L’IOT Valley passe à la vitesse supérieure

Dans le sillage de Sigfox, la TIC Vallée, renommée IOT Valley au printemps dernier, met un coup d’accélérateur avec le lancement de son « Connected Camp », qui a été inauguré le 3 février dernier. L’ambition est de se positionner comme l’écosystème de référence pour les applications B to B des objets connectés.

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Les 5 000 mètres carrés inaugurés à Labège en 2012 affichent déjà complet ! © IOT Valley

A l’origine, une initiative d’entrepreneurs pour des entrepreneurs ! Plusieurs chefs d’entreprise du numérique, dont Ludovic Le Moan, fondateur de la très médiatique start-up française Sigfox, qui se positionne, aujourd’hui, comme « l’opérateur français de référence de l’Internet des objets », grâce au développement d’une technologie de connectivité cellulaire à bas débit, décident de s’associer, pour créer ensemble un lieu propice à l’épanouissement de start-up. C’est la création, en décembre 2011, de la TIC Vallée. En moins de cinq ans, la dynamique est lancée. La communauté d’entreprises s’installe dans un bâtiment de 5 000 mètres carrés, au cœur du parc d’activités de Labège-Innopole, dans le Sud-Est de l’agglomération toulousaine. Renommée en mai dernier IOT Valley, « pour gagner en visibilité », souligne son président Ludovic Le Moan, l’association regroupe une trentaine de sociétés, dont plus d’une dizaine directement impliquée dans l’Internet des objets. Un peu plus de 300 emplois créés sur Labège en moins de cinq ans ! « Globalement, et sans compter la dynamique propre à Sigfox, les adhérents de l’IOT Valley enregistrent une progression moyenne de 25 % par an de leur chiffre d’affaires et de 27 % de leurs effectifs », précise Marion Fontana, en charge de la communication de l’IOT Valley et de ses relations avec les écoles et universités.

Une dynamique boostée par Sigfox

A elle seule, Sigfox, avec ses 140 emplois, dont une centaine au siège de Labège, dynamite ces statistiques. Un rien provocateur et toujours plein d’humour, son PDG multiplie les déclarations fracassantes. Son ambition : ajouter un « S » aux Gafa (Google, Apple, Facebook, Amazon), pour Sigfox. Rien que ça ! Créée en 2009, la start-up s’est engagée dans une course contre la montre pour imposer sa technologie à l’échelle internationale. A coup de levées de fonds (100 millions d’euros levés en février 2015), elle cherche à mailler la planète. Déjà opérationnelle en France, en Espagne, au Royaume-Uni, aux Pays-Bas, au Portugal, en Belgique, au Danemark, au Luxembourg, en République tchèque, Sigfox fait son entrée en Italie et… aux Etats-Unis, où elle compte se déployer dans une dizaine de villes majeures d’ici à la mi-2016. « Nous devons aller très vite », ne cesse de rappeler Ludovic Le Moan. La société multiplie les partenariats et revendique plus d’un million de produits connectés via son réseau, autour de produits référencés « Sigfox Ready » : des détecteurs de fumée, des systèmes d’alarme, des solutions de pilotage d’énergie…

Accélérer : c’est aussi l’ambition de l’IOT Valley et de ses adhérents, dont certains ScreenHunter_309 Apr. 21 11.06 ont le vent en poupe. C’est le cas d’Axible Technologies. La société commercialise des solutions d’accès connectés aux bâtiments, pour le marché des professionnels, mais aussi pour le grand public, via une application connectée à la box Internet de la maison (Axibox). Elle vient d’ouvrir son capital à la société d’ingénierie Astek (filiale de Robinson Technologies) pour accélérer son développement à l’international. On peut aussi citer Connit et ses compteurs intelligents pour du suivi détaillé de consommations d’eau ou d’électricité, ou les solutions d’affichage connectées de CityMeo, qui ont séduit des poids lourds de la grande distribution, dont Auchan, Carrefour ou Leclerc. Ubleam propose, quant à elle, des logos intelligents, appelés bleam. Imprimables sur tous produits, ces tags 3D permettent d’accéder depuis un smartphone ou une tablette à des contenus personnalisés. Après des premiers pas dans le marketing, Ubleam élargit ses champs d’applications à la maintenance industrielle, via un partenariat avec Spie Sud-Ouest. Une solution est en cours d’évaluation à la SNCF, dans l’un de ses centres de maintenance du Sud de la France. C’est aussi auprès de la SNCF qu’Intesens a trouvé des débouchés pour ses réseaux de capteurs sans fil. Plusieurs projets sont en phase d’industrialisation pour surveiller la tension des caténaires ou détecter sur les rails des anomalies telles qu’une surchauffe ou des vibrations trop élevées. La start-up vient de lever 800 000 euros. 

Dès sa création, l’IOT Valley a mis en place un programme d’accompagnement à la création d’entreprises (Le Camping). Sur cinq sessions de six mois chacune, entre 6 et 7 projets en ont bénéficié. Dorénavant, avec son nouvel accélérateur de startup, le Connected Camp, l’IOT Valley prévoit de muscler cet accompagnement, en sélectionnant des projets plus avancés, qui ont déjà fait la preuve de concept, tous ciblés Internet des Objets. « L’idée est d’accompagner le passage du prototypage aux premières phases d’industrialisation et de mise sur le marché, avec à la clé des contrats en B to B, grâce à un réseau de partenaires », souligne Marion Fontana.

Intel, EBV, AG2R La Mondiale, SNCF et Sigfox soutiennent l’initiative pour un premier budget de 500 000 euros. Outre le réseau d’experts mis à leur disposition par l’IOT Valley et les contacts privilégiés avec les partenaires, l’accélérateur dispose de 350 mètres carrés de locaux, dotés de matériels électroniques et de moyens technologiques nécessaires à l’industrialisation des projets. Neuf premiers projets ont pu démarrer une première session de neuf mois, en janvier 2016.

La SNCF implante un « 574 »

C’est dans cette dynamique locale, et forte de ses premiers partenariats engagés avec Ubleam ou Intesens, que la SNCF, dans le cadre de sa nouvelle stratégie nationale de développement digital, a annoncé, l’implantation au cœur même de l’IOT Valley, d’un espace « 574 ». Référence au record de vitesse sur rail (574 km/h), plusieurs 574 doivent être créés par l’entreprise publique à Paris, Lyon, Nantes ou Labège.

Dédiés à l’innovation connectée, ces lieux d’animation, très ouverts à la culture start-up, accueilleront les équipes de la SNCF impliquées dans des projets de R&D collaboratifs. « Mais celui de Labège sera le seul à être fléché Internet des objets », précise Frédéric Burtz, directeur Technologie et Innovation à la SNCF. La SNCF compte aussi faire de la future grande région Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées un territoire d’expérimentations, que ce soit au niveau des gares, des infrastructures ferroviaires ou des centres de maintenance, pour déployer des solutions innovantes intégrant de l’Internet des objets.

Entre la croissance galopante de Sigfox, le choix de nombreuses startup de rester dans l’environnement de l’IOT Valley et cette nouvelle implantation de la SNCF, les 5 000 mètres carrés de locaux inaugurés en 2012, affichent complet. Pour poursuivre sa route, l’IOT Valley a besoin de nouvelles surfaces. Sigfox devrait doubler ses effectifs dans les prochains mois, les autres adhérents recrutent à tour de bras et Ludovic Le Moan voit grand, très grand… Il rêve d’un grand campus, entièrement dédié à l’IOT Valley. 

Pour répondre à la demande, le Sicoval vient d’acquérir 12,5 hectares de terrain, libérés par Sanofi, en plein cœur de son parc d’activités de Labège-Innopole. L’objectif est d’y développer un Village numérique. Sigfox est en pourparlers pour implanter son nouveau siège social et l’IOT Valley négocie son extension. « Nous réfléchissons aussi à l’implantation d’une pépinière d’entreprises », précise Amaury Mourcou, directeur du développement économique de la communauté d’agglomération. Sans attendre la concrétisation de ce nouveau Village numérique, dont la première tranche pourrait sortir de terre dès la fin de l’année 2016, une solution provisoire qui devrait permettre, dès le premier trimestre 2016, d’offrir 1 000 mètres carrés supplémentaires à l’IOT Valley.

Christophe-Bechu_IOT-Valley-article L’avis de… Christophe Béchu, maire (LR) d’Angers et président d’Angers Loire Métropole, partenaire de la Cité de l’objet connecté

« Les perspectives de marché sont énormes. Rappelons que l’on parle de 80 milliards d’objets connectés à l’horizon de 2020. La vraie concurrence ne se joue pas entre Angers et Toulouse, voire entre Angers et l’IOT Valley de Labège, mais entre la France, voire l’Europe, et le reste du monde. La priorité est de savoir si nos territoires sont en capacité d’accompagner des start-up françaises pour les amener à devenir des acteurs qui pèsent sur le marché mondial. Je pense qu’il y a largement la place en France pour plusieurs territoires. Nous avons à Angers, avec la Cité de l’objet connecté, un lieu unique et collaboratif, qui réunit tous les moyens industriels et techniques, et les équipes qui vont avec, pour la conception et l’industrialisation d’objets connectés. C’est ce qui fait notre plus-value. Nous avons maintenant des passerelles à construire avec des initiatives telles que celle de l’IOT Valley de Labège. Nous sommes déjà allés à la rencontre de ses adhérents et nous réfléchissons très concrètement à la mise en œuvre de partenariats. »

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