L’IA, miroir déformant de nos luttes 

 

[HUMEUR] Paris accueillait cette semaine le Sommet pour l’action sur l’intelligence artificielle. Derrière les discours grandiloquents sur une IA « éthique », « responsable », et – soyons fous – « au service de l’humanité », une foule de militants s’est rassemblée pour rappeler une évidence : les décisions sur l’avenir numérique du monde ne peuvent pas être prises en catimini par quelques États et multinationales. 

Face aux grands noms de la tech et aux ministres en costume, des associations comme La Quadrature du Net dénoncent un énième exercice d’enfumage. « Rien ne sert de verdir un algorithme si c’est pour exploiter toujours plus de données personnelles », martèlent-ils. Les régulations promises, souvent floues et tardives, ne font qu’acter l’existant, laissant aux géants de l’IA le champ libre pour imposer leur vision du progrès. Un progrès qui, dénoncent les militants, rime toujours avec concentration des pouvoirs et surveillance généralisée. 

Alors que le sommet débat doctement des « risques existentiels » posés par l’IA (jusqu’à la fin du monde, rien que ça !), les manifestants, eux, rappellent les dangers bien réels : travailleurs ubérisés, reconnaissance faciale, contrôle social, et cette dépendance croissante aux décisions algorithmiques. 

La Quadrature du Net parle d’une « quadrature du cercle » démocratique : comment espérer une régulation sincère quand ceux qui rédigent les règles sont aussi ceux qui en tirent profit ? En face, les promoteurs du sommet assurent que des garde-fous existent. Mais l’histoire récente montre qu’ils tiennent souvent plus du décor que de la véritable barrière. 

En attendant, la rue gronde et les algorithmes tournent. Les débats s’éternisent et les brevets s’empilent. Qui remportera la partie ? Ceux qui codent les règles ou ceux qui les subissent ?