Le Conseil de l’innovation a été lancé ce mercredi 18 juillet avec l’ambition d’aiguiller les politiques publiques sur les technologies de ruptures et de piloter le Fonds pour l’innovation et l’industrie. Ses deux premiers chantiers : l’amélioration des diagnostics médicaux par l’intelligence artificielle et la manière de sécuriser, certifier et fiabiliser les systèmes qui ont recours à cette technologie.
C’est à l’issue de la visite des laboratoires de la société Cellectis, spécialisée dans le développement d’immunothérapies, que le Conseil de l’innovation (1) a été créé ce mercredi 18 juillet avec pour mission de piloter le Fonds pour l’innovation et l’industrie (2) et d’assurer la cohérence des politiques publiques d’innovation. Co-présidé par Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des Finances, et Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, ce nouvel organe affiche ainsi sa volonté de promouvoir l’essor de l’intelligence artificielle (IA), en particulier dans le secteur de la santé.
La priorité de ce Conseil est de soutenir les technologies de rupture par le financement de « grands défis » sur des sujets sociétaux, à hauteur de 150 millions d’euros. Les deux premiers chantiers annoncés par les ministres concerneront l’amélioration des diagnostics médicaux par l’intelligence artificielle et la manière de sécuriser, certifier et fiabiliser les systèmes qui y ont recours. Une manière de faire suite aux annonces du Président et au rapport Villani. Dès la fin de l’année, les membres suivront les projets dans ce domaine et ce pendant trois ans. Entre trois et cinq nouveaux défis seront lancés chaque année, à l’occasion des réunions du Conseil de l’innovation. « Nous voulons que ce Conseil suive une logique similaire à celle de la Darpa, aux États-Unis », confie une source gouvernementale.
Un objectif : doubler la création annuelle de start-up deep tech
Le deuxième levier du Conseil pour encourager l’innovation consistera au renforcement des aides de Bpifrance dans le cadre du plan deep tech avec une volonté de doubler la création annuelle de start-up spécialisées dans ce domaine. Une enveloppe de 70 millions d’euros de financements nouveaux sera accordée (45 millions d’euros destinés aux prêts pour les projets de R&D, 15 millions d’euros pour renforcer la dotation du concours i-Lab et 10 millions d’euros pour les bourses). « Le Fonds French Tech seed, doté de 400 millions d’euros, viendra renforcer la capacité publique à financer les projets de deep tech en phase d’amorçage », rappellent les deux ministres.
Le sujet des deep tech est également définie comme une priorité du secteur privé par le pôle de compétitivité Systematic Paris-Région, qui en a fait l’un de ses enjeux pour la période 2018-2022. « C’est dans ce secteur que l’Europe a une carte à jouer, les deep tech sont des sources de différenciation à l’international et de forts leviers de compétitivité industrielle. Nous voulons contribuer à faire émerger des champions de l’innovation numérique », assure Jean-Luc Beylat, son président.
A l’occasion de cette inauguration, Jacques Lewiner, directeur scientifique de l’ESPCI, et Julien Dubertret, inspecteur général des finances, ont remis officiellement le rapport sur les aides à l’innovation, publié en mars dernier. Celui-ci préconisait entre autres d’alléger la réglementation, de renforcer le financement de certains secteurs et de clarifier le paysage – trop complexe – des aides allouées. « Nous n’avons pas opéré de baisse des aides aux entreprises, il était plus cohérent de maintenir le soutien à l’innovation, indique le cabinet du Ministre de l’Économie. Le Fonds pour l’innovation et l’industrie s’ajoute certes aux dispositifs déjà en place mais on ne pouvait pas supprimer des outils auxquels les gens sont habitués. La mise en place progressive du concept de guichet unique à Bpifrance simplifiera à termes l’offre proposée. » Dans sa feuille de route, le Conseil de l’innovation devra simplifier les dispositifs d’aides et les articuler avec ceux disponibles à l’échelle européenne. Car l’innovation est aussi une priorité de l’UE. La Commission européenne a voté une augmentation de 53% des ressources octroyées à ce sujet dans le cadre du programme Horizon 2020 et prévoit de mettre en place un Conseil dédié, lui aussi chargé de piloter ce sujet.
(1) Co-présidé par Bruno Le Maire et Frédérique Vidal, le Conseil comprend également le Secrétariat général pour l’investissement (SGPI), quatre ministères, les présidents de Bpifrance et de l’Agence nationale de la recherche (ANR), ainsi que six personnalités choisies en fonction de leurs expertise, à savoir Benoît Potier, PDG d’Air Liquide ; Isabelle Ryl, DG aux transferts et aux partenariats industriels à l’Inria ; Eric Carreel, fondateur de la start-up Withings ; Isabelle de Crémoux, présidente du directoire de Seventure partners ; Jean-Michel Dalle, économiste et DG de l’incubateur Agoranov, et Marie Meynadier, chercheuse et DG d’Eos Imaging.
(2) Créé le 15 janvier 2018, le Fonds est doté de 10 milliards d’euros issus de cessions d’actifs d’Engie et de Renault et à des apports en titres d’EDF et de Thalès. Le rendement de ce fonds doit générer 250 millions d’euros, dont 150 millions d’euros seront destinés à financer les « grands défis », 70 millions d’euros au plan deep tech, 25 millions d’euros au plan Nano 2022 et 5 millions d’euros devant encore être attribués à un projet.