux, privilégient les réflexions sur le long terme et la prudence. Leur démarche correspond bien aux questions qui apparaissent autour la survalorisation des fameuses licornes, ces start-up qui valent plus d’1 milliard de dollar. Les deux hommes ont choisi d’établir des stratégies sur quatre ou cinq ans, une façon pour eux d’assurer à leurs associés qu’ils auront le temps de faire les choses dans l’ordre et à leur manière. « Notre but est d’avoir des sociétés stables sans mettre en place des processus destructifs. On n’est pas du genre à pousser la machine », soutient Bertrand. Du temps, il en faut aussi pour lever des fonds selon les Fredenucci. Ils conseillent souvent à leurs associés de ne pas se précipiter vers des investisseurs. « Un des problèmes des start-up c’est qu’elle cherche à lever des fonds trop tôt alors qu’elles ne sont pas prêtes. Et quand elles sont prêtes, elles ne le font pas ». Pour combler le besoin de cash, BtwinZ finance ses sociétés avec les bénéfices des plus rentables. « On est un peu leur assurance-vie », souligne le serial entrepreneur.
Autre source de revenus : l’ouverture de filiales. BtwinZ crée de toute pièce le bureau français d’une entreprise étrangère. Pour le moment, elle en a ouvert deux dans l’hexagone : Facelift, une entreprise allemande qui édite une plateforme SaaS multi-réseaux de marketing et yReceipts, une jeune pousse anglaise spécialisée dans la capture de données clients en magasin via le ticket de caisse. Dans quelques années, le start-up studio revendra ses filiales à leurs maisons-mères respectives.
« Consolider la France tout en effectuant un préchauffage des pays »
BtwinZ cherche aussi à internationaliser ses propres pépites françaises…mais toujours avec circonspection. « Il faut d’abord consolider la France tout en effectuant un préchauffage des pays. L’international est une action de long terme. Il faut prendre le temps car chaque marché est différent », insiste le cofondateur. Deux d’entre-elles se sont exportées : Quanta, une plateforme dédiée à l’analyse et l’optimisation de la performance des sites e-commerce – qui vient d’annoncer un tour de table de 740 000 euros auprès de BtwinZ, Kima et de business angels – ou encore Merchandising.io, une application d’analyse qui traduit des données brutes en reporting interactif.
Ces choix stratégiques ont permis à BtwinZ d’enregistrer un chiffre d’affaires cumulé de 2 millions d’euros en 2015. Avec ses huit sociétés, elle revendique 200 clients. Mais elle ne se fixe pas d’objectif précis « car ça tue la croissance ». La jeune société a aussi levé 10 millions d’euros en début d’année auprès du fonds d’investissement Crescendo industries. Une opération destinée à pérenniser l’activité de ses start-up. Patience et longueur de temps.