Côté définition, les auteurs ratissent large. Pour eux, les big data « consistent en des traitements réalisés à très grande échelle, donnant des résultats qui ne pourraient être obtenus à une moindre échelle et qui permettent des découvertes, créent de nouvelles formes de valeur propres à changer les marchés, les organisations, les relations entre les citoyens et les gouvernements et plus encore. »
Bref, si l’on en doutait encore, il est clair que l’impact attendu de ce mode de traitement de l’information est absolument immense. Pour ne pas dire sans limite.
L’ouvrage montre en effet que le passage du traitement d’un nombre de données restreint à celui d’une quantité de données astronomique ne constitue pas un simple changement d’échelle mais en réalité un changement de paradigme. « More is different », écrivent-ils. Davantage de données, c’est tout autre chose.
La précision superflue
Le livre souligne en particulier que l’analyse de grandes quantités de données a pour effet de mettre en évidence des phénomènes inattendus. Autrement dit, les big data permettent – dans absolument tous les secteurs – de découvrir des corrélations parfaitement inattendues. De décrire « ce qui se passe », le what, mais sans toutefois donner des informations sur le « pourquoi ça se passe », le why.
A vrai dire, les statistiques nous ont habitués à ce processus, la mise en évidence de corrélations, mais sans explications. Avec les big data, le phénomène prend une toute nouvelle ampleur, il n’y a même plus besoin d’analyse statistique. Rapprocher les données suffit.
Lorsque l’on sait les interprétations douteuses auxquelles conduisent souvent les corrélations mises à jour par les statisticiens, on est en droit de s’inquiéter quelque peu. Ce que ne manquent pas de faire les auteurs dans le chapitre qu’ils consacrent aux risques de dérives, bien réels, susceptibles de résulter de cette technique.
Autre fait mis en évidence, l’évolution dans la manière de considérer les données fournies par les big data. Hier, disposer de données exactes était un impératif. Avec le changement d’échelle, la précision devient superflue. L’immensité des volumes des données traitées permet en quelque sorte de compenser leur inexactitude. L’imprécision n’est plus rédhibitoire.
Riche en exemples, le livre remplit bien la mission que se sont fixés ses auteurs : faire découvrir à un public de non-spécialistes l’importance considérable du phénomène, le rôle de plus en plus crucial que jouent les données et, surtout, le formidable atout dont jouissent ceux qui en disposent.
Big Data : A Revolution That Will Transform
How We Live, Work, and Think,
par Viktor Mayer-Schonberger et Kenneth Cukier
(en anglais).
Ed. Houghton Mifflin Harcourt, mars 2013. 240 p., 20 €.
Cet article est extrait du n°5 d’Alliancy, le mag – Découvrir l’intégralité du magazine